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Arthur d’Equinoxe nous explique son engagement

Je m’appelle Arthur Nestier, j’ai 25 ans, je suis Géographe-Urbaniste de formation, et je suis aujourd’hui candidat aux élections législatives pour porter la voix d’une écologie pragmatique et d’un véritable renouveau démocratique.

Mon parcours est somme toute assez classique, j’ai commencé les études par une licence de géographie (que j’ai terminé, contrairement au principal candidat du Rassemblement National), avant de poursuivre avec un master en urbanisme et aménagement.

Comme de nombreux de nos concitoyens, et certainement comme vous aussi, je ne me suis jamais vraiment senti représenté dans la classe politique actuelle. Ces dernières années nos représentants ont continuellement abandonné, de part et d’autre de l’échiquier politique, certains sujets, certaines valeurs et certaines préoccupations (exprimées par les français de manière tout à fait légitimes) au profit de calculs politiciens et de postures clivantes, ne faisant que renforcer la défiance et les ressentiments entre différents pans de la population qui aujourd’hui ne se parlent plus.

Nous assistons continuellement dans le débat public à la dictature des sondages qui conditionne les intentions de vote et qui par la suite conditionnent le temps de parole alloué à chaque candidat dans les différents médias. Ce type de fonctionnement laisse place au sensationnalisme plutôt qu’au rationalisme. On soutient aujourd’hui un candidat plus pour sa gueule, sa prestance et sa popularité sur les réseaux sociaux que pour ses idées et ses propositions. On s’attache en permanence à une étiquette politique, quitte à renier certains constats et certaines problématiques qui, parce qu’elles sont traitées en priorité par le camp opposé ne nous paraissent pas importante ou sont niées par une bonne partie de la classe politique. C’est ce genre de posture qui prive aujourd’hui tous les partis traditionnels d’une véritable capacité de rassemblement et d’adhésion.

Nous l’avons vu en regardent le débat entre Bardella, Attal et Bompard : on a bien identifié le mépris pour des approches politiques rationnelles en reléguant la transition écologique à seulement 10% des 1h40 de débat, tout en ayant simplifié de manière outrancière ce sujet aux voitures électriques et aux centrales nucléaires.

Par ailleurs, on voit aujourd’hui que le vote d’adhésion et de soutien est minoritaire partout, au détriment du vote de barrage qui pèse d’ailleurs plus sur le Front Populaire et Renaissance que sur le Rassemblement National.

70% des français ne se sentent pas représentés par les politiques actuels

Comment en est-on arrivé là ? Est-ce vraiment cela que nous voulons pour notre démocratie ?

Il est urgent de se réveiller. Urgent de proposer une nouvelle voix face à cette soupe politico-médiatique qu’on nous sert à chaque élection avec un supplément barrage.

Il est urgent de remettre la science et les faits au cœur des débats pour poser des constats, formuler des aspirations et des propositions cohérentes en phase avec les problématiques soulevées par ces constats.

C’est la raison d’exister d’Équinoxe et c’est ce que nous nous efforçons de faire sur absolument tous les sujets. Une de nos premières mesures serait d’adopter le jugement majoritaire comme méthode de vote. Les électeurs attribueraient une mention à chaque candidat tout en pouvant attribuer la même mention à plusieurs des candidats. Cela permettrait d’élire nos représentants d’une manière beaucoup plus consensuelle tout en permettant à chaque électeur de considérer davantage les propositions avancées par chacun des candidats individuellement.

Nous appliquons déjà ce mode de scrutin à l’intérieur de notre parti pour prendre des décisions et valider le programme que nous voulons mettre en avant et c’est de cette manière que nos adhérents ont décidé de présenter des candidats aux législatives.

Alors si vous souhaitez changer les choses, que nos idées vous parlent, n’hésitez pas à venir nous rejoindre ou à nous soutenir sur https://parti-equinoxe.fr/ L’avenir crois en nous, alors engagez-vous ! 

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Le débit internet n’a jamais été aussi fort, mais à quel prix ?

Il n’y a pas si longtemps, le débit internet à la campagne était de quelques méga octets par seconde. Aujourd’hui, la fibre se déploie de manière tentaculaire et permettra bientôt aux Français les plus reculés d’atteindre des débits de plusieurs centaines de mégaoctets par seconde. Nous sommes désormais capables de télécharger des sagas entières le temps de faire un thé.

