Barrage d'Assouan, Albéric

Le véritable secret de l’électricité : comment Assouan assouvit l’Egypte 

L’impact environnemental de l’hydroélectrique : étude de cas sur le barrage d’Assouan

 

Lorsque l’on évoque les énergies renouvelables, l’une des critiques revenant le plus souvent concerne leur intermittence. C’est pourquoi l’énergie hydroélectrique, issue des barrages (républicains ou non) principalement, est si utile. Le débit du cours d’eau étant régulier, c’est l’une des rares sources produisant une grande quantité d’énergie de manière pilotable. 

Le barrage d’Assouan, situé dans le sud de l’Égypte, permettait ainsi de fournir en électricité la moitié du pays à l’origine dans les années 1970, contre 12% seulement en 2013 pour l’intégralité des installations hydroélectriques. 

Dans son cas, son rôle n’est pas seulement de fournir en électricité la population. Ceux qui se souviennent de leurs cours d’histoire de 6e se rappelleront que l’une des grandes richesses de l’Égypte antique résidait dans les plaines fertiles du Nil. Chaque année, lors de la crue puis la décrue, le Nil débordait et recouvrait les rives de limon, riche en minéraux, fertilisant naturellement les sols. 

Cependant, cela a soumis la production agricole aux caprices du fleuve, qui en cas de grosse crue ravageait et inondait les villages, ou à l’inverse provoquait sécheresses et famines. Le barrage a alors servi à réguler les humeurs du Nil et à assurer un débit régulier et fiable tout au long de l’année, permettant plusieurs récoltes par an, au détriment de l’apport en limon. 

Avec un flux plus ou moins constant, les croisières sur le Nil se retrouvent facilitées, notamment en période hivernale, bien que leur impact écologique nous force à les déconseiller.

Cependant, il serait incorrect de penser que l’hydroélectrique et les barrages n’ont que des avantages. Il est bon de rappeler concrètement quels sont les problèmes qu’ils impliquent. 

Tout d’abord, il faut bien construire ces installations titanesques (le barrage d’Assouan fait 3,6km de long ; 111m de haut ; 980m de large à la base et retient près de 169km3 d’eau). Or le principe de l’hydroélectrique (la conversion de l’énergie potentielle de l’eau retenue en hauteur en énergie mécanique) implique que les barrages soient construits en hauteur, dans des zones parfois difficiles d’accès, ce qui demande davantage de ressources que lorsque l’on peut construire une centrale nucléaire, un champ d’éoliennes ou de panneaux solaires. 

Ensuite, l’apport en eau à certes permis une augmentation des terres agricoles grâce à une irrigation permanente, qui offre également la possibilité de réaliser plusieurs récoltes par an, mais cela s’est traduit par une hausse considérable de la demande en eau, et donc un abaissement du niveau du lac de retenue en plus d’un appauvrissement des sols. 

A cela il faut ajouter l’impact de la rétention d’une eau qui s’écoulait autrefois librement. Cette eau charriait près de 110 millions de tonnes de sédiments par an, ce qui formait le limon, et dont seulement 1,5 à 4% se retrouvent au-delà du barrage aujourd’hui. 

Les sols souffrent donc d’une double peine : ils sont de moins en moins riches à cause de cette perte et de plus en plus pauvres à cause de la surexploitation. Une autre conséquence de cette retenue est l’érosion accrue des sols au niveau du delta du Nil, sans les sédiments charriés par le fleuve, ce dernier ne peut plus faire face aux courants marins et la ligne de côte se réduit d’année en année. 

Ce phénomène remonte déjà aux premiers barrages construits sur le Nil, ainsi entre 1898 et 1926, le phare de Rosette qui se situait à près d’un kilomètre de la mer s’est retrouvé les pieds dans l’eau. 

Enfin, l’une des plus grandes tragédies causées par le barrage d’Assouan est humaine et culturelle. En effet, il arrive fréquemment qu’un barrage entraîne l’inondation de villages et habitations situés en amont pour créer le lac de rétention. Dans le cas du Haut barrage, ce sont les terres des Nubiens, qui ont été englouties, entraînant le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, et l’émigration d’une grande partie d’entre eux. 

Enfin, la montée des eaux a condamné de nombreux monuments historiques Égyptiens, vieux de plusieurs millénaires, même si grâce aux efforts de la communauté internationale, les imposants temples d’Abu Simbel et de Philae ont pu être déplacés et sauvegardés.

 

Pour aller plus loin, la question de l’impact sur la biodiversité et surtout l’assèchement des fleuves causés par la création de barrages est abordée dans l’ouvrage de Guillaume Pitron, L’Enfer numérique, où il aborde le cas du barrage de Letsi en suède, qui a causé le tarissement du fleuve Lilla Luleälven, un bras du Luleälven. Il cite notamment un rapport du WWF de 2019 sur l’hydroélectrique, qui critique une trop grande focalisation sur les questions de CO2 au détriment de l’impact global sur l’environnement, dans une acception plus large, incluant la biodiversité, la richesse des sols et la qualité de vie.

EP Plenary session - Formal sitting with William RUTO, President of the Republic of Kenya

Accord UE, Chili, Kenya

Accord UE, Chili, Kenya, cessez le (libre) échangisme

En dépit de la crise agricole qui sévit en France et dans plusieurs pays européens, le Parlement européen a ratifié deux accords de libre-échange avec le Chili et le Kenya le 29 février en attente de la réponse du Conseil de l’Union Européenne. Ces accords, bien que favorables au commerce, soulèvent des préoccupations écologiques majeures et exacerbent les tensions socio-économiques déjà existantes.

Le premier accord concerne le partenariat économique entre l’UE et le Kenya. Il prévoit la suppression des droits de douane pour les produits kényans entrant sur le marché européen, tout en exigeant une ouverture progressive du marché kényan aux importations européennes. Cette libéralisation accrue des échanges commerciaux risque non seulement d’accroître le trafic maritime et les émissions de CO2, mais également de compromettre la sécurité alimentaire du Kenya en favorisant l’importation de produits laitiers bon marché, mettant ainsi en péril les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.

De même, l’accord-cadre avec le Chili, approuvé par une majorité de députés européens, entraînera la suppression de la plupart des droits de douane sur les exportations de l’UE vers le Chili, notamment sur des produits agricoles. Cependant, cela pourrait accentuer la crise agricole en France en exposant les agriculteurs européens à une concurrence déloyale et à des normes de production moins strictes. D’un autre côté, cet accord permet l’importation de lithium et de cuivre dont l’extraction, bien que polluante, est essentielle à la transition énergétique. 

 

Il est paradoxal que ces accords soient soutenus alors même que le gouvernement français s’oppose à un accord similaire avec le Mercosur, arguant des préoccupations environnementales et de la protection des agriculteurs. Cette incohérence souligne les tensions entre les priorités économiques et environnementales au sein de l’UE. Bien que d’un point de vue commercial, ces accords nous connectent plus à d’autres pays, elle met à risque l’indépendance européenne que l’UE dit vouloir atteindre. En effet, cela ne rime à rien de faire des accords de libre-échange avec des pays si lointains géographiquement alors que ceux-ci sont supposés nous souder dans notre continent.

