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Le régime végan est-il vraiment sain ?

Depuis plusieurs années, le mouvement sans viande est apparu, en conséquence directe du développement de l’industrie de l’élevage En Occident du moins, la proportion des personnes adoptant des régimes non carnés augmente de plus en plus. En 2020, en France, ils étaient 2,2% selon l’Ifop. Pourtant, l’on en parle abondamment, d’une part pour vanter les mérites écologiques et pour la santé, et d’autre part pour décrier ce régime qui serait anormal et qui ne répondrait pas à nos besoins.

Tout d’abord, l’alimentation des Français est diverse. Et si 74% se déclarent omnivores, il est évident que tous ne s’alimentent pas de la même manière. De plus, il faut bien cerner les différentes nomenclatures de tous ces régimes. Entre végétarien, végétalien, flexitariens et autre, on s’y perd facilement. En voici quelques-uns :

  • Régime omnivore : composé d’aliments d’origine animale et végétale.
  • Régime flexitarien : principalement végétarien, mais incluant occasionnellement de la viande ou du poisson (pas de définition universelle).
  • Régime végétarien : sans viande ni poisson. On retrouve toutefois des produits d’origine animale tel que du lait.

Régime végétalien (végan) : sans aliments issus de l’exploitation animale (y compris le lait et les œufs).

C’est ce dernier qui nous intéresse : est-il adapté à l’homme ? N’y a-t-il pas de risque de carence alimentaire ?

Le saviez vous ? Il y a seulement 0,3% de Français ayant adopté un régime végetalien (végan). Étude Végétariens et flexitariens en France en 2020, Ifop.

« Pas de risques a priori »

Pour la Professeur Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), « ce régime en lui-même ne présente a priori pas de risque s’il est bien pratiqué, mais cela nécessite une vigilance toute particulière et de se faire aider par un médecin nutritionniste ou un diététicien » Et d’ajouter qu’ « un régime végétalien suivi sans connaissances peut avoir des conséquences dramatiques ». L’alimentation est un savant calcul auquel peut aussi bien répondre l’omnivorisme que le végétalisme. Néanmoins, ce dernier est plus difficile à mettre en place à l’heure actuelle du fait d’un manque de connaissance, d’une production alimentaire dirigée vers la demande en viande ainsi que de la culture française où la viande est très représentée.

Dans sa vidéo YouTube "VEGAN PENDANT 1 MOIS : J'ARRÊTE TOUT ?!", Eric Flag (coach en développement physique et mental) change radicalement de régime et livre une conclusion plutôt favorable en insistant sur le fait de notamment adapter ses apports caloriques.

Selon Santé Publique France, le régime végétalien n’est « pas adapté pour tout le monde ». Ou plutôt, les carences s’accumulent chez les plus fragiles (femmes enceintes et enfants en bas âge). Des carences pouvant cependant tout à fait être comblées par des produits alternatifs ou des compléments alimentaires. En outre, le fer, le calcium, l’iode, les vitamines D et B12 ou même les protéines ne sont pas le monopole des produits carnés. Benjamin Allès, chargé de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), expliquait à Libération en 2018 : « Une première étude aux Etats-Unis rapporte que des individus qui consomment beaucoup de produits végétaux transformés et peu de produits bruts se retrouvent avec de plus forts risques de maladies cardiovasculaires tout comme les individus qui consomment beaucoup de produits animaux transformés » (ici, une étude de juillet 2017 penche en ce sens, peut-être est-ce celle que le chercheur a mentionnée). Ainsi, il n’y a pas de régime miraculeux. Tout dépend de son application.

« Plusieurs caractéristiques des aliments ultra-transformés conduisent à penser qu’ils pourraient avoir des effets négatifs sur la santé, comme le suggèrent une vingtaine d’études épidémiologiques publiées récemment en France et à travers le monde »

Tout est question d’équilibre

A l’heure où 59% des adultes et près d’un enfant sur trois sont aujourd’hui en surpoids (IMC>25) ou obèses (IMC>30), l’enjeu sanitaire est avant tout de manger plus équilibré, ce que n’assure aucun régime en lui-même. On imagine mal expliquer qu’un enfant nourri au Big Mac est en meilleure santé qu’un autre végétalien suivi par un nutritionniste (toutes choses égales par ailleurs, évidemment).