Malgré mon jeune âge j’ai été témoin de ce changement. Je fais partie de ceux qui mettaient un week-end à télécharger un jeu vidéo, et lorsque ma mère a installé la fibre, mon expérience a été profondément modifiée. Je pouvais alors tester des jeux de plusieurs dizaines de gigas, les désinstaller puis en installer de nouveaux, et ceci à l’infini. C’étaient alors des centaines de gigas qui venaient à moi en quelques dizaines de minutes. J’étais époustouflé, comme si j’étais devant un banquet de tous les mets du monde. En plus, la fibre optique est bien moins consommatrice d’électricité que les autres câbles en cuivre. Mais étrangement, ce sentiment d’accessibilité et de surpuissance me laissait un goût amer dans la bouche.

A la même période, j’étais plongé dans la mythologie nordique par God Of War. Assez tôt dans le jeu, nous faisons la rencontre de Mimir, le dieu de la sagesse qui permit à Odin de goûter à son puits de la sagesse et de l’intelligence (Mimisbrunn). En échange Odin a sacrifié un de son œil. Il devint alors le roi borgne, celui qui voit tout mais d’une seule perspective. Aujourd’hui je me rends compte que le goût amer que je ressentais était du doute. Cet accès rapide à l’information, à la culture n’a-t-il aucune contrepartie ? Vais-je garder mon œil ?

Le numérique, un secteur polluant en vogue

Loin d’être immatériel, le numérique représente aujourd’hui 4% des émissions mondiales de gaz à effets de serre et pourrait même représenter 8% en 2025. Le débit internet fait partie de la partie utilisation du numérique, soit 55% de la consommation énergétique (The Shift Project, 2019). Le découplage est-il possible ? Peut-on continuer de regarder des vidéos en streaming, de télécharger des fichiers et d’écouter de la musique (consommation) tout en réduisant notre empreinte sur la planète ? La technologie nous sauvera-t-elle ?

Rien n’est moins sûr. A l’image de la fibre optique, une nouvelle technologie de transfert de données qui remplace progressivement le câble en cuivre. Selon l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), la fibre est 4 fois moins énergivore que le cuivre. Mais il faut aussi prendre en compte le fait que le débit internet a considérablement augmenté. « Le monde est passé de 100 gigabits par seconde (Gb/s) circulant dans les réseaux informatiques en 2001 à 26 000 Gb/s en 2016 », explique Jean-Marc Pierson, chercheur en sciences informatiques au CNRS (citant Morley, Widdicks, Hazas, 2018).

Du côté des data centers c’est encore plus impressionnant. La quantité de données gérées évolue de manière exponentielle. Même si des travaux de recherche sont actuellement menés dans le but de baisser l’impact du numérique (un exemple ici), il faut bien l’avouer : non, en dernière analyse, la technologie ne nous sauvera pas. Le gain en énergie de la fibre est écrasé par le caractère de plus en plus énergivore du numérique. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond (pour un sujet plus précis concernant le numérique, voir cet article).

Le prix du numérique

Alors même que l’accessibilité à la connaissance s’est considérablement démocratisée, en France du moins, le prix à payer est fort. Le pire, c’est que personne n’annonce l’addition. Tellement ancré dans notre vie, le numérique est intouchable. La preuve, j’écris ces lignes sur un ordinateur connecté à internet et j’allumerai bientôt ma console pour lancer un Fifa. Dans le puits du numérique nous avons plongé, toujours plus avides d’immédiateté.

Cela me rappelle un mythe grec ; celui du supplice de Tantale. Ce dernier ayant défié les Dieux de l’Olympe fut enfermé dans le Tartare, le pire endroit du royaume d’Hadès. Sa pénitence est singulière puisqu’il se retrouve enfermé pour l’éternité dans un lieu rempli de fruits et où coule une eau des plus pures. Le hic, c’est que dès qu’il tente de décrocher un fruit, la branche s’écarte et quand il se baisse pour prendre de l’eau, celle-ci lui glisse des mains en une fraction de seconde. Il est donc condamné à ne pas pouvoir consommer ce qu’il veut le plus au monde, comme coincé à l’état de souffrance de Schopenhauer. Aujourd’hui, c’est l’inverse : une flopée de différentes envies est contentée quelques minutes. Mais est-ce vraiment une situation plus désirable ?