Il est urgent que l’UE reconsidère sa politique commerciale et accorde une plus grande importance à la justice sociale et à la préservation de l’environnement. L’approbation de ces accords de libre-échange en pleine crise agricole et climatique témoigne d’une approche à courte vue qui met en péril les intérêts à long terme des citoyens européens et de la planète dans son ensemble.

 

sources:

https://www.touteleurope.eu/economie-et-social/libre-echange-le-parlement-europeen-approuve-les-accords-commerciaux-avec-le-kenya-et-le-chili/

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/accords-de-libre-echange-et-mercosur-lhypocrisie-du-parti-demmanuel-macron-en-pleine-crise-agricole/

Ride-Alone-WWII-US-Propaganda-Poster

Conduire seul, conduire avec Hitler

Qui a battu Hitler ? 

Cette affiche a réellement existé.  Contexte : la Seconde Guerre mondiale. Et l’or noir est le nerf de la guerre.  

En effet, les champs pétroliers roumains, qui abreuvent l’Allemagne nazie, s’épuisent. Alors les Allemands fabriquent un carburant de synthèse via l’hydrogénation du charbon. Mais les rendements sont très moyens. 

 Les Japonais sont à sec : à Bornéo, leur port pétrolier principal est pris pour cible. Dans une tentative désespérée, le Japon essaiera même de produire du carburant avec des racines de pins.  P(e)in(e) perdu(e). 

Morale de l’histoire : plus de covoiturage = moins de nazis et moins de CO2 

De leur côté, les Américains contrôlent, en 1941, 60 % de la production mondiale de pétrole. Plus de 3 millions de barils par jour. Mais la guerre est gourmande en énergie, et Tonton Sam s’inquiète. 

Alors le gouvernement américain encourage son peuple à économiser les ressources vitales : la nourriture comme le carburant. Pas évident quand on sait que pour un Américain, conduire une voiture c’est un droit sacré.

Le déni de la dépendance

Pourquoi vous raconter ça ? Parce que notre société est toujours murée dans le déni de sa dépendance. L’histoire de l’or noir éclaire l’histoire des relations internationales contemporaines. Mais “Big Oil” n’est pas éternel. Alors quelle histoire écrirons-nous demain ?  

COP28illus

Ce que signifie le logo de la COP 28

Quand on réalise un logo pour un évènement d’ampleur internationale, chaque choix est mûrement réfléchi. De la couleur aux éléments qui le composent.

En m’intéressant au logo de la COP 28, j’ai été surpris de constater un logo aussi complexe, agrémenté d’un tas d’éléments. Si on fait l’historique des logos des COP, on s’aperçoit en effet que le logo de la 28ème qui se tient en ce moment à Dubaï se démarque nettement. A y regarder d’un peu plus, le logo n’est pas qu’un simple design apolitique mais renferme énormément de contenu au sens surprenant au regard des différents enjeux environnementaux et de la réalité économique et politique qui agit le monde et les Emirats Arabes Unis.

Protection de la nature

Une bonne partie du logo comporte des animaux et des plantes. On retrouve un dromadaire, plusieurs arbres, des algues, des fleurs, etc. Un choix somme toute logique : tout le monde veut sauver les bébés baleines et préserver son paysage. Il parait néanmoins ambitieux quand on sait que les Emiratis sont particulièrement friands d’animaux sauvages et font donc tourner le trafic illégal d’animaux. Ou bien quand on sait que les énergies fossiles dont les EAU raffolent contribuent à la diminution de la biodiversité.

Cependant, les Emirats sont aussi capables de protéger la nature, à l’image de Sir Bani Yas. Cette île autrefois désertique a été réhabilitée en savane africaine. Aujourd’hui, des milliers de gazelles ou bien de guépards y vivent et plusieurs centaines de villas y ont été installées. Peut-être que cette île est davantage protégée pour la rendre plus attrayante pour leurs riches touristes plutôt que par réel intérêt environnemental, mais il reste néanmoins que c’est une entreprise louable.

Mais instaurer des parcs nationaux, ce n’est pas assez. Guillaume Blanc, historien de l’environnement et théoricien du « colonialisme vert » expliquait récemment au journal L’Echo que l’on « croit qu’en préservant, on fait quelque chose de bénéfique pour la nature. Mais cette idéologie nous exonère des dégâts que l’on cause partout ailleurs et elle nous permet de faire perdurer notre mode de vie destructeur. »

Le prix de vivre au milieu du désert

Afin de réduire le plus possible les émissions de gaz à effets de serre (GES) et autres pollutions induites par les systèmes alimentaires (plus d’un tiers des émissions mondiales de GES), il faut consommer local en plus de consommer des produits qui consomment tout simplement moins d’énergie. Ça, les Emiratis n’arrivent pas vraiment à le concrétiser puisque leur nourriture est en très grande majorité importée. Et on les comprend étant donné qu’ils vivent tout bonnement au milieu d’un désert qui n’offre que peu d’opportunités alimentaires. Néanmoins, leur consommation alimentaire représente un anti-modèle. On finit par se demander pourquoi près de 10 millions d’humains vivent ici. On me souffle dans l’oreillette que ça aurait avoir avec un certain or noir ? Justement, je crois que l’émission Questions pour un champion a déjà abordé le sujet…

Les éoliennes qui tournent au pétrole

Top ! Je suis un des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre par habitant, mon mix énergétique est composé en écrasante majorité par le pétrole et le gaz naturel, je suis le 5ème exportateur mondial de pétrole et comme source d’énergie fétiche pour la COP 28, je choisis, je choisis…

– Des panneaux solaires et des éoliennes ?

Ah oui oui oui ! C’est gagné !

Quoiqu’en dise France TV avec un surprenant – pour ne pas dire honteux – reportage mettant en lumière Dubaï comme étant une ville verte parsemée de panneaux solaires, les Emirats ne se dirigent pas vers un modèle énergétique soutenable. Leurs innovations économes en énergies ne sont permises que par leur exploitation sans vergogne du pétrole et du gaz. On remarquera aussi l’absence de l’atome dans le logo.

Dimanche 3 décembre, le président de la COP, aussi président de la compagnie pétrolière nationale, avait d’ailleurs montré un visage plus sombre lors d’un échange avec Mary Robinson, l’ancienne présidente irlandaise : « Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d’atteindre 1,5 °C. (…) Montrez-moi la feuille de route d’une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l’âge des cavernes ». Le ton est donné. L’écologisme, c’est bien mais il ne faut quand même pas pousser le bouchon trop loin ; le PIB passe avant les GES.

En effet, je ne pense pas que les hommes des cavernes se déplaçaient en avion par exemple. En revanche, les Emiratis, eux, en raffolent.