En Europe, 59% des adultes et près d'un enfant sur trois sont aujourd'hui obèses ou en surpoids.

En résumé, le régime végan est un régime difficile à s’approprier à l’heure actuelle. Celui qui s’en saisit doit impérativement connaitre ses besoins alimentaires par le biais – du moins temporaire – d’un professionnel de la santé. Néanmoins, le régime végétalien à un autre avantage inhérent à sa nature : il exclut la consommation de produits d’origine animale dont leur production est responsable d’importantes pollutions de l’environnement notamment par le biais de gaz à effets de serre (l’élevage est responsable de 15 % des émissions de GES dans le monde).

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Les éoliennes représentent-elles un danger pour notre santé ?

Parfois désignées comme les grandes profanatrices de notre paysage, de notre faune et de notre souveraineté, les éoliennes seraient encore plus diaboliques et impacteraient notre santé. Sans renier que certaines installations sont plus impactantees que d’autres parmi un tas de facteurs objectifs pouvant détériorer notre santé, et que donc certaines luttes anti éolienne sont tout à fait légitimes, on peut remettre en cause les nouveaux dogmes farfelus d’une minorité d’anti éolien. Qu’en est-il réellement ?

Si vous habitez à la campagne, vous avez peut-être déjà vu, aux abords d’un bourg ou d’une rue passante, des panneaux protestant contre des projets éoliens qui poussent tel des champignons en France. Les éoliennes inquiètent. Concernant notre santé, deux de nos sens seraient particulièrement impactés selon certains : la vue et l’ouïe. En outre, les éoliennes, quand elles tournent (soit plus de 80% du temps selon EDF), interfèrent avec les rayons du soleil, ce qui produit un effet stroboscopique. De plus, elles émettraient des sons gênants, que ce soit par le bruit des pales qui brassent le vent ou par les infrasons qu’elles produisent.

Que prévoit la loi française ?

En premier lieu, il est nécessaire de préciser qu’un cadre législatif entoure la mise en place d’un parc éolien. La loi prévoit des études acoustique, paysagère et écologique. D’autres aspects peuvent également être étudiés, notamment la réception tv, la géologie ou les ombres portées. Aussi, doit être menée une « enquête publique avec affichage dans un rayon de 6 km autour du lieu envisagé pour l’implantation des éoliennes ». Cette consultation des riverains est une occasion d’user de son pouvoir citoyen et elle conduit souvent à la réalisation d’études supplémentaires. Néanmoins, les études sont très souvent contestées ; les habitants sont assez peu confiants quant à la justesse de ces dernières. Parfois, les résultats d’études non obligatoires ne sont d’ailleurs pas publiés.

De plus, il se pose la question de la légitimité des études. Par exemple, la géobiologie n’est pas reconnue comme étant une science (même si certains travaillent pour l’Etat). Cette technique pourrait servir à détecter les courants d’eau souterrains et palier aux risques de transmissions de courants électriques. C’est en tout cas ce qu’explique Olivier Ranchy, conseiller en géobiologie à la Chambre d’agriculture Pays de la Loire – on résume couramment son travail par l’appellation de « sourcier ». « Lorsqu’elles [les éoliennes] sont implantées dans une zone neutre sans faille ni cours d’eau, le risque est minime. En revanche, la construction d’une fondation avec 50 tonnes de ferraille et 100 toupies de béton (1 200 m3) peut entraîner des perturbations plus ou moins fortes si une veine d’eau court jusqu’au bâtiment d’élevage en transportant l’électricité », expliquait-il à Ouest France. Que l’on croit ou non à cette pseudo science, l’enjeu soulevé par le « sourcier » reste le même : mieux sonder le sous sol des projets éoliens afin de prévenir les risques liées à la santé des humains, mais aussi des animaux.

Hormis les doutes – parfois très peu fondés -, les études d’impacts et de dangers couvrent une bonne partie des effets potentiellement néfastes des éoliennes. Et pourtant, nombre de facteurs qui font l’objet de ces études continuent d’être pointés du doigt. En plus de ces études sur des cas particuliers, il faut ajouter les études et recherches à plus grande échelle. Mais, semble-t-il, qu’importe les articles scientifiques, les meta-analyses, l’humain semble plus sensible aux cas extrêmes, à fortiori s’ils sont partagés par des proches – pas plus spécialistes pour autant.