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Ecolo contre chemin de fer, ça commence à bien faire !

La LGV Lyon-Turin ou quand les « écolos » déraillent 

Disclaimer 

Mesdames et messieurs, chères lucioles, l’embarquement de notre train en destination de l’Absurdistan est bientôt terminé. Et les idéologues de s’empresser d’y faire monter les plus crédules. De monter au créneau contre la construction d’une ligne ferroviaire, qui doit relier Lyon à Turin. J’entends déjà les critiques venir : “Comment, vous qui vous dites lucides, vous osez défendre un projet industriel ? Vous osez critiquer les militants ? Vous osez critiquer la mobilisation des Soulèvements de la Terre ?” Avant de poursuivre, je pense que nous n’avons eu de cesse de vous témoigner de notre engagement écologique sincère. Mais toujours au nom d’une écologie qu’on s’efforce de rendre lucide. Et de lucidité certains en manquent. Surtout quand calcul politique et manipulation de bas étage s’en  mêlent. Sans oublier certains médias qui n’en sortent pas grandis… Mais lançons-nous. 

Aux origines de Lyon-Turin 

La Transalpine, ou liaison ferroviaire entre Lyon et Turin, est un projet de ligne de chemin de fer mixte voyageurs/fret à travers les Alpes. À l’origine la ligne est une idée de Louis Besson, maire de Chambéry dans les années 1980. Mais le projet stagne. Tout s’accélère à partir de 1999. Incendie du tunnel du mont Blanc, 39 morts. Le trafic routier est reporté sur la vallée de la Maurienne. Problème : 5000 camions défilent quotidiennement. Bonjour la pollution, et les axes de circulation saturés. Ce qui est assez mal vécu. Côté italien comme côté français, le projet commence à fédérer, collectivités territoriales, élus, et ministres (Michel Rocard par ex). Après enquête, le projet est déclaré d’utilité publique en 2013.

Ça donne quoi ? 

Le projet est très complexe, alors laissons parler les cartes. En vert et bleu, les plans des futures sections comparées aux lignes existantes en noir. 

L’intérêt écologique de Lyon-Turin 

La nouvelle liaison s’étendrait sur environ 270 km. La section française s’étend jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne (140 km), et la partie franco-italienne subventionnée en partie par l’UE. Cette dernière comprend notamment le tunnel de base du mont Cenis, long d’environ 60 km. La partie française de la ligne franchira notamment 8 tunnels et 6 viaducs. Le coût total du projet est estimé à une bonne vingtaine de milliards d’euros, dont un peu plus de 8 pour la partie franco-italienne. 

Certes me direz-vous, mais quel est l’intérêt écologique de cette ligne ? Premièrement, le temps de transport. La nouvelle liaison voyageurs à grande vitesse permettra de relier Lyon à Turin en 1 h 45 contre environ 4 h actuellement, et même Barcelone à Milan en 6 h 30 au lieu de plus de 12. Un argument de plus pour prendre le train, ce qui déchargerait par exemple la ligne Lyon-Grenoble (saturée) en dégageant des sillons bienvenus pour le trafic des TER.

Mais au-delà des voyageurs, l’énorme intérêt c’est le transport des marchandises bas carbone : plus de 50 millions de tonnes de marchandises pourraient être transportées par train. Aujourd’hui, environ 40 millions de tonnes de biens marchands s’échangent déjà entre la France et l’Italie, sauf que les flux ferroviaires ne représentent plus que 4 millions de tonnes, contre 11 auparavant. Les camions se taillent la part du L(y)on. Pourquoi cet effondrement ? La désindustrialisation, mais surtout la concurrence de la Suisse, qui a largement subventionné son rail. Et la concurrence ça fait du dégât. 

Du gaspillage, vraiment ? 

À en croire Mathilde Panot, Lyon-Turin, « c’est un projet écocidaire et de gaspillage de l’argent public ». Les arguments principaux contre la Transalpine les voici : 

Le projet serait un gouffre financier : parce qu’arrêter le projet ne serait pas un énorme gâchis ? Au contraire, les coûts ont pour l’instant globalement été maîtrisés, et sont assez cohérents avec ce qu’ont fait les Suisses à Saint Gothard. La Cour des comptes a même calculé une rentabilité de 4 %. 

