L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur cristallise la colère des agriculteurs français, dénonçant une concurrence déloyale et un danger pour la souveraineté alimentaire, dans un contexte où leur profession est déjà en crise.
Sur quelle voie aiguiller la SNCF
Endettée, critiquée pour ses retards et confrontée à un manque d’investissements, la SNCF peine à retrouver son prestige d’antan. Alors que la concurrence s’installe, faut-il privatiser ce géant ferroviaire ou, au contraire, réinvestir massivement pour répondre aux défis écologiques et territoriaux ?
Fermeture de Watts Picardie : le mirage de la réindustrialisation
L’usine Watts de Picardie jette ses employés comme de “vulgaires Kleenex”, pour reprendre l’expression de Xavier Bertrand (LDR). Le groupe a en effet annoncé la fermeture par mail cette semaine du site de Hauvillers-Ouville, dans la quasi indifférence des médias et politiques nationaux. Nous allons voir dans cet article que c’est malheureusement une démonstration de l’échec de la politique de réindustrialisation du pays et un coup dur pour la transition énergétique.
La Mongolie: Quand Attila passe l’herbe trépasse
La Mongolie: Quand Attila passe l’herbe trépasse
Selon le Monde depuis le début de l’hiver 2023-2024 les éleveurs mongoles font face à un hiver très rude avec des températures se rapprochant de -50°.Entre 3 et 6 millions de bêtes n’ont pas passé l’hiver, certaines familles ont perdu l’intégralité de leurs troupeaux. Les éleveurs nomment ce phénomène, de plus en plus fréquent, le dzud (désastre en Mongole).
Des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes
Les éleveurs nomades Mongoles ont toujours dû faire face à des conditions de vie difficile, or depuis quelques années les températures moyennes annuelles ont augmenté de 2° et les précipitations sont plus courtes et plus intenses selon l’OMM. De plus en 80 ans les cheptels Mongols ont doublé ne permettant pas avec ces températures extrêmes, oscillant entre 40° l’été à -40° l’hiver, de renouveler les pâturages accentuant dans le sud du pays une désertification intense.
Un exode rural massif
Face à ces difficultés de nombreux éleveurs nomades décident de quitter leur mode de vie traditionnel afin de se rendre en ville pour une meilleure vie. Chaque année environ 20 000 personnes partent des steppes vers la capitale Oulan Bator. Aujourd’hui la capitale Mongole compte 1,5 millions d’habitants pour un pays d’environ 3,3 millions d’habitants. Le gouvernement est dépassé, la ville déborde et les nomades s’entassent avec leurs yourtes dans des bidonvilles. Entre 2017 et 2020 le Grand Khoural d’Etat (parlement) à interdit l’immigration interne au sein du pays.
Une capitale qui étouffe
Les migrants nomades venus à Oulan Bator ont apporté avec eux leurs yourtes dans lesquelles ils vivent. Ces habitats traditionnels ne sont pas des mieux isolés et pour faire face aux grands froids les Mongols y installent des poils à charbons pour se réchauffer. Or à Oulan Bator ce regroupement massif de yourtes entraîne l’hiver une pollution atmosphérique gigantesque faisant d’elle la seconde ville la plus polluée au monde, avec des seuils de pollution 14x plus élevés que les seuils recommandés par l’OMS.
Un équilibre difficile entre économie et environnement
Alors que l’on pensait que la Mongolie, jouissant d’importantes réserves minières, allait suivre un développement similaire à celui des quatres dragons asiatiques, celle-ci n’a jamais réussi à se hisser et stagne toujours avec un PIB par habitant de 5000 dollars par an. Son enclavement entre la Chine et la Russie a rendu le pays dépendant de ses voisins. L’exploitation des mines par des entreprises Russes et Chinoises entraîne beaucoup de pollution dans les cours d’eau devenant de plus en plus rare. De ce fait le gouvernement Mongole recherche un 3ème partenaire qui pourrait avoir les capacités de limiter son impact écologique sur le pays.