L’effet stroboscopique

Si l’effet stroboscopique produit par les éoliennes ne conduit pas directement à des problèmes de santé, il peut néanmoins être un vecteur de stress. Mais le poids de ce phénomène nous apparait bien diminué dès lors que l’on ajoute qu’il n’apparait qu’un temps réduit dans l’année du fait de la position du soleil par rapport à l’habitation. Selon le journal Le Monde, des flashs lumineux n’apparaitraient « qu’en moyenne 3/4 d’heure par jour 3 mois par an ». Soit autant que nombre d’activités gênantes, telles que sa sœur mettant de la Kpop dans la maison par exemple. On pourrait aussi ajouter qu’on s’y habitue, mais on s’habitue aussi aux défaites de Saint Étienne, sans pour autant qu’on s’en réjouisse. De plus, les pales des éoliennes devraient tourner 3 fois plus vite (et les bouts de ses pales atteindraient le mur du son !) pour que les effets stroboscopiques deviennent dangereux pour les épileptiques.

Ce phénomène est donc sur exagéré : il ne conduit pas à des problèmes de santé dont l’éolien serait novateur ou aurait l’exclusivité, sans toutefois qu’il soit un non-évènement et ne puisse pas être désagréable.

En même temps qu’elles tranchent la lumière d’Hélios, les pales des éoliennes se confrontent à une autre divinité grecque : Éole. Le lien qu’elles entretiennent avec lui est tout indiqué, puisque c’est ce dernier qui leur confère leur nom et l’énergie mécanique nécessaire à nos besoins – ou envies – électriques. Malheureusement, ce procédé est bruyant. Aux pieds d’une éolienne tournant à plein régime, les « woush » sont impressionnants (55 dB). Mais à 500m – soit la distance minimum légale entre une éolienne et une habitation – le bruit est bien moins audible (environ 35 dB ; sans compter que le volume varie en fonction de la topographie, de la végétation, etc.), et serait même moins fort qu’une conversation à voix basse selon l’Ademe. A noter que les éoliennes les plus récentes sont moins bruyantes car plus aérodynamiques. Le « problème sonore » tendrait donc à se réduire.

Ajoutons également que les chercheurs prennent très au sérieux l’installation des éoliennes et leurs conséquences sonores. J’en veux pour preuve le projet PIBE qui a pour objectif « d’améliorer les méthodes de prévision de l’impact sonore des éoliennes et d’étudier des solutions de réduction du bruit et leur efficacité, aussi bien en conditions maitrisées qu’en conditions réelles ».

Une sensibilité biologique et psychologique

Et ce n’est pas une mince affaire. En outre, nous ne sommes pas égaux face aux bruits : notre sensibilité n’est pas la même. De manière purement biologique – notre capacité à entendre – mais aussi de manière psychologique. Loin de dire que le bruit des éoliennes n’existe que dans l’imagination des riverains, il me parait probable (et des études citées plus bas le concluent de manière similaire) que plus on est soumis à un discours anti éolien, plus le bruit des éoliennes est amplifié, virtuellement. En réalité, ce n’est pas le bruit objectif qui nous gène mais notre perception de celui ci. Il pourrait même jouer le rôle de bouc émissaire ; on se plaindrait du bruit pour ne pas avoir à critiquer un autre aspect moins critiquable de l’éolienne.

La critique de l’éolien régulée selon le groupe

Critiquer le bruit est une interrogation légitime, socialement bien accueillie par tous, contrairement à la critique de l’éolienne selon l’émission de pseudos infrasons par exemple. Illustrons ce propos : imaginons qu’une personne vote régulièrement pour le FN, un parti qui se caractérise par une approche extrêmement critique des éoliennes et plus encore de la technologie éolienne elle-même. Un jour, cette personne apprend qu’un parc éolien est en projet à côté de chez elle. Il lui faut réagir, et il est bien plus tolérable d’arriver dans le débat avec l’argument du bruit ou de l’esthétique qu’avec celui, bien plus politique et radical, qui conviendrait à bannir tout projet éolien, où qu’il soit construit.

