Volunteers and firefighters combat the fires that went out of control during the burning of forests and pastures for agricultural purposes around the touristic small town of Rurrunabaque, Beni Department, Bolivia, on October 26, 2023. The dense smoke that affects Bolivia's main cities is due to the burning of forests and pastures, a common practice that usually starts in the middle of the year. The aim is to expand the agricultural frontier, even though the government says it is prohibited by law. (Photo by CRISTIAN CASTRO / AFP)

Leur maison brûle et nous regardons ailleurs

Mercredi dernier, l’activiste écologiste Camille Etienne relayait sur son compte Instagram l’appel à l’aide de Romain Jaunay, français engagé pour Ambue Ari, une organisation de protection de la faune sauvage en Bolivie. Les images sont impressionnantes et choquantes. Pourtant nous avons eu du mal à rédiger cet article tant le sujet est peu traité en France par les médias.

Depuis plusieurs années, sur la période de juillet à décembre, la Bolivie subit une déferlante de feux que l’on qualifie maintenant de “saison des incendies”. Cette année, ce sont déjà près de 4 millions d’hectares qui sont partis en fumée, ce qui a poussé le gouvernement bolivien à finalement décréter l’État d’Urgence. L’exemple de la Bolivie est assez démonstratif de l’impact de l’Homme sur le changement climatique et sur les conséquences désastreuses que cela a sur des pays entiers.

Un pays sans accès direct à l’eau

Pour commencer, il est important de souligner que la Bolivie est un pays à la géographie particulière car c’est l’unique pays d’Amérique du Sud à ne pas avoir de façade maritime ni de fleuve qui le traverse. Depuis plusieurs années déjà l’accès à l’eau des boliviens est un enjeu majeur et est source de tensions avec ses voisins.

L’agriculture intensive comme modèle de développement

Le pays accueille une parcelle non négligeable de l’Amazonie, et comme son voisin brésilien est un acteur majeur de la déforestation. 

Les gouvernements ont fait le choix depuis plusieurs années de miser sur les exportations de soja et de viande et le développement des agro-carburants pour assurer son développement économique. Depuis 2015 la déforestation a explosé et ne cesse d’augmenter chaque année. En 2023 ce ne sont pas moins d’un demi million d’hectares de forêt primaire qui ont disparu.

Pourquoi cette année, les incendies sont encore plus critiques ? Il y a d’une part l’intensification du courant El Niño, et d’autre part les conséquences directes du changement climatique (voir l’étude parue en 2024 dans Nature). Ainsi, le pays fait face à une sécheresse historique : il n’a quasiment pas plu depuis un an. 

Malgré des conditions climatiques critiques, il n’y a pas réellement de plan de lutte contre le départ et la propagation d’incendie mis en place par le gouvernement. 

Pour pouvoir augmenter les rendements agricoles, de nombreux boliviens pratiquent le “chaqueo”, c’est-à-dire la mise à feu des parcelles. Cela a des conséquences dramatiques car les feux deviennent régulièrement incontrôlables. 

Le gouvernement a fini par réagir en ce mois de septembre en déclarant l’urgence nationale pour faciliter l’aide internationale mais l’opposition déplore l’absence de mesure structurelle durable pour endiguer ces pratiques. La Bolivie s’est d’ailleurs fait remarquer comme étant le mauvais élèves au sommet pour l’Amazonie à Bélem (Brésil) en août 2023 en s’opposant aux objectifs chiffrés de réduction de la déforestation. Ces mesures ont pourtant été acceptées par la Colombie et le Brésil.

Un nouveau modèle de développement à promouvoir ?

En plus de la perte de biodiversité et de la destruction de puits de carbone, les incendies causent de graves problèmes de santé publique. De nombreuses villes se retrouvent asphyxiées par les fumées et les cendres ce qui augmente drastiquement le nombre de pathologies respiratoires. De plus, les particules rejetées lors des incendies participent à un assèchement de l’atmosphère et diminuent la durée et l’intensité de la saison des pluies.

Le cas bolivien est un cas d’école de développement non durable, de la recherche de profit rapide au détriment du temps longs et des générations futures. Toutefois nous devons faire preuve d’humilité dans nos constats : la Bolivie ne souhaitant rien d’autre que de suivre le modèle de développement qui a fait des Occidentaux les peuples les plus riches au monde.

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