Ce n’est pas commun de voir un pays annoncer la création d’une nouvelle capitale. L’ancienne capitale Jakarta, située sur l’île de Java, a connu un développement urbain très rapide dans les années 2010. Elle accueille près dix millions d’habitants à l’intérieur de ses limites administratives, un nombre qui triple lorsque l’on considère tous les habitants de l’aire urbaine.
La métropole javanaise est engorgée et très polluée, comme beaucoup de villes qui se sont développées rapidement. De plus, la demande accrue en eau nécessite un prélèvement massif dans les nappes phréatiques, l’imperméabilisation du sol complique l’infiltration et le ruissellement des eaux de pluies. Enfin, le poids des gratte-ciel accroît les charges pesant sur le sol de Jakarta. Du fait de tous ces facteurs, la ville s’enfonce environ de vingt-cinq centimètres par an. Si l’on combine cela avec la montée des eaux dûe au changement climatique, une partie de l’espace urbain se trouve désormais sous le niveau de la mer.
Un rapport de Greenpeace datant de 2021 mettait en garde contre des crues pouvant submerger Jakarta dès 2030. D’autres experts affirmaient quant à eux qu’un tiers de l’île abritant Jakarta serait submergée d’ici 2050.
Face à cet état de fait, le président indonésien Joko Widodo décide en 2019 de déplacer la capitale, suite à l’approbation du projet par 8 des 9 partis politiques siégeant au Conseil représentatif du peuple. C’est l’est de la partie indonésienne de l’île de Bornéo (Kalimantan) qui est retenue pour accueillir cette ville-nouvelle, notamment pour sa proximité avec le centre géographique de l’archipel. Le projet est alors évalué à 35 milliards de dollars américains, financé à 80 % par des investisseurs privés.
Le président met également en avant la volonté de réduire les inégalités territoriales du pays. En effet, l’île de Bornéo ne contribue qu’à 8% du PIB contre plus de 55% pour l’île de Java.