Pour continuer à débattre et donner son opinion entre pairs et ne pas paraitre trop éloigné, trop extrême, il est préférable de s’adapter et d’opter pour une réponse mieux acceptée – mais pas moins contestable. En somme, il existe une sorte de contrat implicite entre tous les membres du groupe qui définit les critiques acceptées. Mais nous nous éloignons quelque peu du sujet ; retenons ici que le bruit ou l’esthétique ne sont parfois pas les réelles inquiétudes des individus. Parfois, on peut pointer du doigts d’autres nuisances induites par les éoliennes, des nuisances qui font l’objet de bien peu – voire pas du tout – de reconnaissance scientifique.

Infrasons nocifs

Ce qui inquiète parfois davantage dans les chaumières, ce n’est pas ce qu’on entend, mais ce qu’on n’entend pas. Paradoxal ? Point du tout ! Il faut savoir que, comme de nombreux appareils de la vie courante (machines à air conditionné, frigos, voitures, subwoofer, …) et même à la manière de la nature (tonnerre, vagues, tornades, vent…), les éoliennes produisent des infrasons, des sons inférieurs à 20 hertz. Bien qu’inaudibles, nous pourrions en subir les conséquences. Mais comme le rappelait l’institut national de recherche et de sécurité (Inrs) en 2006, « les effets physiologiques des infrasons, comme ceux de tous les bruits, dépendent du niveau reçu ». C’est surtout le monde du travail – et plus précisément le milieu ouvrier, là où les usines contiennent de nombreuses machines émettrices d’infrasons – qui serait impacté. Les éoliennes sont loin d’avoir le monopole des infrasons ; dans un village de Saône-et-Loire, on ne sait même pas ce qui provoque les infrasons. Mais à la différence de l’océan ou des usines par exemple, les éoliennes touchent à un domaine plus sensible, celui du privé et de la campagne. D’ailleurs, c’est souvent un critère d’installation : la campagne est réputée pour être silencieuse en contraste avec la ville bruyante. Le moindre soupçon d’infrason est donc rendu intolérable, d’autant plus que l’éolienne « envahit », à contrario de la mer, du vent dans les arbres ou des machines dans les usines qui précèdent notre venue. De ce point de vue, l’éolien est davantage comparable à la voie express.

Néanmoins, avec l’avènement des éoliennes, on s’est légitimement demandé quelle conséquence les infrasons que ces dernières produisent pourraient avoir sur notre santé. On peut d’ailleurs préciser que si « éolienne » semblent être le terme le plus usité pour parler de ces installations, certains opposants préfèrent parler de « machines industrielles » afin de contraster avec l’image écologique et toute verte que l’on pourrait s’en faire. Oui, l’éolienne est une machine en plein air, mais leurs conséquences sont-elles similaires à celles que subissent les ouvriers par exemple ?

Le syndrome éolien

Des études ont donc été menées afin de déterminer si les éoliennes provoquaient des troubles physiologiques sur les habitants à proximité.

En 2009, le Docteur Nina Pierpont autopublia une étude aussi erronée que bouleversante intitulé Wind Turbine Syndrome: A Report on a Natural Experiment, lequel mettait en lumière 12 symptômes qui, regroupés, forment le syndrome éolien (ou Wind Turbine Syndrom, WTS). Si elle n’a jamais été publiée dans une revue scientifique et validée par d’autres scientifiques, cette étude a joui d’une importante popularité chez les anti-éoliens, qui brandissent l’ouvrage sans cacher leur joie de pouvoir citer un docteur. Le gros problème de cette étude est la méthodologie. L’étude s’est seulement concentrée sur 10 foyers, soit 38 individus qui ont été confrontés à des éoliennes. Il a été étudié leur situation avant, pendant et après leur exposition aux éoliennes. Dans ces familles, au moins une personne devait, entre autres, « être gravement affecté par le fait de vivre près des éoliennes et devaient avoir pris des mesures drastiques pour se protéger de l’exposition aux éoliennes ». Nina Pierpont a donc délibérément choisi des personnes convaincues de la responsabilité des éoliennes sur leur état de santé.