On aurait d’autres options. Pour les opposants, la ligne existante qui passe par le tunnel de Fréjus serait largement suffisante. Problème : sa capacité journalière de 50 trains est insuffisante, loin des 120 qui pourraient transiter par le tunnel du mont Cenis. De plus, les fortes pentes du tunnel de Fréjus, ses virages serrés et sa hauteur, ses sections à moins de 30 km/h sont insuffisants pour accueillir des trains de 2000 tonnes. Autrement dit : le transport y est donc plus coûteux, donc bien moins compétitif que le transport en camion. 

Inutile et dangereux ? 

Le projet serait inutile faute de trafic suffisant, un trafic qui serait surestimé : Que l’on surestime ou sous estime le trafic, il y a forcément des incertitudes.  La ligne TGV Grand Est avait par ex largement dépassé les attentes, et côté suisse le trafic ferroviaire a plutôt bien  suivi les importants investissements consentis. Quoi qu’il en soit, se doter d’un rail compétitif est une condition indispensable à la relocalisation industrielle, face à la concurrence des ports mondialisés. 

Un projet qui assècherait la montagne :  Contrairement à ce que certains médias veulent laisser croire, la construction de la Transalpine ne va pas assécher la montagne (cc Reporterre !). Dans le passé, des milliers de kilomètres de tunnels ont déjà été creusés dans les Alpes, sans qu’on constate pour autant un assèchement. Sur 170 points de mesures, seuls 9 présentent des perturbations, mais on parle ici de légères diminutions de débit.  

La dangerosité : certains se sont alarmés d’une potentielle présence d’amiante dans les galeries, mais à nouveau, rien n’a été détecté en creusant les tunnels de reconnaissance…

A deux doigts de découvrir que tout a un impact 

 Il est évident que construire une telle ligne a aussi un impact négatif sur l’environnement. Mais ce qui  n’a pas d’impact, ça n’existe pas. Et ça vaut pour  le nucléaire comme pour l’éolien. Alors on fait ce qu’on veut ? Non car en matière d’environnement, on établit entre différents scénarios un ratio avantages/inconvénients. Pour la Transalpine, le  Conseil général de l’environnement et du Développement Durable, estime que son poids CO2 ne sera compensé qu’en 2037 à l’issue des travaux.  

Doit-on pour autant renoncer à un projet qui bénéficiera à tant de générations ? Serait-on assez naïf pour vouloir la fin du commerce transalpin ? Voudrait-on se priver d’une opportunité de relocalisation industrielle ? Croit-on vraiment que les camions traverseront les Alpes avec du carburant 100 % bio entre-temps ? Oublie-t-on qu’un accident de camion le long du lac du Bourget entrainerait des conséquences catastrophiques sur ce grand réservoir d’eau douce? 

Chaos ou résilience, il faut choisir 

On arrive au coeur du problème : du même ordre d’argument que les opposants au nucléaire finissent toujours par ressortir, une fois bon nombre de leurs arguments écartés : “oui ok mais avec ça vous allez juste alimenter la fuite en avant vers une société qui consomme toujours plus. La seule issue c’est de décroître” Je n’ai rien contre la décroissance, mais je pense qu’elle relève de la paresse intellectuelle lorsqu’elle est systématique. Au contraire, nos sociétés auront besoin d’aménagements durables pour amortir les conséquences de la crise écologique. C’est ce qu’on appelle la résilience. Et le train a son mot à dire.  

Mais ne soyons pas naïf, le train n’est pas une fin en soi. Parce que cette nouvelle ligne doit s’inscrire dans une politique d’ensemble.  Parce que cette ligne aura un réel intérêt à condition d’un report modal du camion vers le train. Ce qui demandera un peu de volonté politique. 