Avions et voiliers

On ne l’attendait pas vraiment au rendez-vous, mais on aperçoit en effet un avion dans ce logo qui, décidément, continue de nous surprendre. Tel la courbe du PIB, l’avion doit continuer de s’envoler. L’avion qui, rappelons-le, est le moyen de déplacement le plus polluant au monde, le carburant propre n’étant pas pour aujourd’hui et assurément pour jamais. Peut-être l’avion est-il tout simplement un clin d’œil au moyen de transport favori des participants à la COP ? Plus bas dans le logo, on trouve un voilier et une barque qui contrastent fortement avec l’avion ? Une présence hors sol qui a tout l’air de vouloir camoufler la présence de l’avion.

Harmonie et prospérité

En un mot, le logo de la COP 28 montre qu’un modèle prospère et harmonieux est possible. Que, main dans la main, nous pouvons sereinement redresser le changement de climat. Fermez donc les yeux, nous nous en occupons. Ma démonstration vient remettre en cause cette logique. Qu’y-a-t-il donc de prospère dans le fait de continuer à extraire gaz et pétrole de manière frénétique ? Où sera l’harmonie dans nos sociétés inégalitaires alors même qu’on sait que ce sont les plus pauvres qui seront le plus durement touchés ? Où est l’harmonie toujours, chez les migrants qui sont obligés de quitter leur terre à cause de conséquences du réchauffement climatique ? Si le logo était séparé de la réalité, ce ne serait pas si grave. Seulement, il représente très bien ce discours hypocrite en arrière-fond qui nie les enjeux actuels et essaie de tout régler par la technologie. Il est essentiel de ne pas couper le dialogue avec les pays les plus pollueurs – dont le nôtre fait partie – afin de les convaincre, mais cela ne nous empêche de les critiquer et de pointer leur hypocrisie.

Humanitaire, Humain à terre

Humanitaire, humains à terre ?

Humanitaire, humains à terre ?

Tout a commencé il y a un an. Fraîchement débarqué dans une école de commerce, j’entends qu’une asso étudiante y organise régulièrement des “Missions de Solidarité Internationale”. Et les destinations ne manquent pas. Un mois pour bâtir une école et rencontrer des locaux, un mois pour explorer des pays comme le Togo, un mois pour se rendre vraiment utile… Quoi de plus alléchant pour justifier une empreinte carbone légèrement supérieure à la moyenne ? Et puis, j’en discute avec une amie, qui me dit si justement : “En allant construire une école alors que tu n’en as aucune compétence, tu ne crois pas que tu vas justement prendre l’emploi de ceux qui ont cette compétence sur place ?”. Implacable.

En quête de certitudes, je me tourne vers la communauté Écolucide : l’humanitaire n’est- ce pas une vaste arnaque de plus ? Vous êtes très nombreux à répondre, et vos expériences sont diverses. Disons qu’il y a du bon, et du beaucoup moins bon. Alors essayons de faire le tri, vu que c’est écolo.

L’humanitaire, c’est un sacré fourre tout. L’humanitaire, c’est le bras armé de l’humanitarisme, qui se fonde sur le respect et la solidarité entre êtres humains. En 1864, sur le champ de bataille de Solférino, Henri Dunant, suisse de son état, est choqué de voir à quel point les blessés sont livrés à eux mêmes : la Croix Rouge est née. Elle est la digne fille de la déclaration des Droits de l’homme, où la condition d’une humanité partagée, d’une humanité blessée, dépasse les intérêts nationaux. La mondialisation n’aura de cesse d’élargir l’aide humanitaire, quitte à titiller les gardiens des frontières (les Etats). C’est la création de Médecins sans Frontières en 1971, peu après la guerre civile nigériane.

Parler d’humanitaire, c’est parler d’aide humanitaire. Et ça n’est pas tout et n’importe quoi. Primo, il faut identifier des personnes vulnérables. La vulnérabilité peut être critique et très soudaine, : c’est tout le sens de l’aide d’urgence, et le but de l’humanitaire est alors de répondre à des catastrophes naturelles ou d’origine anthropique (les guerres par exemples). Dans une acception plus large, l’humanitaire lutte aussi contre la pauvreté : c’est  l’aide au développement. Une fois les personnes identifiées, et les risques considérés, il faut alors évaluer l’assistance nécessaire, recruter des équipes compétentes pour intervenir sur place, veiller chaque jour à la bonne utilisation des fonds et à la logistique, respecter des standards, et surtout : prévoir une stratégie de sortie. Parce que tout ça ne doit pas durer éternellement.

En 1987, le Live Aid rassemble les plus grands artistes de l’époque (U2, David Bowie, Queen…) et récolte plus de 127 millions de dollars pour soulager la famine éthiopienne. Les ONG (organisation non gouvernementales), récoltent les dons à travers le monde. Et ça représente beaucoup d’argent. A la fin des années 2000,  une multinationale comme Oxfamaffiche par exemple un budget qui avoisine les 5 milliards de dollars : cinq fois plus que le PIB du Burundi à la même époque. S’il existe un certain nombre de réussites indéniables, l’aide internationale n’a pas eu que des vertus. Dans un ouvrage choc, intitulé Pourquoi l’aide ne fonctionne pas, et pourquoi il y a une meilleure voie pour l’Afrique, Dambisa Moyo, économiste zambienne, déclare même que l’aide internationale maintient l’Afrique dans la pauvreté, la dépendance encourageant en effet la corruption. Un constat que tout le monde ne partage pas, mais qui a le mérite d’appeler à une analyse plus lucide de l’efficacité d’une action humanitaire.

Il est temps de mettre les choses au clair : Si une agence vous demande de régler les dépenses et les billets d’avion pour une mission de quelques semaines, CE N’EST PAS DE L’HUMANITAIRE ! C’est du volontourisme. Et votre seule bonne volonté n’est pas un critère suffisant pour partir au bout du monde, contrairement à ce que certains voudraient vous faire croire. Partir en mission humanitaire, ça demande des compétences, une formation. Folle arrogance de certains, que de croire que du haut de leur vingt ans (peu importe l’âge), ils seraient plus apte, à donner des cours de langue, bâtir, ou administrer des soins, qu’un personnel plus qualifié qu’eux sur place.

Payer 6 000 euros pour donner un coup de peinture, remblayer, puis partir en trek, ce n’est pas de l’humanitaire. C’est d’abord du business, certains en ont fait leur coeur de métier comme Project Abroad et ses 600 salariés. Attention aussi à l’image renvoyée. Seriez vous heureux qu’un cortège de Japonais vienne distribuer de la nourriture en France et prendre deux trois photos avec des enfants (sans le consentement des familles) pour alimenter leurs réseaux sociaux ? Est ce que ça vaut vraiment le coup de cramer plusieurs tonnes de carbone pour nouer des liens avec des gens que vous ne verrez plus dans trois semaines (pas terrible pour la stabilité émotionnelle des enfants au passage) ?

Si le Cambodge est passé en 30 ans de 7 000 à 37 000 orphelins, c’est d’abord parce que certains ont compris que la compassion des Occidentaux rapporte gros. Voilà pourquoi une mission humanitaire sérieuse doit être passée au crible de toutes ses conséquences. On dit que la route vers l’enfer est pavée de bonnes intentions, alors attention. Si vous décidez de partir, privilégiez des dispositifs encadrés, comme par exemple, le volontariat de solidarité internationale. Ok, Écolucide, mais je ne veux pas me prendre la tête, je veux juste voyager, et quitte à cramer beaucoup de kérosène, autant me rendre utile non ? Outre que ce discours n’est pas très responsable, il ne faut pas faire tout et n’importe quoi. Ex : si vous comptez distribuer gratuitement vos habits de fond de tiroir, abstenez vous. Vous flinguez l’économie locale, alors achetez plutôt chez les commerçants du coin, ce sera déjà mieux.