Le cas de la Mongolie est révélateur de la crise environnementale, la hausse des températures et les phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes entraînent de nombreux habitants à fuir leurs lieux de vie vers un autre entraînant une hausse de la pollution notamment à Oulan Bator. C’est le serpent qui se mord la queue. Les pays en développement sont en première ligne du dérèglement climatique, ce sont des peuples, leurs modes de vie et leurs cultures qui sont en danger.
De l’air pur à l’air taxé : comprendre la taxe carbone
« Une taxe ? Encore un obscur impôt pour renflouer les caisses de l’État ? Mouais à d’autre… »
Non, aujourd’hui, j’aimerais parler d’un outil au service de l’écologie qui gagne progressivement du terrain en Europe et qui pourrait réellement changer la donne !
La taxe carbone est un outil de gouvernance économique visant à intégrer les conséquences environnementales de nos activités industrielles. Son principe est assez simple en apparence : établir un prix pour chaque tonne de carbone émise, avec obligation pour l’émetteur de verser cette somme à l’État, ce qui se répercute ensuite sur le prix des produits et services commercialisés.
Dans une société où nous prenons désormais conscience que l’inaction face au changement climatique coûte bien plus cher que les investissements dans la transition écologique [1], l’introduction d’une telle taxe permet de réduire l’utilisation de produits ayant des conséquences néfastes pour l’environnement.
Cette taxe existe déjà dans la plupart des pays. C’est ce qu’on appelle une taxe pigouvienne, un mécanisme similaire à celui utilisé actuellement avec la cigarette, par exemple. L’efficacité de cet outil est largement soutenue, notamment par le Groupe 3 du GIEC, comme en témoigne leur dernier rapport [2], qui souligne son rôle crucial dans la réduction de nos émissions. Plusieurs organismes tels que l’ADEME [3] proposent des trajectoires de prix du carbone.
« Eh, mais attends, ça me dit quelque chose cette histoire de taxe… Ah oui les gilets jaunes, c’était pour ça ! Ouais ben franchement non merci… »
En effet, la taxe carbone est une taxe dégressive, elle affecte proportionnellement plus lourdement les ménages à faibles revenus que les plus aisés. Cette réalité a été l’une des causes de l’injustice sociale qui a alimenté la crise des gilets jaunes lorsque la France a tenté d’augmenter la taxe carbone. Mais pas de panique, il existe des solutions pour rendre cette taxe équitable.
Aujourd’hui, la tarification carbone est intégrée au budget général de l’État. Cela peut susciter des interrogations quant à l’affectation des recettes et faire passer l’écologie pour prétexte de l’État afin de s’enrichir.
La question de la justice sociale est étroitement liée à cet aspect de la taxe. La principale mesure pour aborder cet enjeu majeur est la redistribution des recettes.
Les deux stratégies les plus populaires sont les suivantes :
- L’allocation ciblée
- Le revenu climatique universel
L’allocation ciblée consiste à cibler spécifiquement les personnes bénéficiaires.
Bien qu’elle soit efficace, sa mise en place est complexe en raison du problème du non-recours [4] : certaines personnes éligibles pourraient ne pas effectuer les démarches nécessaires, maintenant ainsi les inégalités.
Cet aspect rend la deuxième mesure plus populaire.
Le revenu climatique universel consiste à redistribuer les recettes de la taxe équitablement entre chaque citoyen.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette mesure n’atténue pas l’incitation positive de la taxe carbone. Elle favorise la consommation écoresponsable tout en compensant les pertes subies par les ménages les moins aisés, contribuant ainsi à réduire les inégalités tout en encourageant la transition écologique.
Les termes « quota carbone » et « taxe carbone » sont souvent mentionnés de paire. Pourquoi ces deux approches de gouvernance ? En réalité, elles sont complémentaires et représentent deux aspects d’une même idée.
La taxe carbone implique que l’État fixe un prix pour les émissions de carbone, qu’il peut ajuster en fonction de la conjoncture économique. Elle s’applique à tous les acteurs économiques.