Complaisance médiatique et opportunisme politique 

Désinformation, polarisation du débat, instrumentalisation, la Transalpine n’a pas été épargnée. Une brèche dans laquelle les Soulèvements de la Terre, LFI, EELV et tant d’autres, se sont engouffrés. Là où le projet fédérait jusqu’ici à droite comme à gauche, certains préfèrent faire avancer leur agenda politique

Et mentir ne fait pas peur : plus c’est gros, plus ça passera. En témoignent, les Soulèvements de la Terre qui ont revendiqué 50 blessés grave lors d’une manif anti-Transalpine en Maurienne. Sauf que ces blessés, les secouristes présents sur place les cherchent encore. L’idéologie aveugle, quitte à supplanter intérêts économiques, sociétaux et environnementaux. Oui la Transalpine n’est pas parfaite, mais ses multiples avantages pèseront bien peu face aux saboteurs du débat public. A nous de rétablir un peu de lucidité. 

Biblio : 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-eco/l-edito-eco-du-mercredi-21-juin-2023-2890288

https://www.lepoint.fr/faits-divers/manifestation-anti-lyon-turin-des-dizaines-de-victimes-introuvables-20-06-2023-2525188_2627.php

https://www.nouvelobs.com/ecologie/20230621.OBS74801/lgv-lyon-turin-pourquoi-les-militants-ecolos-s-opposent-au-projet.html

« EU transport infrastructures: more speed needed in megaproject implementation to deliver network effects on time » [archive] [PDF], sur Cour des comptes européenne, 2020, p. 30.

https://www.lepoint.fr/environnement/tunnel-lyon-turin-le-vrai-du-faux-17-06-2023-2524818_1927.php

https://www.transalpine.com/documentation/document-officiels/conclusions-de-la-commission-denquete-publique-de-la-liaison

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Hugo Clément : l’écolo qui s’impose

En l’espace d’une soirée, le militant écologiste Hugo Clément est passé de la gauche à l’extrême droite parce qu’il a osé débattre avec un cadre du Rassemblement National à propos de la crise environnementale.

Courageusement, le journaliste a accepté de débattre face à Jordan Bardella, président du RN, à propos de l’écologie dans le cadre du grand débat des valeurs organisé par Valeurs Actuelles jeudi 14 avril. Si le débat n’a pas franchement été de haut vol, il a tout de même permis à Hugo Clément de présenter une situation environnementale critique tout en insistant sur le caractère universel de l’écologie : eh oui, les Français aussi doivent changer leurs pratiques quoiqu’en dise leur mix électrique peu émetteur.

Sa simple présence a provoqué deux réactions. A droite et à l’extrême droite, on a consacré son audace tout en ajoutant que l’écologie ne doit pas être la chasse gardée de la gauche. Un refrain qu’on entend depuis un moment sans qu’il daigne changer le discours politique du RN par exemple, qui reste peu convaincant au vu des enjeux actuels.

A gauche (et encore plus à l’extrême gauche), certains ont été scandalisés par la soi-disant complaisance du journaliste, qui s’est alors doté des étiquettes relatives à l’extrême droite. Selon ces derniers, on ne devrait pas débattre avec le RN et encore moins dans l’antre de la droite radicale qu’est Valeurs Actuelles.

Hugo Clément, qui s’était fait très discret sur la promotion de sa venue, a vivement réagi sur les réseaux sociaux, afin de désamorcer la polémique qui n’a d’ailleurs eu qu’un relatif écho. Son explication est plutôt simple : l’écologie est un sujet universel et touche tout le monde – a fortiori les classes populaires qui sont d’ailleurs très présentes dans l’électorat du RN -, le discours écologiste doit être porté partout. Et ce n’est pas tabou de dire que la droite et l’extrême droite ont négligé ce domaine. « Estimer qu’il ne faut pas parler d’écologie en dehors du cercle des convaincus, et que ceux qui essayent de le faire sont des « fachos », c’est une vision très sectaire », explique-t-il à La Dépêche.

Dès lors, comment ne pas trouver qu’Hugo Clément a aidé la cause en performant hors de ses cercles habituels (France 5, Instagram, France Inter) ? Toutefois on ne peut pas nier que le journaliste a été utilisé par Valeurs Actuelles afin que Jordan Bardella puisse parler d’écologie. Sa présence a d’elle-même propulsé le président du RN sur le terrain du débat écologiste sur lequel il ne s’était jamais vraiment risqué auparavant et lui a donné une saveur attractive : une figure majeure de l’écologisme contre le président du RN, ce qui n’a pas manqué de faire grimper l’audience. C’est cela qui est reproché à Hugo Clément par plusieurs autres militants dont Aurélien Taché (député EELV). Ajoutez à cela une bonne dose de sophismes en tout genre, et voilà la polémique du moment…