Vous voulez aider ? Pas besoin de jouer les héros sur Linkedin avec une expérience en volontourisme. Vous ne vous différencierez que de ceux qui ne sont pas tombés dans le panneau. Faire de l’humanitaire ailleurs, c’est très exigeant, peut être trop. Alors pourquoi partir (ça vaut aussi pour le tourisme) ? Près de chez vous, des associations vous tendent les bras : Secours Populaire, Secours Catholique, Restos du Coeur, le Rocher, les Petites Soeurs des Pauvres… Et tant d’autres qui se battent pour les plus vulnérables. Aide matérielle, financière, éducative, émotionnelle : tout le monde y trouvera son compte, et l’on y fait de magnifiques rencontres. D’aucuns diront que c’est moins sexy, certes. Mais tellement plus authentique, plus durable, plus lucide… Bref, pas d’excuse pour ne pas se rendre utile.

jongle avec la terre

Qatar : un Mondial neutre en carbone ?

Cette 22ème coupe du monde n’a pas encore commencé que les articles pleuvent déjà par dizaines, voire par centaines : d’aucuns accusent la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) et le Qatar d’organiser un mondial qualifié par certains d’une « aberration écologique”. Au milieu de ce déluge, personne ne nage sérieusement à contre-courant – ou alors il se ferait vite emporter au fond de l’eau. En cela, nous faisons face à un paradoxe : alors que tous pointent d’un doigt accusateur le mondial 2022, peu voire aucune conséquence ne semble se dégager. Comme si nous décochions nos flèches vers une même cible, la raison individuelle, sans qu’elle ne daigne convertir les convictions en actions (manifestation, boycott, …). Il faut dire que de l’autre côté – pour une partie non négligeable des Français en tout cas – la passion tire la corde avec acharnement. Une passion sous stéroïdes en Europe, a fortiori cette année en France dont l’équipe est détentrice du titre de champion du monde.

Qui sème la pluie récolte le déluge

Les raisons de cette colère sont désormais bien connues : un désastre humain et moral ainsi qu’un fourvoiement total des objectifs environnementaux. Cependant, quand on parle des dérives du mondial, c’est plus souvent pour dénoncer les conditions des ouvriers – sujet toutefois très important – ayant construit les stades que pour parler du désastre écologique, du moins dans sa totalité. Ainsi, nous nous concentrerons sur l’aspect environnemental de l’événement. Et croyez-moi, un article n’est pas de trop.

Sur le plan environnemental donc, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) montre patte verte et assure que le mondial 2022 sera « neutre en carbone ». A première vue, cela fait un peu trop beau pour être vrai, mais il faut tout de même souligner que cette question n’est que très peu traitée dans les médias. Pourtant, si les dires des organisateurs sont vrais – et réalisables -, la polémique écologique n’aurait pas lieu d’être.

Dans une vidéo publiée en juin 2022, Gianni Infantino, président de la FIFA depuis 2016, appelle chacun à brandir le carton vert de la FIFA pour la planète.

Des chiffres remis en question

Selon les organisateurs, 3,63 Mégatonnes d’équivalent CO2 (MtCO2e) seront émis par la coupe du monde, dont la moitié (51%) par les transports. C’est autant que l’empreinte carbone de 440 000 Français (ministère de l’environnement, données 2020). En mesure concrète, l’on retrouve notamment la climatisation des stades (qui sont à ciel ouvert) ou bien la mise en place d’un couloir aérien entre le Qatar et d’autres pays étrangers. Selon L’Obs, un avion décollera toutes les 10 minutes.

Mais les 3,63 MtCO2e annoncés par la FIFA sont fortement remis en question, tout comme leur compensation à l’aide de crédits carbone. A l’origine de ces doutes, il y a une ONG belge. En mai 2022, Carbon Market Watch a publié un rapport mettant très fortement en doute les dires de la FIFA.

7 stades de plus dans le désert

En outre, les émissions concernant la construction des six stades permanents seraient 8 fois plus importantes. Le royaume n’accueillant que peu de matchs importants, il n’existait qu’un seul grand stade. Il a donc fallu en construire sept pour l’occasion : six permanents et un démontable.

Les émissions de GES comprennent donc logiquement les émissions liées à la construction des 6 stades permanents. Cependant, elles sont rapportées au temps d’utilisation, soit 70 jours. Ainsi, alors que la construction du stade démontable a été évaluée à 438 kt d’équivalent CO2, la construction d’un stade permanent (sans les sièges démontables) a été évaluée à 4,5 kt CO2e… Dans leur logique, les stades seront utilisés après la coupe du monde, contrairement au stade démontable (le dénommé « stade 974 » ou « Ras Abu Aboud ») ou aux sièges démontables dont la mise en place et leur désinstallation est directement et incontestablement imputable à l’évènement du mondial.

Vers des stades fantômes ?

Mais le futur de ces stades semble loin d’être radieux. En outre, quand le mondial sera terminé, l’utilité de ces stades sera remise en question. J’en veux comme preuve ce qu’il se passe déjà dans certains stades russes (cdm 2018), brésiliens (cdm 2014) ou sud-africains (cdm 2010) qui sont en difficulté financière au vu de l’absence d’activité, contrairement aux stades allemands (cdm 2006). Par exemple, un stade de 40 000 places (qui sera ensuite transformé en un stade 20 000 places) sera réhabilité comme stade d’une équipe locale auquel le stade actuel a une capacité inférieure de presque deux fois.

Ainsi, la réhabilitation des stades à posteriori de la coupe du monde est secondaire. Ce n’est qu’une conséquence du mondial et qui plus est fort instable. Néanmoins, l’on ne peut pas exclure le fait que les stades se rempliront grâce à un possible intérêt généré par cet évènement international de taille qui n’a encore jamais eu lieu dans un pays arabe. Une sorte d’« effet coupe du monde », mais, dans une certaine mesure, à retardement : D’abord, le Qatar pourrait bénéficier de l’exposition médiatique gigantesque de la coupe du monde pour attirer le public qatari et des alentours afin de renflouer les nouveaux stades. De même, des jeunes espoirs pourraient voir dans le Qatar un lieu plein de potentiel pour leur carrière professionnelle. Ensuite, les jeunes qataris, et même les jeunes arabes, pourraient bien se décider à obtenir une licence de football et agrandir de ce fait les ligues nationales.

Toujours est-il que selon Carbon Market Watch, la construction des 6 stades permanents génèrerait au total (et au minimum, car l’ONG se réfère aux stades les moins grands et donc les moins émetteurs car elle n’a pas les données pour chaque stade) 1,62 MtCO2e, soit 8 fois plus qu’annoncé.

