La Mongolie: Quand Attila passe l’herbe trépasse

La Mongolie: Quand Attila passe l’herbe trépasse

Selon le Monde depuis le début de l’hiver 2023-2024 les éleveurs mongoles font face à un hiver très rude avec des températures se rapprochant de -50°.Entre 3 et 6 millions de bêtes n’ont pas passé l’hiver, certaines familles ont perdu l’intégralité de leurs troupeaux. Les éleveurs nomment ce phénomène, de plus en plus fréquent, le dzud (désastre en Mongole).

Des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes

Les éleveurs nomades Mongoles ont toujours dû faire face à des conditions de vie difficile, or depuis quelques années les températures moyennes annuelles ont augmenté de 2° et les précipitations sont plus courtes et plus intenses selon l’OMM. De plus en 80 ans les cheptels Mongols ont doublé ne permettant pas avec ces températures extrêmes, oscillant entre 40° l’été à -40° l’hiver, de renouveler les pâturages accentuant dans le sud du pays une désertification intense.

Un exode rural massif

Face à ces difficultés de nombreux éleveurs nomades décident de quitter leur mode de vie traditionnel afin de se rendre en ville pour une meilleure vie. Chaque année environ 20 000 personnes partent des steppes vers la capitale Oulan Bator. Aujourd’hui la capitale Mongole compte 1,5 millions d’habitants pour un pays d’environ 3,3 millions d’habitants. Le gouvernement est dépassé, la ville déborde et les nomades s’entassent avec leurs yourtes dans des bidonvilles. Entre 2017 et 2020 le Grand Khoural d’Etat (parlement) à interdit l’immigration interne au sein du pays.

Une capitale qui étouffe

Les migrants nomades venus à Oulan Bator ont apporté avec eux leurs yourtes dans lesquelles ils vivent. Ces habitats traditionnels ne sont pas des mieux isolés et pour faire face aux grands froids les Mongols y installent des poils à charbons pour se réchauffer. Or à Oulan Bator ce regroupement massif de yourtes entraîne l’hiver une pollution atmosphérique gigantesque faisant d’elle la seconde ville la plus polluée au monde, avec des seuils de pollution 14x plus élevés que les seuils recommandés par l’OMS.

Un équilibre difficile entre économie et environnement

Alors que l’on pensait que la Mongolie, jouissant d’importantes réserves minières, allait suivre un développement similaire à celui des quatres dragons asiatiques, celle-ci n’a jamais réussi à se hisser et stagne toujours avec un PIB par habitant de 5000 dollars par an. Son enclavement entre la Chine et la Russie a rendu le pays dépendant de ses voisins. L’exploitation des mines par des entreprises Russes et Chinoises entraîne beaucoup de pollution dans les cours d’eau devenant de plus en plus rare. De ce fait le gouvernement Mongole recherche un 3ème partenaire qui pourrait avoir les capacités de limiter son impact écologique sur le pays.

Le cas de la Mongolie est révélateur de la crise environnementale, la hausse des températures et les phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes entraînent de nombreux habitants à fuir leurs lieux de vie vers un autre entraînant une hausse de la pollution notamment à Oulan Bator. C’est le serpent qui se mord la queue. Les pays en développement sont en première ligne du dérèglement climatique, ce sont des peuples, leurs modes de vie et leurs cultures qui sont en danger.

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Pourquoi défendre la biodiversité ?

Il est encourageant de voir que les questions environnementales sont devenues beaucoup plus communes dans les médias de notre pays. 

Il y a  toutefois une sérieuse ombre au tableau : les principaux ensembles de  problématiques sont loin d’avoir le même poids médiatique. En effet, si les  questions d’émissions de carbone et de dérèglement climatique ont vu leur  représentation médiatique exploser ces dernières années, les questions de  biodiversité restent globalement boudées. C’est pourtant un sujet d’une  importance cruciale sur bien des aspects.

Biodiversité : de quoi s'agit-il ?

Comme pour toute chose, il est préférable de commencer par définir ce  dont nous allons parler. Mais définir la biodiversité n’est pas une tâche si aisée,  en raison de la multitude de définitions sérieuses différentes. Celle qui fait, en  général dans le monde biologiste, le plus consensus est celle de Lebreton de  1998 : “quantité et qualité de l’information contenue dans tout biosystème, de l’ADN aux paysages en passant par les espèces, les peuplements et les  écosystèmes”.