Pour les quotas carbone (ETS), les entreprises reçoivent un droit d’émettre une certaine quantité de carbone. Si une entreprise dépasse ses quotas, elle doit en acheter des supplémentaires sur le marché, à un prix fixé par l’Europe.
En fait, la taxe carbone et les ETS ne s’appliquent pas aux mêmes secteurs. Les quotas carbone sont destinés aux sites industriels (tels que les raffineries, les centrales, etc) qui ont une puissance supérieure à 20 MW. Les secteurs du transport, de l’agriculture et du bâtiment sont exclus du système de quotas. Le montant des ETS est fixé au niveau européen. En ce qui concerne la taxe carbone, elle cible exclusivement la consommation d’énergie fossile et est imputée lors de l’achat de ces ressources. Elle couvre donc théoriquement 2/3 des émissions humaines. Le montant de la taxe carbone est fixé au niveau national.
Les quotas carbone et la taxe carbone ont le même objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre. Alors, pourquoi utiliser ces deux outils plutôt qu’un seul ?
D’abord, car les quotas carbone découlent d’une logique difficile à appliquer aux particuliers.
Il serait par exemple compliqué de gérer un système de rechargement de carte de débit carbone.
Ensuite, leur utilisation est souvent influencée par des considérations politiques. Si l’on caricature, les partis de droite préféreront un marché du carbone, alors que les partis de gauche privilégieront généralement le principe de la taxe.
Malgré ses nombreux aspects bénéfiques pour l’environnement, la tarification carbone n’est pas une solution miracle, elle comporte des limites théoriques : Le signal prix ne résout pas toutes nos mauvaises habitudes de consommations. C’est une politique universelle qui doit être modifiée selon ses contextes d’application. La tarification carbone incite davantage à l’optimisation d’un système plus qu’à sa transformation totale [5]. Elle est difficile à mettre en place dans un contexte économique concurrentiel comme celui de nos sociétés capitalistes. Mais aussi des limites dans sa mise en application :
L’Europe distribue massivement des quotas carbone gratuit pour éviter le phénomène de « Carbon leakage » (fuite de carbone) : c’est-à-dire une délocalisation des entreprises pour maintenir un avantage compétitif. Heureusement, le MACF (taxe frontalière), prévu pour 2026, vise à résoudre ce problème majeur. Enfin, pour mesurer l’impact réel d’une tarification carbone il faut également comptabiliser les subventions accordées aux énergies fossiles par les différents États (voir la section suivante).
Aujourd’hui, les politiques de fiscalité vertes de la France sont en retard par rapport à d’autres pays européens.
- En France :
- Prix de la tonne de CO2 : 45 €
- ETS : 92 € Subvention énergies fossiles : 3,4 Mds €
- Tarification carbone x Périmètre couvert – Subvention énergies fossiles [6] : environ 10 €
- En Europe :
- Prix de la tonne moyen : 87 €
- Pourcentage d’émissions couvertes : 38 %
Paradoxalement, malgré les nombreux avantages qu’elle présente : incitation positive à la préservation du climat, valeur tutélaire pour la prise de décisions, ou encore le financement de la transition écologique, la taxe carbone reste curieusement peu abordée et relayée dans les sphères militantes écologistes ainsi que dans le débat public. Pourtant, il est plus que jamais essentiel de se conformer aux trajectoires de prix préconisées par de nombreux économistes. L’intégration du coût du carbone dans nos activités économiques est à notre portée et pourrait véritablement changer la donne dans la crise que nous traversons.
[1] Climat : l’inaction coûte plus cher que des mesures fortes, Les Echos, 30/03/21
[2] Rapport du GIEC 2022, chapitre 18
[3] Avis de l’ADEME – La Contribution Climat Solidarité – Avril 2019
[4] Les effets redistributifs de la fiscalité carbone en France, Douenne, 2018
[5] Rosenbloom, D., Markard, J., Geels, F. W., & Fuenfschilling, L. (2020). Why carbon pricing is not sufficient to mitigate climate change—and how “sustainability transition policy” can help.
[6] FossilFuelSubsidyTracker.org