Des crédits carbone potentiellement caduques

Cependant, même si la FIFA avait correctement évalué les émissions de GES, la compensation environnementale qui doit mener à un bilan carbone neutre serait tout de même mise en péril. En effet, les organisateurs prévoient de compenser leurs émissions en achetant des crédits carbone (1 crédit carbone = 1 tonne de CO2). Le problème, c’est que les projets bénéfiques pour l’environnement qui génèrent ces crédits sont potentiellement « non additionnels ». Si c’est le cas, ces projets verraient le jour de toute manière et la vente de ces crédits ne sera donc qu’un plus, qu’une addition. D’ailleurs, les principaux standards de certification – Verified Carbon Standard (VCS) et Gold Standard (GS) – ont exclu les projets de ce type.

De plus, le principe même de la compensation environnementale via le marché du carbone a un côté pervers. Il aurait été plus utile de chercher un moyen d’émettre un minimum de GES plutôt que de chercher à les compenser très maladroitement. De plus, ce marché ne favorise pas la transition vers un modèle plus sobre mais reste, au contraire, dans le mythe de la croissance verte.

Un choix pour le moins questionnable

Le choix de ce pays est décidemment un amas d’inepties et de contre-sens. Il a fallu construire 7 stades, des routes, des hôtels de luxe et d’autres infrastructures pour accueillir le public dans un pays très chaud et dont – comme si ce n’était pas assez – le mix énergétique est composé à 99% de sources d’énergie haut carbone (gaz et pétrole en tête). Pour tout dire, le Qatar est même classé comme l’un des pays les plus pollueurs au monde en émissions de CO2 par habitant (32,5 tonnes/habitant en 2019, Banque Mondiale). Toujours sans oublier que la condition des ouvriers au Qatar est épouvantable et que les droits humains y sont chétifs.

L’on aurait aimé pouvoir croire à une adaptation extraordinaire de la part de la FIFA, mais que nenni. Il se produit ce que à quoi tout le monde s’attendait : absolument rien sinon que des chiffres et promesses en herbe tenus de nous laisser endormis. Une question plus large apparait alors : le football international est-il compatible avec l’écologie ? Peut-il même l’être ? A en voir les rires de Christophe Galtier et de Kylian Mbappé lundi 5 septembre lorsque l’on avait soumis la possibilité de déplacements plus sobres, la réponse semble être négative. Mais qui sait, le football retrouvera peut-être la raison.

Paris Saint-Germain's French forward Kylian Mbappe leaves the bus upon his arrival before the French L1 football match between Paris-Saint Germain (PSG) and Olympique Lyonnais at The Parc des Princes Stadium in Paris on September 19, 2021. (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

Oui, les grands clubs peuvent prendre le train

Alors que le Paris Saint-Germain s’apprête à disputer son premier match de Ligue des champions contre la Juventus de Turin ce soir à 21h, une polémique touche de plein fouet l’image du club.

Contexte

Pendant une conférence de presse organisée ce lundi 5 septembre, un journaliste de LCI demanda à Christophe Galtier pourquoi son équipe ne prenait pas davantage le train. Après un fou rire partagé avec Kylian Mbappé, l’entraineur ironisa sèchement : « On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile ».

Pour certains, c’est une mauvaise blague mais pour d’autres, c’est du dédain et un mépris total envers la cause environnementale.

La polémique a pris de l’ampleur et est maintenant au cœur des débats. En sont sorties plusieurs questions dont celle de la faisabilité du déplacement en train.

Pour y répondre, il faut bien cerner le problème : l’on reproche ici au club de ne pas prendre le train lorsque c’est possible. Evidemment, il parait compliqué de se déplacer sur plusieurs centaines de kilomètres en enchainant les arrêts tout en gardant les joueurs en pleine forme pour le match (ce qui nous rappelle le côté intrinsèquement pollueur des matchs longue distance).

Une option convaincante

Néanmoins, le train semble être une option convaincante. Tout comme les aéroports, les gares sont sécurisées. Pour un budget qui, selon plusieurs estimations, est comparable à un déplacement en avion, la SNCF pourrait également mettre au service du club un train privatisé (le reste des wagons pourra notamment être rempli par des supporters officiels). De plus, si les lignes à grande vitesse sont souvent fermées la nuit pour entretien, il est possible de décaler ces travaux afin que l’équipe rentre chez elle.

Mais qu’en est-il de leur réputation d’infatigables retardateurs ? La SNCF joue en effet d’une effroyable image ce qui renforce le débat public en faveur de l’avion, jugé plus sûr. Cependant, si on prend le cas du dernier match en date, Nantes-PSG, l’avion a dû se déplacer de Nantes à l’aéroport de Saint Nazaire (12 minutes de trajet à vide) et les joueurs ont donc dû rejoindre ce dernier en bus à la suite de leur victoire 3-0 face aux Canaris. En outre, depuis le printemps dernier, l’aéroport de Nantes n’accepte plus les décollages et atterrissages de minuit à 6h afin de répondre aux protestations des habitants. Il n’est donc pas disponible de nuit…comme les gares SNCF habituellement (mais on le rappelle, elles peuvent ouvrir de nuit si un arrangement est trouvé pour décaler les travaux sur les voies).

Certaines équipes professionnelles (ici Rennes) ont déjà opté à plusieurs reprises pour le déplacement en train. Crédits : SRFC

Mais alors, qu’est ce qui coince ? Pourquoi le club français ne prend-t-il pas plus régulièrement le train ? Premièrement, il faut savoir que des négociations sont censées être en cours entre le PSG et la SNCF. En effet, le club n’est pas un fervent opposant aux voyages en train. L’équipe féminine l’emprunte d’ailleurs régulièrement. Que ce soit du fait de la SNCF ou du club, les négociations ont cependant l’air bloquées. Tout l’enjeu est donc de les redémarrer afin de trouver un accord pour se diriger vers des déplacements davantage décarbonés.

Selon une étude de la LFP, sur l’ensemble des matchs de la saison 2019-2020 de Ligue 1 et de Ligue 2, 65 % des trajets ont été effectués en avion, 31 % en bus et seulement 4 % en train.

Changer de train-train quotidien

En outre, les déplacements en train sont bien moins polluants que ceux en avion. Mais au-delà de l’impact direct de la diminution des émissions de GES, c’est tout un mode de vie qui serait remis en question. C’est symbolique. De fait, quoi de mieux pour sensibiliser la population entière à la cause environnementale que des stars de football portant un message écologiste ?

Récemment (voir article du 02/09), Vincent Lindon imaginait un grand joueur de football boycotter la coupe du monde au Qatar notamment pour raison écologique. Il semblerait bien que ce ne soit pas Kylian Mbappé...

Comme l’ensemble de la société, le milieu du football va devoir embrasser la sobriété. Mais en est-il seulement capable ? La réaction des deux membres du PSG nous envoie malheureusement un mauvais signal. Peut-être surestimons-nous alors la capacité et la volonté d’adaptation du football lui-même ? En effet, on peut s’interroger sur la compatibilité du football international, et les énormes enjeux financiers qui régissent la FIFA, avec la sobriété qui s’imposera inéluctablement.