Vous l’aurez compris, la biodiversité est étudiée sous toutes ses formes,  qui sont très diverses et variées.

Pour y voir plus clair, les écologistes ont collectivement décidé de se concentrer sur trois niveaux de biodiversité, plus pertinents que les autres :  génétique, taxonomique et écosystémique. Il s’agit respectivement de la  diversité et de la distribution de l’information génétique (gènes, allèles…), des  taxons (espèces, genres…) et des écosystèmes (habitats, niches écologiques…). 

Il existe également de nombreux aspects plus secondaires très étudiés :  biodiversité paysagère, morpho-anatomique, saisonnière, etc.

Une richesse fragile

La biodiversité est régie par différentes forces et liens d’influences. Qu’il  s’agisse des réseaux trophiques (chaînes alimentaires), des relations de parasitisme ou de symbiose, chaque population d’être vivant dépend de populations d’autres êtres vivants. C’est un maillage très dense et complexe  dans lequel tous les liens n’ont pas la même importance.

En effet, il est possible d’altérer un écosystème, de le perturber, sans  mettre en danger son existence. Mais c’est un jeu très dangereux, un genre de  roulette russe. Car si vous coupez le mauvais fil, c’est tout l’écosystème qui  s’effondre comme un château de carte avant même que vous ayez pu vous en  apercevoir. Cela demande donc une grande connaissance de chaque  écosystème, et nous en sommes encore loin.

La biodiversité : un enjeu capital

Certains impacts de la biodiversité sur nos vies sont évidents. Nos  ressources alimentaires reposent (directement ou indirectement) sur une  biodiversité riche. La pêche en est un exemple très parlant. 3,3 milliards  d’êtres humains ont pour source de protéine animal principale le poisson. Ils  dépendent tous directement de la pêche, et donc d’une biodiversité marine  stable. La perte de biodiversité marine est donc un problème de ressources  alimentaires pour de nombreux pays.

L’alimentation n’est pas le seul enjeu humain autour de la biodiversité :  c’est également un problème de santé publique. En effet, la baisse globale de  biodiversité affecte également les pathogènes. Les virus et les bactéries sont  aussi concernés par les extinctions. Or, ces disparitions sont une aubaine pour  d’autres espèces, qui voient le champ de bataille débarrassé de la concurrence.  Ils peuvent alors se reproduire et coloniser plus d’organismes que d’ordinaire.  Ajoutons à cela la prolifération d’espèces vectrices de maladies et nous  obtenons le terreau fertile pour de grandes pandémies.

On pourrait citer encore beaucoup de domaines affectés par la baisse de  biodiversité (culture, santé mentale, climat, etc). 

Contentons-nous de conclure  que nous dépendons beaucoup de notre environnement, duquel nous tirons  toutes les ressources qui font vivre nos civilisations. Nous devons protéger la  biodiversité pour la simple et bonne raison que nous en faisons partie. Si nous  ne la protégeons pas pour la beauté du geste ou simplement parce que c’est  juste, protégeons la au moins pour nous et notre postérité.

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Le Sahel Sous l’Étau d’une Vague de chaleur mortelle

CLIMAT

Une récente étude du réseau World Weather Attribution (WWA) a révélé que la vague de chaleur meurtrière qui a frappé le Sahel début avril est directement liée au changement climatique d’origine humaine. Du 1er au 5 avril 2024, le Mali et le Burkina Faso ont été témoins d’une vague de chaleur sans précédent, avec des températures dépassant les 45 °C, provoquant un nombre considérable de décès dans ces régions.

Les scientifiques du WWA ont déterminé que des températures aussi extrêmes auraient été impossibles sans un réchauffement global de 1,2 °C, principalement causé par l’activité humaine, notamment la combustion d’énergies fossiles. De plus, ils ont souligné que ce type d’événement ne se produit en principe qu’une fois tous les 200 ans, soulignant l’exceptionnalité de cette vague de chaleur.

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel, cette étude prédit que de telles vagues de chaleur pourraient devenir jusqu’à 10 fois plus fréquentes dans un futur où le réchauffement atteindrait 2 °C. Cette perspective inquiétante soulève des préoccupations majeures quant à l’adaptation des populations à ces conditions climatiques extrêmes.