Face à cette dernière, il faut savoir raison garder : le RN n’a toujours pas fait ses preuves en matière d’écologie. Ce n’est pas seulement nous qui le disons mais le Shift, l’association de Jean Marc Jancovici, quand ils ont analysé le programme du RN pour la présidentielle 2022. « Débattre d’écologie avec le RN, dans des événements et des médias où l’audience est acquise à ce parti, est une nécessité. D’abord pour sensibiliser cet électorat à l’importance du combat pour le climat et la biodiversité, mais aussi pour expliquer que le RN ne propose quasiment rien sur cet enjeu vital pour l’avenir de l’humanité », explique d’ailleurs Hugo Clément.

Enfin, il y a ceux qui expliquent qu’il ne faut pas débattre avec l’extrême droite parce que, en gros, c’est le mal, et que personne ne veut donner de l’audience ni accepter le mal. C’est un point de vue qui se défend – d’autant plus qu’il est transposable à tout un tas d’autres positions politiques et d’idéologies -, mais dans le cas d’Hugo Clément, c’est un peu différent. En outre, le militant a déroulé son argumentaire à un événement organisé par la droite radicale, et c’est globalement cette dernière qui va visionner la rediffusion du débat. Dès lors, quel discours devient acceptable et pour qui ? Bingo, le discours écolo d’Hugo Clément chez des Français de droite – électeurs du RN ou non d’ailleurs.

Le cas aurait été tout différent si – au hasard – un député EELV avait débattu 1h face à Eric Zemmour sur une chaine populaire de la TNT et à une heure de grande écoute…

En tant que média qui s’est en partie créé afin de briser le monopole d’EELV sur les questions environnementales, nous donnons tout naturellement notre soutien à Hugo Clément. Même si nous ne sommes pas totalement d’accord avec ses positions, nous restons certains qu’il faut informer intelligemment le plus de personnes possible sur la question environnementale. Et c’est une tâche qui est loin d’être simple ! L’écologie doit s’adresser à tous, et pour cela, il faut connaitre le constat. Ensuite, nous pourrons débattre de quel moyen nous préférons pour parvenir à un monde qui ne mette plus la nature en danger, qui ne nous mette plus en danger.

Paris Saint-Germain's French forward Kylian Mbappe leaves the bus upon his arrival before the French L1 football match between Paris-Saint Germain (PSG) and Olympique Lyonnais at The Parc des Princes Stadium in Paris on September 19, 2021. (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

Oui, les grands clubs peuvent prendre le train

Alors que le Paris Saint-Germain s’apprête à disputer son premier match de Ligue des champions contre la Juventus de Turin ce soir à 21h, une polémique touche de plein fouet l’image du club.

Contexte

Pendant une conférence de presse organisée ce lundi 5 septembre, un journaliste de LCI demanda à Christophe Galtier pourquoi son équipe ne prenait pas davantage le train. Après un fou rire partagé avec Kylian Mbappé, l’entraineur ironisa sèchement : « On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile ».

Pour certains, c’est une mauvaise blague mais pour d’autres, c’est du dédain et un mépris total envers la cause environnementale.

La polémique a pris de l’ampleur et est maintenant au cœur des débats. En sont sorties plusieurs questions dont celle de la faisabilité du déplacement en train.

Pour y répondre, il faut bien cerner le problème : l’on reproche ici au club de ne pas prendre le train lorsque c’est possible. Evidemment, il parait compliqué de se déplacer sur plusieurs centaines de kilomètres en enchainant les arrêts tout en gardant les joueurs en pleine forme pour le match (ce qui nous rappelle le côté intrinsèquement pollueur des matchs longue distance).

Une option convaincante

Néanmoins, le train semble être une option convaincante. Tout comme les aéroports, les gares sont sécurisées. Pour un budget qui, selon plusieurs estimations, est comparable à un déplacement en avion, la SNCF pourrait également mettre au service du club un train privatisé (le reste des wagons pourra notamment être rempli par des supporters officiels). De plus, si les lignes à grande vitesse sont souvent fermées la nuit pour entretien, il est possible de décaler ces travaux afin que l’équipe rentre chez elle.