Selon le New York Times, Gianni Infantino, le président de la FIFA, étudierait l'idée d'une nouvelle Coupe des confédérations ou d'une Ligue des nations internationale afin de générer de nouveaux revenus...et de nouvelles émissions.

Dès lors, la polémique n’est pas futile. Elle met en exergue le manque de volonté des clubs à voyager en train, le manque de couverture ferroviaire (on comprend que les clubs veulent se déplacer en ligne directe) et l’inquiétante inconscience écologique qui semble régner dans le monde du football.

D’un autre côté, la polémique a eu pour effet de lancer une réelle interrogation sur les modes de déplacement des clubs de foot. Paradoxalement, par leurs réactions particulièrement interpellantes, Mbappé et Galtier ont accéléré le débat sur la question, dévoilant peut-être leurs vrais visages. Mais s’ils s’étaient contentés de faire la langue de bois, le débat en serait resté au statu quo.

Par esprit chauvin assumé, on espère tout de même la victoire du PSG ce soir face à une Juve dont elle aurait peut-être à apprendre étant donné que le club italien s’est déjà fait remarquer en ayant conclu un accord avec Trenitalia (la société ferroviaire italienne) par le passé.

Cristiano Ronaldo dormant dans un train après la victoire de la Juventus en coupe d'Italie le 19/05/2021. Crédits : Instagram de Ronaldo
indecanicule2022

« Il fait tellement chaud, c’est intenable » : En Inde, une vague de chaleur fait rage depuis 2 mois

Sous le silence assourdissant de la plupart des médias, l’Inde est en train de suffoquer. Avec plus de 40°C parsemant son territoire ainsi que celui de son voisin pakistanais, cet épisode de chaleur extrême additionné à un important déficit pluviométrique nous apparait comme un avertissement. Telle une entrevue du futur de l’humanité. Les experts sont clairs : les évènements climatiques extrêmes vont augmenter en cadence ainsi qu’en intensité, au grand dam des populations les plus pauvres.

Températures Samedi 30 avril à 14h heure française et environ 17h heure locale. A minuit, il fera environ 27°C (prévisions) Données fournies par Windy.

5 à 7°C au dessus des normes

Alors que l’Inde est concernée par le phénomène de La Niña, (mise en place d’une anomalie froide de température), elle présente tout de même des records de températures pour le mois de mars (33,1°C). Mais depuis quelques jours, ce sont d’autres chiffres qui attirent notre attention : 43°C, 45°C …soit plus de 5 à 7°C au-dessus des normales de saison. La région est devenue une véritable fournaise, contribuant à embraser les montagnes de déchets parfois hauts d’une centaine de mètres jonchant allégrement les rues des grandes villes. Des fumées toxiques et nauséabondes s’élèvent alors, se dirigeant vers les habitats environnants.

On distingue à peine les silhouettes des habitants de New Delhi qui regardent l'incendie qui fait rage sur une décharge de la capitale indienne le 26 avril 2022. AFP

Une chaleur inégalitaire

Ces hausses de température concernent plus d’un milliard de personnes, mais ne les impactent pas de la même façon, évidemment. En outre, les ouvriers continuent de travailler sur les chantiers de construction. « Je suis payé au jour le jour, si j’arrête, je ne suis pas indemnisé », explique au Monde un maçon, sans se plaindre. Les habitants les plus pauvres paient de leur santé voire de leur vie des conséquences maintenant clairement instituées comme anthropiques.

Ces évènements de chaleur ne sont pourtant pas rares dans la région : « Il fait tellement chaud, c’est intenable. Normalement, en mars-avril, il fait doux, c’est le printemps, ce sont les mois de mai-juin-juillet qui sont très chauds. Là, il fait déjà très lourd. », expliquait une habitante de New Dehli. « C’est la première fois que je vois une telle chaleur en avril », témoignait une autre à France Info.

Près d’un quart des récoltes perdues

Loin de s’arrêter à quelques gouttes de sueur, cette canicule est meurtrière. Depuis 2010, l’AFP a décompté plus de 6 500 morts en Inde. Au-delà des pertes humaines – que l’on peut comparer à celles de la canicule de 2003 qui avait causé près de 20 000 morts en France -, cet épisode de chaleur cause bien des maux aux secteurs agricole et énergétique.

En outre, les autorités indiennes estiment que 20 à 25% des principales récoltes auraient été perdues. L’Inde pensait pouvoir exporter du blé afin de pallier le manque de production que conduit l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le climat exceptionnel a vite brisé ce rêve, mettant davantage en danger les besoins de sa propre population.

Un cercle vicieux

Aussi, la situation a créé une augmentation conséquente des besoins énergétiques indiens, faisant augmenter ces derniers jusqu’au pic encore jamais atteint de 201 066 gigawatts. Le mix énergétique de l’Inde étant composé à 75% d’énergies fossiles, (dont + de 40% de charbon), ces chaleurs extrêmes créent un cercle vicieux : plus on utilise de l’énergie, plus on devra en utiliser dans le futur. Les distributeurs d’énergie ont déjà coupé l’électricité dans plusieurs millions de foyers au Pakistan et en Inde. Et pour cause : les centrales à charbon manquent de carburant.

Mix énergétique de l'Inde (1990-2019) en térajoule. IEA. Ce pays émergent produit presque exclusivement de l'énergie à partir de méthodes fortement polluantes.

Un exemple criant

La situation actuelle est un exemple criant de la gravité des changements climatiques qui nous attendent. A cause du principe d’inertie climatique, nous sommes en partie impuissants face à la probabilité de voir ces phénomènes, aujourd’hui encore plutôt rares, se multiplier. Si des épisodes de chaleur que l’Inde se manifestaient tous les 50 ans, ils devraient désormais apparaitre tous les 4 ans selon Mariam Zachariah, chercheuse au Grantham Institute de l’Imperial College de Londres.

L’Inde devrait connaitre un mois de mai pire encore, qu’en sera-t-il de ses 1,3 milliard d’habitants ? Comment vont-ils gérer cette crise multiforme ?

Selon de nombreux spécialistes, de plus en plus d’habitants migrent pour fuir cet enfer, et cela va continuer. Pour Fabio D’Andrea, chercheur au CNRS au laboratoire de météorologie dynamique de l’Ecole normale supérieure à Paris, « le changement climatique, qui nous porte vers des températures encore plus élevées, pourrait rendre ces régions complètement inhabitables. » L’Europe aura-t-elle son rôle à jouer notamment dans l’accueil de migrants climatiques se faisant ainsi de plus en plus nombreux ?

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L’Europe peut-elle supporter un embargo sur le pétrole russe ?

La question de le dépendance énergétique est un sujet majeur en cette période de guerre. L’Union Européenne essaie tant bien que mal de se parer d’une pseudo indépendance énergétique. Du moins, elle serait capable d’atteindre ce niveau. Or, comme nous le rappelions dans un article précèdent, l’Europe est indéniablement dépendante de la Russie.

Dépendance énergétique russe en Europe par rapport à la consommation intérieure brute. Carte : Le Grand Continent.