L’impact de cette vague de chaleur a été dévastateur, avec une augmentation significative des décès et des hospitalisations enregistrés. Bien que les habitants du Mali et du Burkina Faso soient habitués à des températures élevées, la durée et l’intensité de cet événement ont dépassé les normes habituelles, mettant en lumière les vulnérabilités croissantes face aux changements climatiques.

Des facteurs tels que les coupures de courant on exacerbés les conséquences de cette chaleur, qui ont limité l’accès aux dispositifs de refroidissement et affecté les services de santé. Au Mali, où les coupures de courant sont fréquentes en raison de problèmes d’infrastructures et de gestion énergétique, la situation a été particulièrement critique.

En outre, cette vague de chaleur est survenue à un moment sensible, pendant le jeûne du Ramadan, rendant les conditions encore plus difficiles pour de nombreuses personnes. Ce phénomène a particulièrement touché les personnes âgées et les jeunes enfants. Ceci souligne encore une fois que les vagues de chaleur sont parmi les catastrophes naturelles les plus meurtrières et qu’elles exacerbent les inégalités existantes.

Il est impératif que des mesures urgentes soient prises pour atténuer ses effets et renforcer la résilience des communautés vulnérables. Cela nécessite des actions concertées à l’échelle mondiale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux réalités d’un climat en évolution rapide.

Sources:
https://www.ouest-france.fr/environnement/rechauffement-climatique/la-vague-de-chaleur-meurtriere-au-sahel-est-d-origine-humaine-selon-les-scientifiques-e72e066e-fd73-11ee-9b3d-44ca7a681769

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Our Ocean, un coup de nageoire en eau trouble

La Grèce pourrait bien être le premier pays Européen à interdire la pêche au chalutage. Pendant ce temps, la France continue à noyer le poisson ! On vous explique :

La semaine dernière s’est tenue pour la 9e fois, la conférence Our Ocean (Notre Océan en bon français), à Athènes en Grèce. L’océan représentant 50% de l’apport en oxygène de la planète, il devient un enjeu majeur des années à venir. Cet événement permet de rassembler des représentants d’états, des ONG mais aussi des acteurs de l’industrie maritime autour de notions comme les zones marines protégées, la pollution marine, la pêche durable ou plus généralement, le changement climatique.

Une nouvelle a particulièrement retenu l’attention. La Grèce, le pays organisateur, a annoncé vouloir interdire d’ici 2 ans la pêche au chalutage à l’intérieur de ses zones protégées (30% de la superficie des eaux grecques). La pêche au chalut, c’est une industrie qui utilise d’énormes engins dont les filets ratissent les fonds marins jusqu’à 15 mètres de profondeur. En plus d’être un réel désastre environnemental, ces gros bâteaux de pêches relâcheraient chaque année plus de 370 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

Bien que rien n’oblige réellement la Grèce à mener son projet jusqu’au bout, nous pouvons espérer que cette décision incite les autres pays européens, et notamment de la France, à amorcer des politiques en faveur de la préservation de l’océan mais surtout de nos zones marines dites “protégées”.

Si plus de 30% de notre surface maritime est couverte par des zones protégées, seules 4% le sont strictement. Lorsque l’on se rappelle que nous sommes la seconde puissance maritime mondiale, il y a de quoi s’inquiéter. Et le pire dans tout ça, c’est que les chaluts sont dans nos aires protégées et aux yeux du gouvernement, comme des poissons dans l’eau. Le secrétaire d’Etat chargé de la mer et de la biodiversité Hervé Berville avait lui-même annoncé en 2023 être contre l’interdiction du chalutage, sous peine de mettre en péril notre souveraineté alimentaire.

A l’aube de la 3e conférence sur l’Océan des Nations Unies qui aura lieu à Nice en juin 2025, ne serait-il pas temps d’entamer une pêche plus raisonnée et durable ?

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Réserves sauvages : les limites de la non gestion

Depuis quelques décennies, un concept prend de plus en plus d’ampleur  dans le monde environnementaliste : le réensauvagement. “Libre naturalité”,  “laisser faire” ou encore “non-gestion”, les thermes sont nombreux pour en  décrire l’idée : des espaces isolés de toute activité humaine, à l’exception  d’un peu d’écotourisme, pour en faire des havres de vie sauvage. 

Seulement,  les réserves en question commencent à se heurter aux réalités des limites de ce concept.