Mais qu’en est-il de leur réputation d’infatigables retardateurs ? La SNCF joue en effet d’une effroyable image ce qui renforce le débat public en faveur de l’avion, jugé plus sûr. Cependant, si on prend le cas du dernier match en date, Nantes-PSG, l’avion a dû se déplacer de Nantes à l’aéroport de Saint Nazaire (12 minutes de trajet à vide) et les joueurs ont donc dû rejoindre ce dernier en bus à la suite de leur victoire 3-0 face aux Canaris. En outre, depuis le printemps dernier, l’aéroport de Nantes n’accepte plus les décollages et atterrissages de minuit à 6h afin de répondre aux protestations des habitants. Il n’est donc pas disponible de nuit…comme les gares SNCF habituellement (mais on le rappelle, elles peuvent ouvrir de nuit si un arrangement est trouvé pour décaler les travaux sur les voies).

Certaines équipes professionnelles (ici Rennes) ont déjà opté à plusieurs reprises pour le déplacement en train. Crédits : SRFC

Mais alors, qu’est ce qui coince ? Pourquoi le club français ne prend-t-il pas plus régulièrement le train ? Premièrement, il faut savoir que des négociations sont censées être en cours entre le PSG et la SNCF. En effet, le club n’est pas un fervent opposant aux voyages en train. L’équipe féminine l’emprunte d’ailleurs régulièrement. Que ce soit du fait de la SNCF ou du club, les négociations ont cependant l’air bloquées. Tout l’enjeu est donc de les redémarrer afin de trouver un accord pour se diriger vers des déplacements davantage décarbonés.

Selon une étude de la LFP, sur l’ensemble des matchs de la saison 2019-2020 de Ligue 1 et de Ligue 2, 65 % des trajets ont été effectués en avion, 31 % en bus et seulement 4 % en train.

Changer de train-train quotidien

En outre, les déplacements en train sont bien moins polluants que ceux en avion. Mais au-delà de l’impact direct de la diminution des émissions de GES, c’est tout un mode de vie qui serait remis en question. C’est symbolique. De fait, quoi de mieux pour sensibiliser la population entière à la cause environnementale que des stars de football portant un message écologiste ?

Récemment (voir article du 02/09), Vincent Lindon imaginait un grand joueur de football boycotter la coupe du monde au Qatar notamment pour raison écologique. Il semblerait bien que ce ne soit pas Kylian Mbappé...

Comme l’ensemble de la société, le milieu du football va devoir embrasser la sobriété. Mais en est-il seulement capable ? La réaction des deux membres du PSG nous envoie malheureusement un mauvais signal. Peut-être surestimons-nous alors la capacité et la volonté d’adaptation du football lui-même ? En effet, on peut s’interroger sur la compatibilité du football international, et les énormes enjeux financiers qui régissent la FIFA, avec la sobriété qui s’imposera inéluctablement.

Selon le New York Times, Gianni Infantino, le président de la FIFA, étudierait l'idée d'une nouvelle Coupe des confédérations ou d'une Ligue des nations internationale afin de générer de nouveaux revenus...et de nouvelles émissions.

Dès lors, la polémique n’est pas futile. Elle met en exergue le manque de volonté des clubs à voyager en train, le manque de couverture ferroviaire (on comprend que les clubs veulent se déplacer en ligne directe) et l’inquiétante inconscience écologique qui semble régner dans le monde du football.

D’un autre côté, la polémique a eu pour effet de lancer une réelle interrogation sur les modes de déplacement des clubs de foot. Paradoxalement, par leurs réactions particulièrement interpellantes, Mbappé et Galtier ont accéléré le débat sur la question, dévoilant peut-être leurs vrais visages. Mais s’ils s’étaient contentés de faire la langue de bois, le débat en serait resté au statu quo.

Par esprit chauvin assumé, on espère tout de même la victoire du PSG ce soir face à une Juve dont elle aurait peut-être à apprendre étant donné que le club italien s’est déjà fait remarquer en ayant conclu un accord avec Trenitalia (la société ferroviaire italienne) par le passé.

Cristiano Ronaldo dormant dans un train après la victoire de la Juventus en coupe d'Italie le 19/05/2021. Crédits : Instagram de Ronaldo