Il est encourageant de voir que les questions environnementales sont devenues beaucoup plus communes dans les médias de notre pays.
Il y a toutefois une sérieuse ombre au tableau : les principaux ensembles de problématiques sont loin d’avoir le même poids médiatique. En effet, si les questions d’émissions de carbone et de dérèglement climatique ont vu leur représentation médiatique exploser ces dernières années, les questions de biodiversité restent globalement boudées. C’est pourtant un sujet d’une importance cruciale sur bien des aspects.
Biodiversité : de quoi s'agit-il ?
Comme pour toute chose, il est préférable de commencer par définir ce dont nous allons parler. Mais définir la biodiversité n’est pas une tâche si aisée, en raison de la multitude de définitions sérieuses différentes. Celle qui fait, en général dans le monde biologiste, le plus consensus est celle de Lebreton de 1998 : “quantité et qualité de l’information contenue dans tout biosystème, de l’ADN aux paysages en passant par les espèces, les peuplements et les écosystèmes”.
Vous l’aurez compris, la biodiversité est étudiée sous toutes ses formes, qui sont très diverses et variées.
Pour y voir plus clair, les écologistes ont collectivement décidé de se concentrer sur trois niveaux de biodiversité, plus pertinents que les autres : génétique, taxonomique et écosystémique. Il s’agit respectivement de la diversité et de la distribution de l’information génétique (gènes, allèles…), des taxons (espèces, genres…) et des écosystèmes (habitats, niches écologiques…).
Il existe également de nombreux aspects plus secondaires très étudiés : biodiversité paysagère, morpho-anatomique, saisonnière, etc.
Une richesse fragile
La biodiversité est régie par différentes forces et liens d’influences. Qu’il s’agisse des réseaux trophiques (chaînes alimentaires), des relations de parasitisme ou de symbiose, chaque population d’être vivant dépend de populations d’autres êtres vivants. C’est un maillage très dense et complexe dans lequel tous les liens n’ont pas la même importance.
En effet, il est possible d’altérer un écosystème, de le perturber, sans mettre en danger son existence. Mais c’est un jeu très dangereux, un genre de roulette russe. Car si vous coupez le mauvais fil, c’est tout l’écosystème qui s’effondre comme un château de carte avant même que vous ayez pu vous en apercevoir. Cela demande donc une grande connaissance de chaque écosystème, et nous en sommes encore loin.
La biodiversité : un enjeu capital
Certains impacts de la biodiversité sur nos vies sont évidents. Nos ressources alimentaires reposent (directement ou indirectement) sur une biodiversité riche. La pêche en est un exemple très parlant. 3,3 milliards d’êtres humains ont pour source de protéine animal principale le poisson. Ils dépendent tous directement de la pêche, et donc d’une biodiversité marine stable. La perte de biodiversité marine est donc un problème de ressources alimentaires pour de nombreux pays.
L’alimentation n’est pas le seul enjeu humain autour de la biodiversité : c’est également un problème de santé publique. En effet, la baisse globale de biodiversité affecte également les pathogènes. Les virus et les bactéries sont aussi concernés par les extinctions. Or, ces disparitions sont une aubaine pour d’autres espèces, qui voient le champ de bataille débarrassé de la concurrence. Ils peuvent alors se reproduire et coloniser plus d’organismes que d’ordinaire. Ajoutons à cela la prolifération d’espèces vectrices de maladies et nous obtenons le terreau fertile pour de grandes pandémies.
On pourrait citer encore beaucoup de domaines affectés par la baisse de biodiversité (culture, santé mentale, climat, etc).
Contentons-nous de conclure que nous dépendons beaucoup de notre environnement, duquel nous tirons toutes les ressources qui font vivre nos civilisations. Nous devons protéger la biodiversité pour la simple et bonne raison que nous en faisons partie. Si nous ne la protégeons pas pour la beauté du geste ou simplement parce que c’est juste, protégeons la au moins pour nous et notre postérité.