Exemple de fiasco de la “non-gestion” : Oostvaarderplassen

En 1968 fut fondée au Pays Bas, par l’écologiste Franz Vera, la réserve  naturelle de Oostvaarderplassen. L’idée du biologiste était de laisser la nature  “se réguler toute seule”, en clôturant 5000 hectares de zone humide. Au bout  de quelques années, le milieu a commencé à se fermer, c’est-à-dire que les  arbres se sont mis à pousser. 

Ne souhaitant pas que la diversité d’habitat soit  étouffée par la forêt, il a été décidé d’introduire 34 aurochs de Heck, 20  chevaux koniks et 44 cerfs élaphes, des grands brouteurs semblables à ceux de  la région à la fin de la dernière ère glaciaire.

30 ans plus tard, le parc était peuplé de 5000 de ces animaux. Après des  années de surpopulation, donc de surpâturage, le parc, qui avait atteint un bon niveau de biodiversité, s’est considérablement désertifié. 

Après plusieurs hivers cléments, plus de 3000  animaux sont morts de faim lorsque le froid s’est abattu de nouveau sur la  réserve. Désormais, les autorités maintiennent  le nombre de brouteurs à 1500 têtes. 

On ne peut pas dire que le laisser faire ait été une réussite. D’autres réserves n’ont cependant pas eu le même destin.

Parcs nationaux : quand le laisser faire fonctionne

En 1872, dans le Wyoming, fut fondé le premier parc national des Etats  Unis d’Amérique, le Yellowstone. Il s’agit de la première réserve de vie sauvage  de cette ampleur : de par sa taille, 8 983 km², mais aussi par ses nouvelles règles. 

Jusqu’alors, que ce soit sur le jeune ou le vieux continent, les espaces  sauvages connus et fréquentés par les Hommes étaient la plupart du temps  des territoires de chasse ou d’exploitation forestière. Au Yellowstone, le tourisme est  globalement la seule activité humaine autorisée.

Aujourd’hui, c’est un nom qui fait référence, pourtant, cette réserve  aussi a connu des jours difficiles. Plus d’un siècle après sa création, le parc était  en proie au même mal qui a rongé Oostvaarderplassen : le surpâturage. 

En  effet, faute de grands prédateurs (le loup ayant disparu de la région en 1930),  les grands ongulés, comme les wapitis, ont proliféré, brouté les jeunes pousses  d’arbres dont ils sont friands, mettant en péril la régénération des forêts.

Dans les années 90, pour résoudre ce problème, les autorités du parc ont décidé d’y réintroduire des loups, capturés au Canada. D’une soixantaine de loups réintroduits entre 1995 et 1996, la population du parc serait passée à environ 120 têtes en 2005 selon une étude. Cette  réintroduction a porté ses fruits : la population de wapitis a diminué de moitié  sur cette même période. Aujourd’hui, les populations semblent avoir  trouvé un certain équilibre.

Le problème des réensauvageurs

Le Yellowstone n’est pas le seul exemple, on pourrait citer de  nombreuses réserves du même type partout dans le monde rencontrant le  même succès. 

Mais alors, comment expliquer ces écarts de résultats entre des  réserves qui ont vraisemblablement la même doctrine ? Une réponse s’impose :  il faut se donner les moyens de ses ambitions ou accepter de revoir ses  objectifs à la baisse.

Une différence qui saute aux yeux entre les réserves fonctionnelles et celles qui échouent est la taille. Regardons les 2 exemples que nous avons utilisés : presque 90 000 hectares pour le Yellowstone contre 5000 hectares pour Oostvaarderplassen : la réserve hollandaise ne couvre qu’un dix huitième de la surface du Yellowstone. 

Une réserve en libre naturalité nécessite de très grands espaces sauvages, ce qui est difficile à trouver dans notre Europe de l’Ouest, aux campagnes morcelées et anthropisées.

Faute de pouvoir faire des réserves plus grandes, il semble raisonnable  d’abandonner le fétiche de la “nature qui se régule toute seule” et préférer à la non-gestion des modes de gestion douce, qui consistent par exemple à recourir à la force de travail d’animaux plutôt que d’engins, bruyants et brutaux (dans la mesure du possible évidemment).

La gestion d’espaces naturels nécessite du pragmatisme, pour le bien-être des animaux qui y évoluent comme pour celui des Hommes qui vivent à proximité. Les gestionnaires de Oostvaarderplassen ont su s’adapter et changer leur doctrine face aux résultats désastreux du laisser faire dans leur réserve. 