En plus d’être basée sur une méthodologie plus que douteuse donc, l’étude s’appuie sur une explication simpliste : les éoliennes sont nocives car quand les habitants partent de leur domicile, ils n’ont plus de symptômes. Mais en lisant l’article de L’Inrs cité plus haut, une phrase retient notre attention et viendrait casser le sophisme précédemment présenté : « La rémanence des symptômes a été notée, alors que la source est supprimée, les sensations de malaise peuvent perdurer quelque temps ». Autrement dit, les effets des infrasons peuvent durer dans le temps et ne disparaissent pas caricaturalement dès qu’on sortirait d’une soi-disant zone polluée. De plus, selon l’Académie nationale de médecine, ces fameux symptômes « ne semblent guère spécifiques et peuvent s’inscrire dans ce qu’il est convenu d’appeler les Intolérances Environnementales Idiopathiques [IEE] ». Ces dernières définissent en fait les « symptômes récidivants non spécifiques attribués à une faible exposition à différentes substances fréquentes dans l’environnement » et sont souvent liées à l’hypersensibilité aux champs électromagnétiques. Rien de spécifique aux éoliennes donc.

Pourtant, Nina Pierpont se permet de tourner en dérision ceux qui se moquent de son syndrome éolien, parce qu’ils ne sont ni scientifiques et qu’ils n’habitent pas « dans l’ombre d’éoliennes ». Selon sa logique donc, seuls les spécialistes auraient leur mot à dire ; ces mêmes spécialistes qui renient en masse son travail – quoiqu’en disent les commentaires positifs au début de son ouvrage.

Le 8 juillet 2021, le tribunal de Toulouse a même reconnu ce syndrome éolien, donnant raison aux plaignants qui se disaient en proie à des nausées, saignements de nez, et même à des pertes de connaissance. Cette décision provoqua un tollé, mais fut considérée comme une réelle victoire chez les anti-éoliens qui espèrent qu’elle fera jurisprudence.

Des études plus sérieuses

En réalité, la majorité des études un tant soit peu scientifiques sur le sujet conclut que les éoliennes sont inoffensives de par la faible puissance de leurs infrasons. La gêne proviendrait davantage de points de vues conscients ou inconscients, comme semblent le prouver de nombreuses études.

« Aucune association claire ou cohérente n’est établie entre les sons émis par les éoliennes et toute maladie ou tout autre indicateur d’effet néfaste sur la santé humaine »

Massachusetts Institute of Tecnology (MIT), 2014.

D’après deux études françaises récentes (2017) respectivement dirigées par l’Anses et l’Académie nationale de médecine, la question pâtit tout d’abord d’un manque de connaissance scientifique quant aux effets des infrasons éoliens, ce qui laisse le champ libre à divers élucubrateurs. Dans son rapport, l’Anses remarque en effet que « les sources secondaires [articles de presse, chroniques radio, livre, etc.] sont nombreuses alors que le nombre de sources primaires [étude scientifique, enquête, etc.] qu’elles sont censées synthétiser est limité. » Et d’expliquer que « cette particularité, ajoutée à la divergence très marquée des conclusions de ces revues, montre clairement l’existence d’une forte controverse publique sur cette thématique ». Les éoliennes inquiètent beaucoup alors que le sujet ne fait pas vraiment débat au sein de la communauté scientifique.

« [Les « symptômes éoliens »] correspondent cependant à un ensemble de manifestations pouvant être consécutives à un stress, à la perte de sommeil, qui peuvent devenir handicapantes pour le sujet qui les ressent. »

Rapport de l’Anses, 2017

Dans une étude allemande joliment dénommée Machbarkeitsstudie zur Wirkung von Infraschall (2014), l’Agence fédérale de l’environnement explique qu’« à ce jour, il n’existe pas de connaissances scientifiquement établies prouvant un impact négatif des infrasons en dessous du seuil de perception [100 dB(G)], même si de nombreux articles de recherche postulent des hypothèses en ce sens ». Ainsi, la pseudo nocivité des éoliennes tiendrait… en des hypothèses. Rien de prouvé donc.