Le « taux de dépendance »

Premièrement, il parait utile de rappeler le lien entre les importations et la consommation d’un pays. En outre, les pays qui apparaissent les plus dépendants sur la plupart des cartes partagées par les médias ne le sont pas toujours de la façon dont on l’entend. L’on parle souvent de la part des importations russes par rapport aux importations totales. L’on en voit bien vite la limite lorsque l’on étudie le cas de l’Estonie. Si ce pays importe 100% de gaz et de charbon russe, les importations de ces deux sources d’énergie ne représentent qu’1,7 % de leur Consommation Intérieure Brute (CIB). Si l’on prend seulement en compte les importations, on oublie qu’un pays peut aussi produire localement et par d’autres moyens sur lesquels la Russie a peu d’influence, tels que la plupart des énergies bas carbone. C’est d’ailleurs le cas en Estonie où la majorité de l’énergie produite par charbon provient d’entre ses frontières.

La réelle dépendance énergétique est donc mise à jour par la part des importations de sources d’énergie russes par rapport à la CIB laquelle est concrétisée par un certain « taux de dépendance » énergétique.

Le patrole en ligne de mire

Toujours est-il qu’après avoir déclenché un embargo sur le charbon russe le mois dernier – plutôt symbolique car peu d’États européens en dépendent fortement – Ursula von der Leyen cible maintenant le pétrole. Le 4 mai dernier, la présidente de la Commission européenne expliquait : « L’UE devrait renoncer aux livraisons de [pétrole] brut dans les six mois et de produits raffinés d’ici la fin de l’année ». Et d’ajouter une volonté de réduire « au minimum les dommages collatéraux pour nous et nos partenaires ».

Les conséquences pourraient effectivement être énormes dans certains pays de l’Union Européenne, qu’elles soient au niveau socio-économique ou géopolitique.

Une ligne rouge franchie

Viktor Orban, le premier ministre de la Hongrie, a déjà fait savoir que Bruxelles allait trop loin : « nous avons clairement signifié dès le début qu’il y avait une ligne rouge : l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne (…), il y a un moment où il faut dire stop ». En outre, 14% de leur CIB provient du pétrole russe (le charbon ne représentait que 0,3%). La Hongrie craint alors que les difficultés s’accumulent, d’autant plus que l’embargo sur le pétrole ouvre la voie à celui sur le gaz, dont les membres européens dépendent encore plus.

« Lorsque nous imposons des sanctions, nous devons le faire de manière à maximiser la pression sur la Russie tout en minimisant les dommages collatéraux pour nous-mêmes. »

– Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, au Times le 25 avril.

A court terme du moins, les 27 ne peuvent pas tous s’affranchir de l’or noir russe, ce qui met à mal la mise en place de l’embargo prévu par la Commission Européenne qui nécessite un accord unanime. Les États concernés cherchent donc à déroger à la règle, afin qu’ils ne bloquent pas la décision des membres les moins dépendants. Ainsi, la Hongrie menace d’utiliser son veto au cas où elle ne serait pas totalement exemptée. La Slovaquie (taux de dépendance : 16%) et la Bulgarie (14%) demandent, quant à elles, des dérogations moins radicales et d’autres États tels que la Grèce, Chypre et Malte, ont témoigné, lundi 9 mai, de la difficulté que pourrait représenter cette contre-attaque.

Le G7 gonfle les pecs

Au total, huit pays européens sont dépendant à plus de 10% du pétrole russe. Dans le même temps, Bruxelles assure faire en sorte que l’embargo soit progressif et adapté. Le 8 mai, les pays du G7 ont déjà fait savoir leur volonté d’arrêter progressivement d’importer du pétrole russe afin de « priver [Poutine] des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre. » Néanmoins, ces pays membres, à savoir l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, sont peu dépendants (excepté l’Allemagne) du pétrole russe. Cette décision ressemble alors davantage à l’embargo européen concernant le charbon russe : elle est symbolique.

Mais les pays les plus dépendants peuvent-ils se le permettre ? L’UE trouvera-t-elle de nouveaux approvisionnements en énergie ? Comment va-t-elle se sortir de cette crise ?

L’OPEP + timide

La Russie fournit près de 25 % du pétrole consommé dans l’Union européenne. Le Venezuela, le Moyen-Orient, les Etats Unis ou même la Norvège auraient pu être des solutions, seulement pour des raisons logistiques, ils ne peuvent nous soulager de notre dépendance russe.

Que dit l’OPEP+ dans tout cela ? Le cartel amélioré (dont fait partie la Russie) se montre bien frileux : la guerre en Ukraine n’étant pas source d’inquiétude pour le marché, elle ne sera pas la solution. Elle promet seulement d’augmenter sa production de 432 000 barils par jour pour le mois de juin. Un geste bien léger, témoignant d’une épée de Damoclès russe qui pèse au-dessus de l’organisation régulatrice.

L'OPEP+ nait en 2016. Aux 14 membres de l'OPEP s'ajoute 10 exportateurs de pétrole dont la Russie est le plus important.

Lorsqu’on ne veut plus dépendre du pétrole russe, il existe une autre solution si simple qu’on l’oublierait presque : baisser sa consommation de pétrole. En outre, si l’UE consommait un quart moins de pétrole, nous n’aurions plus besoin de la Russie. Évidemment, si l’on demandait à gégène de se déplacer à l’usine en vélo, il nous répondrait surement « vous voulez pas plutôt que j’y aille à cloche pied avec un bouquet de fleurs dans le derche ? ». Et il toucherait un point sensible : certains – et par extension, certains États – sont plus en difficulté face au défi de la sobriété.

– 2,7 millions de barils par jour

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a notamment publié un rapport de 21 pages expliquant par 10 actions comment réduire la consommation de pétrole en particulier dans les pays développés. A la suite du constat sur notre dépendance et sur les mauvais augures planant sur le marché pétrolier, l’agence préconise de diminuer la demande de pétrole par des « actions gouvernementales et citoyennes » et « de viser en priorité les populations les plus pauvres, ainsi que ceux dont l’activité économique dépend en partie de la voiture » afin de pouvoir les accompagner au mieux. Le secteur des transports étant essentiel pour le marché du pétrole, l’AEI s’est concentrée sur ce secteur. Parmi les 10 mesures, l’on retrouve, l’abaissement des limites de vitesse sur l’autoroute, l’augmentations des voitures électriques ainsi que l’utilisation des transports en commun. La sobriété se révèlerait-elle comme une arme géopolitique en plus d’être une arme écologique ?

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Allemagne : l’exemple d’une transition énergétique ratée ?

Vendredi 13 janvier, TotalEnergies annonçait la mise en place de son terminal d’import de gaz naturel liquéfié (GNL, aussi appelé gaz de schiste). La guerre en Ukraine a indéniablement levé le voile sur la dépendance européenne envers la Russie en matière d’énergie. Le recours au GNL, anciennement boudé par nos voisins outre-Rhin, en est une conséquence directe. Ce revirement est également très politique. En effet, il s’inscrit parfaitement dans la levée de boucliers occidentaux – et notamment européens – contre l’invasion russe.