Il est dommage de voir des associations de réensauvagement s’entêter dans cette voie, malgré les dangers qui menacent leurs parcs, et contre lesquels Oostvaarderplassen met en garde.

Bois ou forêt : forêt vous la différence ?

Le 21 mars était la journée internationale des forêts. Ce jour est l’occasion de mettre en avant ce patrimoine naturel et humain, plus précieux que jamais.

On s’aperçoit aussi qu’il existe plusieurs mots en français pour désigner ce patrimoine, les deux principaux étant « bois » et « forêt ». Il semble parfois difficile de faire la différence entre ces deux termes.

Quelle meilleure occasion que la journée internationale des forêts pour aborder les différences entre eux, et surtout, l’importance de les préserver ? Alors, bois ou forêt ?

Bois ou forêt : comment les reconnaître ?

Pour comprendre les différences entre bois et forêt, il faut remonter à l’origine de ces mots, au Moyen Âge.

Apparue au XIIe siècle sous la forme « forest », la forêt était un espace semi-légendaire, très dense et aux utilités très spécifiques : chasse, ressources alimentaires mais aussi bois de chauffe et de construction.

Le bois était lui bien plus clairsemé, plus fréquenté et répondait à des besoins moins divers, le bois de chauffe et le bois de construction étant ses principaux emplois.

De nos jours, la frontière entre forêt et bois est devenue plus floue. 

Selon la FAO, institut des Nations unies en charge de l’alimentation et de l’agriculture, une forêt est un espace boisé d’au moins 0,5 hectare, peuplé d’arbres d’au moins 5 mètres de haut et d’une couverture de canopée d’au moins 10 %.

Le bois, lui, n’a pas de définition officielle, les sources se contredisent. Généralement, on considère qu’il a une plus petite superficie et qu’il est plus clairsemé qu’une forêt.

Quelles différences de Biodiversité ?

Cette différence de densité n’est pas sans effets. Par exemple, plus une forêt est dense, plus son cœur est isolé de la température extérieure : un genre de microclimat, plus stable qu’en dehors, caractérise cette forêt. 

Ainsi, on ne retrouve pas non plus la même biodiversité dans une forêt et dans un bois. En effet, la faune rencontrée en forêt diffère de celle des zones boisées : beaucoup d’espèces ont des niches écologiques très spéciales, qui demandent des paramètres bien précis. 

Mais c’est surtout la flore qui en est bouleversée.

En forêt, on rencontre principalement deux morphotypes d’arbres : les très grands, qui atteignent la canopée, et les très petits, d’à peine quelques centimètres de haut. Les arbustes, de taille intermédiaire, s’y font rares, par manque de lumière, et s’épanouissent plutôt dans les bois. 

Il en va de même pour la plupart des autres plantes : seules les très petites et les plantes grimpantes (lierre, vignes) parviennent à y prospérer. Les autres se retrouvent davantage dans les bois, plus généreux en lumière.

Ainsi, la forêt, comprenant un nombre supérieur d’individus, comporte une meilleure diversité et des effectifs plus importants d’arbres. Le bois, lui, est compensé par une plus grande diversité de morphotypes et d’espèces de plantes en général.

Des richesses à protéger

Ces deux milieux, malgré leurs différences, font face à des menaces semblables et bien connues : changement climatique, espèces invasives, ravageurs et maladies affaiblissent les forêts, dont certaines sont déjà mises en péril par la déforestation.

Il est pourtant capital de les protéger. De nombreuses forêts sont aujourd’hui considérées comme des « hotspots » de biodiversité, des zones de grand intérêt biologique menacées par des activités humaines. Une part considérable de la biodiversité terrestre y est concentrée.

Selon la FAO, elles abritent 80 % des espèces d’amphibiens, 75 % des espèces d’oiseaux et 68 % des espèces de mammifères, en plus d’êtres d’impressionnants puits de carbone.

Ne soyons pas défaitistes

Il y a tout de même de l’espoir : la déforestation semble ralentir tandis que de vastes projets de reboisement voient le jour. Certes, nous ne sommes pas encore parvenus à planter plus d’arbres que nous n’en coupons, le monde perd des forêts chaque année, mais les dynamiques donnent à croire en l’avenir.