Un effet nocebo

Les deux études françaises constatent également un effet nocebo : les habitants créent inconsciemment leurs symptômes à cause d’informations qu’ils pensent vraies. « En d’autres termes, la crainte de la nuisance sonore serait plus pathogène que la nuisance elle-même », conclut l’Académie nationale de médecine (page 11 du rapport de 2017 précédemment cité). Une étude australienne à grande échelle de 2013 explique par exemple qu’un individu vivant à moins de 5 km d’un parc éolien sur 250 s’est déjà plaint des éoliennes. Parmi ce faible pourcentage, 72% mettent en cause un parc éolien directement visé par des groupes anti éoliens. La plainte serait donc le fruit non pas de l’éolienne, mais du discours autour de cette dernière. De plus, une étude néozélandaise menée en double aveugle conclut très clairement que plus un individu s’attend à être impacté de manière négative par les infrasons, plus il le sera, alors même lorsque ces mêmes infrasons n’entrainent aucune gêne chez celui étant non conscient de la pseudo dangerosité des infrasons éoliens. Une autre étude menée par la même chercheuse, Fiona Crichton, psychologue de la santé à l’université d’Auckland, conclut que les symptômes dits « éoliens » peuvent être atténués voire supprimés une fois que l’individu atteint est au fait de l’effet nocebo ainsi que de la non-nocivité des éoliennes.

La France abrite également RIBEolH, un projet d’étude qui a récemment débuté et qui a pour but d’évaluer « les effets sur la santé du bruit audible, en particulier des sons basse fréquence (SBF), et des infrasons, émis par les éoliennes ».

La santé est multiforme

Fiou, vous voilà maintenant abreuvés d’études scientifiques. Et leur constat est quasiment unanime. Néanmoins, ces dernières n’ont d’yeux que pour les infrasons : aucune ne parle de gêne plus indirecte. Aucune ne mesure précisément la peine éprouvée par les riverains des éoliennes, une peine qui n’est pas forcément visible, pas nécessairement physique. On oublie trop vite que la santé est multiforme :

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

Définition de la santé de l’OMS.

Le bruit, les infrasons et l’effet stroboscopique ne sont pas les seules conséquences des éoliennes. Certes elles sont les conséquences les plus directes, mais il en existe de bien plus indirectes et sournoises. On peut penser, par exemple, à la dévalorisation du bien du fait de la proximité du domicile avec un parc éolien. Ou bien même du fait que l’éolienne nuise au paysage. Pour un riverain, il est clair qu’une perte d’argent accompagné par un paysage moins beau, ça ne peut pas être positif. Encore faut-il prouver cette pseudo baisse – alors qu’on parle plutôt d’impact « quasi nul » – et expliquer en quoi une éolienne rend la vue si moche, ce qui est un critère totalement subjectif…

Jusqu’au complotisme

Au bout d’un certain moment, la méfiance vis-à-vis des scientifiques et de leurs conclusions devient fatiguant, et cela peut même aller jusqu’à du complotisme. Il fallait bien mettre un mot là dessus. C’est sûr que l’organisation d’un complot expliquera bien des phénomènes inexpliqués : si la science dit que les éoliennes ne sont pas si nocives que ça, ce serait parce qu’ils mentent ou plutôt qu’« on » les fait mentir. D’accord, si on veut, mais le débat sort alors des sentiers battus : comment débattre sans d’autre preuves que les conclusions d’un pseudo scientifique dont la méthodologie est totalement foireuse ? Et bien on ne peut pas. La seule solution est de tester scientifiquement nos hypothèses. Si elles ressortent du bain méthodologique, alors tant mieux, sinon eh bien tant pis. Les résultats des études que je vous ai présentées ont tous résisté à la méthode scientifique. Et les enseignement de ces dernières indiquent entre autres une proéminence des discours sur les faits concernant le danger éolien.

Bien loin de moi toutefois l’idée de dire que, puisque dire du mal des éoliennes nous tourmente, il faut se bâillonner et prendre la pilule bleue. Au contraire, cet article a pour dessein de traiter la question sanitaire avec sérieux et honnêteté. C’est cette réflexion qui me mène à penser qu’en fin de compte, la vraie nocivité des éoliennes se terre dans un débat public houleux et non-scientifique plutôt que dans ses infrasons ou ses ombres. La plus grande menace que notre santé subirait serait-elle du fait des contestataires qui s’arment de concepts fallacieux ?