Après avoir suspendu la mise en fonction de Nord Stream 2 (gazoduc reliant la Russie et l'Allemagne, carte ci-contre), les Allemands ont décidé d'investir 1,5 Md dans...le Gaz naturel liquéfié, et, qui plus est...du Qatar.

La guerre en Ukraine a bon dos

Mais en réalité, tout cela dépasse la guerre en Ukraine. La dépendance à la Russie n’est qu’une conséquence des politiques menées depuis 20 ans en Allemagne. Des politiques ayant pour fer de lance la transition énergétique amorcée sous Angela Merkel (2005-2021) dans l’optique de se diriger vers un mix électrique dompté par les énergies renouvelables (EnR). Pourtant, malgré une Allemagne devenue le modèle européen de l’électricité verte – 4O% (données 2021) de son électricité provient d’énergies renouvelables -, le pays affiche aujourd’hui l’une des plus haute empreinte carbone par habitant d’Europe (8,70 tonnes par habitant en 2017, 5ème plus importante d’Europe) et le prix de l’électricité le plus élevé (31 c/kWh).

Mais alors, à quoi ont servi les efforts de l’Allemagne ? Tout s’est-il passé comme prévu, ou est-ce un échec complet ? D’abord, observons l’évolution du mix électrique allemand pendant l’ère Merkel :

La part du renouvelable est passée de 11% en 2005 à 50% en 2020. Fabuleux, non ? Infographie Le Monde.

Halte là, il ne faut pas oublier de distinguer le mix énergétique du mix électrique. En outre, l’électricité n’est qu’une source de production d’énergie. D’autres, souvent fossiles, produisent directement de l’énergie, sans passer par la « case électricité » (exemples : essence, chauffage au gaz). Ainsi, en Allemagne, l’électricité compose environ 21% du mix énergétique, contre 36% pour le pétrole, 26% pour le gaz et 8% pour le renouvelable et les biocarburants (Le Monde, 2021). Ainsi, selon l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) la part des énergies bas carbone dans le mix énergétique allemand s’élève à environ 20%, dont 2% de nucléaire (voir graphique ci-dessous) . C’est moins que la France, dont le mix énergétique est composé à environ 50% d’énergies bas carbone dont 40% de nucléaire.

« L’Allemagne s’est concentrée sur l’électricité en négligeant les transports, première source d’émission de CO2. »

Cécile Maisonneuve, ancienne directrice du centre énergie de l’Institut français des Relations Internationales (IFRI). Le Monde, 2019.

L’énergie allemande reste donc majoritairement fossile. Est-ce un aveu d’échec ? Car l’objectif de toute transition énergétique est justement de mettre en place des énergies décarbonées et donc de diminuer l’importance des plus émettrices en GES. Or l’Allemagne n’a diminué la part de ces énergies que de 7 points de pourcentage environ, le nucléaire se faisant remplacer par des EnR, ne changeant quasiment pas les émissions globales de GES.

Répartition des types de productions d'énergies en Allemagne (1990-2020). Source : IEA.

Le mix électrique n’est rien de plus que le haut de l’iceberg du mix énergétique. Il est bien plus attrayant de voir que 55% d’énergies renouvelables alimentent l’électricité allemande que la dure réalité qui est celle d’un mix énergétique dominé à près de 80% par de polluantes énergies fossiles. Angela Merkel semblait l’avoir bien compris. Quelques jours après l’accident nucléaire de Fukushima de 2011, Mutti choisit de sortir progressivement de l’énergie nucléaire, acclamée par une partie du peuple allemand. Hourra ! L’Allemagne allait sortir du nucléaire afin de construire des milliers d’éoliennes et de panneaux solaires ! Oui mais voilà, ces derniers n’ont remplacé que la moitié du nucléaire allemand, qui représente encore 11% de la production électrique allemande. De plus, ces types de production renouvelable sont intermittents, et il est alors nécessaire de mettre en place des énergies pilotables, qui sont en grande partie fossiles – puisque le nucléaire n’est plus une possibilité.

Délaissement du nucléaire

Celle qu’on surnommait la chancelière du climat (Klima Kanzlerin) aurait peut-être dû compter sur l’énergie nucléaire comme un moyen de transition entre le fossile et le renouvelable, mais, hâtée par les écologistes allemands, son devoir d’incarner une figure protectrice et les élections qui approchaient, elle engagea un processus qu’on sait aujourd’hui dans une certaine mesure inefficace. Certes, la question se jouait à l’époque sur la sûreté nucléaire, et on lui aurait reproché de ne pas avoir fermé le parc nucléaire si un accident s’était produit, mais le nucléaire civil était (et est toujours) si stratégique – voire prometteur – que l’ex chancelière ne peut que remettre en question les politiques qu’elle a engagées. D’ailleurs, en 1995, alors ministre de l’environnement, Angela Merkel avait prophétiquement déclaré ceci : « sans l’énergie nucléaire, nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs en matière de réchauffement climatique ».

D’autant plus que la perte du nucléaire a rimé avec une forte dépendance, notamment envers la Russie. En outre, avant la crise énergétique actuelle, 34% du pétrole, 65% du gaz et 23% du charbon en provenait (Le Grand Continent, 2022).

« 10 ans de cette vie ont suffi à la changer en junkie. »

Telle une junkie donc, l’Allemagne doit combler ses besoins. Les relations qu’elle entretenait avec son dealeur – la Russie – étaient en train de se renforcer. Mais la Russie a voulu jouer sur un autre terrain propice à tout trafiquant, celui de la guerre de territoire. Par relation d’alliance (et non par souci démocratique au vu de son nouveau fournisseur), l’Allemagne se doit de changer de produit et de fournisseur. Quoi de plus naturel de se tourner alors vers le GNL et de se rediriger vers le Qatar !

« Manifestement la « transition » n’a pas les vertus décarbonantes que l’on peut voir mises en avant dans diverses publications institutionnelles – voire universitaires – allemandes… »

Jean-Marc Jancovici, ingénieur et fondateur de The Shift Project. (site personnel, 2013)

Une transition en double teinte

Une transition énergétique a pour but de tendre vers un modèle pérenne d’approvisionnement en énergie, autant indépendant et décarboné qu’économiquement convenable. En ce sens, l’on ne peut pas dire que l’Allemagne ait réussi sa transition. Néanmoins, ses efforts n’ont pas été vains. En effet, l’Allemagne a appris à manier la technologie du renouvelable, ce qui va inéluctablement aider le reste de l’Europe pour le développement de ces technologies. De plus, les puissances industrielles et les pouvoirs publics se concertent afin de trouver une solution commune. Ainsi, le BDI, la fédération de l’industrie allemande, a jugé possible l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, à condition d’y mettre le prix : 2 300 milliards d’euros. (Le Monde, 2022)

« Entre 2010 et 2020, nous avons réduit les émissions de 15 millions de tonnes par an en moyenne. D’ici à 2030, nous devons les réduire de plus de 40 millions chaque année. »

Robert Habeck, ministre de l’Économie et du Climat lors de la présentation ambitieuse de son plan climat, le 11/01/2022