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Non, l’antispécisme n’est pas un allié de la biodiversité

Le véganisme est devenu ces dernières années un vrai sujet de société. Objet de débats passionnés, on aborde moins souvent l’idéologie qui se cache derrière : l’antispécisme. Cette doctrine, tournée autour du bien-être animal, prétend être vertueuse en matière de protection de la biodiversité.  

Qu’en est-il vraiment ?

Antispécisme : de quoi s’agit-il ?

L’antispécisme est un courant de pensée moral et philosophique développé dans les années 70. Le principe central de cette idée est simple : l’espèce à laquelle appartient un animal n’est pas une raison légitime ou un critère pertinent pour décider ni de la considération qui doit lui être accordée, ni de la manière dont il doit être traité. Cette idée s’oppose au spécisme, définie comme être aux animaux ce qu’est le racisme aux Hommes.

Une précision s’impose. L’antispécisme raisonne en termes de souffrance animale. Pour eux, ce qui compte, c’est de limiter autant que possible les souffrances des êtres sentients, capables d’éprouver des choses subjectivement, d’avoir des expériences vécues. En l’occurrence, il s’agit de tous les vertébrés, de nombreux arthropodes (insectes, arachnides, crustacées…) et même de certains mollusques (les céphalopodes et probablement une partie des gastéropodes).

Bien-être animal et biodiversité : même combat ?

A première vue, l’antispécisme est une idéologie alliée de la défense de la biodiversité. En effet, la perte d’habitat, le manque de ressources alimentaires ou encore la bioaccumulation de produit toxique sont des sources de souffrance pour de nombreux animaux. 

Cependant, il y a une notion importante de l’antispécisme que nous n’avons pas aborder. Si les antispécistes rejettent les inégalités entre les Hommes et les animaux, ils rejettent aussi les inégalités entre animaux. 

Les têtes pensantes de l’antispécisme ont effectivement du mal à accepter les relations de domination qui existent dans la nature : il est difficile d’accepter que des lions tuent un gnou. Il serait préférable de les en empêcher, quitte à les laisser mourir de faim… 

Vous pensez que c’est une exagération ? 

C’est pourtant exactement une idée défendue par David Olivier, importateur des idées de Peter Singer en France.

Un autre exemple ?

Vous souvenez vous du malheureux beluga perdu dans la Seine ? Sa mésaventure avait ému l’opinion public lors de l’été 2022. L’association Sea Shepherd était alors intervenue en lui jetant des truites vivantes en espérant qu’il s’alimente.  

La co-présidente du Parti animaliste de l’époque s’était alors insurgée, criant au spécisme, en voyant des dizaines d’individus sacrifiés pour en sauver un seul. 

On pourrait objecter que ces deux individus ne représentent que des petits courants de l’antispécisme. David Olivier est à l’origine des « cahiers antispécistes » et le parti animaliste est capable de réunir 500 000 électeurs, mais ça ne fait pas d’eux les représentants de l’antispécisme français dans son ensemble pour autant.

Pourtant, leurs idées sont bien des courants de l’antispécisme, même si d’autres antispécistes prétendent qu’ils sont minoritaires. Loin d’être en contradiction avec les principes fondamentaux de cette philosophie, ils vont même au bout de ce concept, le poussant dans ses retranchements. 

Conclusion

Voilà le gros problème de l’antispécisme : à l’inverse de l’écologie, il fait passer le bien-être des individus avant l’équilibre des populations.  

Les règles immuables de la nature entrent en conflit avec les lois de l’antispécisme. La protection de la biodiversité est une discipline basée sur une science, l’écologie : la morale antispéciste entre en contradiction avec ses principes, elle n’y a pas sa place. 

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« Il fait tellement chaud, c’est intenable » : En Inde, une vague de chaleur fait rage depuis 2 mois

Sous le silence assourdissant de la plupart des médias, l’Inde est en train de suffoquer. Avec plus de 40°C parsemant son territoire ainsi que celui de son voisin pakistanais, cet épisode de chaleur extrême additionné à un important déficit pluviométrique nous apparait comme un avertissement. Telle une entrevue du futur de l’humanité. Les experts sont clairs : les évènements climatiques extrêmes vont augmenter en cadence ainsi qu’en intensité, au grand dam des populations les plus pauvres.

Températures Samedi 30 avril à 14h heure française et environ 17h heure locale. A minuit, il fera environ 27°C (prévisions) Données fournies par Windy.

5 à 7°C au dessus des normes

Alors que l’Inde est concernée par le phénomène de La Niña, (mise en place d’une anomalie froide de température), elle présente tout de même des records de températures pour le mois de mars (33,1°C). Mais depuis quelques jours, ce sont d’autres chiffres qui attirent notre attention : 43°C, 45°C …soit plus de 5 à 7°C au-dessus des normales de saison. La région est devenue une véritable fournaise, contribuant à embraser les montagnes de déchets parfois hauts d’une centaine de mètres jonchant allégrement les rues des grandes villes. Des fumées toxiques et nauséabondes s’élèvent alors, se dirigeant vers les habitats environnants.

On distingue à peine les silhouettes des habitants de New Delhi qui regardent l'incendie qui fait rage sur une décharge de la capitale indienne le 26 avril 2022. AFP

Une chaleur inégalitaire

Ces hausses de température concernent plus d’un milliard de personnes, mais ne les impactent pas de la même façon, évidemment. En outre, les ouvriers continuent de travailler sur les chantiers de construction. « Je suis payé au jour le jour, si j’arrête, je ne suis pas indemnisé », explique au Monde un maçon, sans se plaindre. Les habitants les plus pauvres paient de leur santé voire de leur vie des conséquences maintenant clairement instituées comme anthropiques.

Ces évènements de chaleur ne sont pourtant pas rares dans la région : « Il fait tellement chaud, c’est intenable. Normalement, en mars-avril, il fait doux, c’est le printemps, ce sont les mois de mai-juin-juillet qui sont très chauds. Là, il fait déjà très lourd. », expliquait une habitante de New Dehli. « C’est la première fois que je vois une telle chaleur en avril », témoignait une autre à France Info.

Près d’un quart des récoltes perdues

Loin de s’arrêter à quelques gouttes de sueur, cette canicule est meurtrière. Depuis 2010, l’AFP a décompté plus de 6 500 morts en Inde. Au-delà des pertes humaines – que l’on peut comparer à celles de la canicule de 2003 qui avait causé près de 20 000 morts en France -, cet épisode de chaleur cause bien des maux aux secteurs agricole et énergétique.

En outre, les autorités indiennes estiment que 20 à 25% des principales récoltes auraient été perdues. L’Inde pensait pouvoir exporter du blé afin de pallier le manque de production que conduit l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le climat exceptionnel a vite brisé ce rêve, mettant davantage en danger les besoins de sa propre population.

Un cercle vicieux

Aussi, la situation a créé une augmentation conséquente des besoins énergétiques indiens, faisant augmenter ces derniers jusqu’au pic encore jamais atteint de 201 066 gigawatts. Le mix énergétique de l’Inde étant composé à 75% d’énergies fossiles, (dont + de 40% de charbon), ces chaleurs extrêmes créent un cercle vicieux : plus on utilise de l’énergie, plus on devra en utiliser dans le futur. Les distributeurs d’énergie ont déjà coupé l’électricité dans plusieurs millions de foyers au Pakistan et en Inde. Et pour cause : les centrales à charbon manquent de carburant.

Mix énergétique de l'Inde (1990-2019) en térajoule. IEA. Ce pays émergent produit presque exclusivement de l'énergie à partir de méthodes fortement polluantes.

Un exemple criant

La situation actuelle est un exemple criant de la gravité des changements climatiques qui nous attendent. A cause du principe d’inertie climatique, nous sommes en partie impuissants face à la probabilité de voir ces phénomènes, aujourd’hui encore plutôt rares, se multiplier. Si des épisodes de chaleur que l’Inde se manifestaient tous les 50 ans, ils devraient désormais apparaitre tous les 4 ans selon Mariam Zachariah, chercheuse au Grantham Institute de l’Imperial College de Londres.

L’Inde devrait connaitre un mois de mai pire encore, qu’en sera-t-il de ses 1,3 milliard d’habitants ? Comment vont-ils gérer cette crise multiforme ?

Selon de nombreux spécialistes, de plus en plus d’habitants migrent pour fuir cet enfer, et cela va continuer. Pour Fabio D’Andrea, chercheur au CNRS au laboratoire de météorologie dynamique de l’Ecole normale supérieure à Paris, « le changement climatique, qui nous porte vers des températures encore plus élevées, pourrait rendre ces régions complètement inhabitables. » L’Europe aura-t-elle son rôle à jouer notamment dans l’accueil de migrants climatiques se faisant ainsi de plus en plus nombreux ?