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L’EPR de Flamanville, le nucléaire au vert !

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné, mardi 7 mai 2024 son feu vert à la mise en service future de l’EPR de Flamanville. Cet événement historique est une grande nouvelle pour la filière nucléaire française qui peut se garnir du réacteur nucléaire le plus puissant au monde.

L’EPR de Flamanville, le joyau du fleuron nucléaire français

Tout d’abord, ce qu’on appelle un EPR (« European Pressurized Reactor », devenu « Evolutionary Power Reactor ») est un système de production d’électricité dégageant environ 1 660 mégawatts de puissance nette. Ce réacteur nucléaire utilise ce qu’on appelle la fission nucléaire, un phénomène par lequel le noyau d’un atome lourd instable (uranium, plutonium) se désintègre en plusieurs noyaux plus légers en éjectant un neutron avec un dégagement d’énergie très important et de l’eau mise sous pression pour produire son énergie. Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) classe l’EPR comme un réacteur de troisième génération. Il est présenté comme un réacteur évolutionnaire de génération 3+ par son constructeur, l’industriel français Framatome. Il existe à l’heure actuelle 3 réacteurs EPR en service dans le monde. Deux d’entre eux se trouvent en Chine (à Taishan) et un en Finlande (à Olkiluoto). Ludovic Dupin, journaliste économique et scientifique, évoque l’importance de la mise en place de ce réacteur dans l’armature nucléaire française. Selon ce dernier, l’EPR est le réacteur nucléaire le plus puissant au monde. Il dégage une puissance de 1650 mégawatts et il n’y a pas d’équivalent aujourd’hui sur la planète (1550 mégawatts pour l’EPR de Taishan).

Un réacteur sûr et protégé

En effet, l’EPR de Flamanville dispose de qualités remarquables. Ce réacteur apporte un meilleur rendement que les réacteurs actuels (réacteurs de deuxième génération à eau sous pression appelés REP). Pour bien comprendre, le parc nucléaire français (56 réacteurs) produit aujourd’hui 350 térawattheures. Un EPR comme celui de Flamanville développe au maximum 14 térawattheures. De plus, quatre systèmes redondants contrôlent la sûreté du

système et notamment du réacteur. Un seul suffit à empêcher des dérives potentiellement dommageables. Les probabilités d’un accident grave ont ainsi été réduites considérablement au point d’être dix fois plus fiables par rapport au dernier modèle (palier N4) des réacteurs construits en France, déjà considéré comme très sécurisé. Une double enceinte protectrice de béton de 2,6 mètres d’épaisseur protège le réacteur et confine toute la matière nucléaire à l’intérieur. Cette protection conçue pour résister à des accidents internes protège aussi le réacteur de toutes les atteintes extérieures, telles que des chutes d’avions.

l’EPR de Flamanville, un chef d’oeuvre de technologie inespéré

La conception de L’EPR de Flamanville a été décidée pour accroître la compétitivité de l’électricité nucléaire française et remplacer les réacteurs de deuxième génération vieillissants. La durée de vie attendue de l’EPR est longue (60 ans) et sa conception est fondée sur des technologies éprouvées et d’ores et déjà disponibles. Par kWh produit, l’EPR consomme de 7 à 15 % d’uranium en moins que les réacteurs de seconde génération. De plus, il peut employer du combustible MOX recyclé à hauteur de 100 %. Cela engendre une réduction d’approximativement 10 % de la quantité de déchets à vie longue (éléments radioactifs à vie longue) produite par kWh (3). Toutefois, tout n’a pas été parfait. EDF, en charge de la maîtrise d’œuvre de la construction de l’EPR de Flamanville, a connu des complications multiples et coûteuses. En effet, la finalisation de cette EPR dernière génération devait avoir lieu il y a près de 12 ans. De nombreux défauts mécaniques, humains, matériels et de conception ont déjoué les pronostics, provoquant un coût total de 19 milliards selon un rapport de la Cour des comptes.

Un réacteur nucléaire à la pointe de la technologie !

L’heure est à la joie pour le nucléaire français ! Christine Goubet-Milhau, présidente de l’Union française de l’électricité (UFE) évoque l’importance de la mise en place de l’EPR de Flamanville pour la souveraineté énergétique française. Ce choix s’inscrit dans le cadre de l’objectif national de développement d’un mix énergétique bas carbone qui repose sur plusieurs technologies, à savoir le nucléaire, l’hydraulique et le renouvelable. Selon elle, le raccordement est le « début d’une série pour préparer la période 2035-2050 puisque notre parc nucléaire mérite d’être renouvelé ». En outre, le réacteur de 1 600 mégawatts permettra d’alimenter près de trois millions de ménages.

EPR 2 : l’avenir du nucléaire français ?

Le réacteur de modèle EPR 2 est une version moderne de l’EPR de Flamanville. Doté de la même puissance, il est présenté comme un réacteur nucléaire EPR « classique » mais disposant d’un renforcement dans l’optimisation de sa conception et dans son développement. Il est moins cher et plus facilement opérationnel Emmanuel Macron vise à créer 6 nouveaux EPR d’ici 2050 sur le territoire national, assurant ainsi une souveraineté énergétique pour les siècles à venir. Selon EDF, L’EPR 2 utilise toute la la technologie EPR, tout en prenant en considération les avancées technologiques en la matière via le retour d’expérience accumulé sur les chantiers et l’exploitation des EPR dans le monde (Flamanville 3, Taishan et Hinkley Point C) et l’exploitation du parc nucléaire français.

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Mine de Lithium en France : on touche le fond ou au but ?

Mine de Lithium en France : On touche le fond ou au but ?

La mine de Lithium à Echassières : nouvel Allier de l’écologie?

À Echassières, dans l’Allier, un important gisement de lithium a été découvert il y deux ans.  En 2028, un grand projet d’exploitation minière devrait démarrer à l’initiative de la société française Imérys. Ce projet, à plus d’1 milliard d’euros d’investissements, devrait créer plus de 1600 emplois dans la région.

L’objectif de l’entreprise est clair : rendre la France souveraine et indépendante en ressources énergétiques. En effet, les 1600 emplois créés sur une trentaine d’années sont une aubaine pour ce département qui fait partie des plus pauvres de France. Selon l’insee, 15,5 % de ses habitants vivant sous le seuil de pauvreté fin 2011. L’augmentation de cette précarité touche  surtout les jeunes, qui peinent à entrer sur le marché du travail, et les familles, notamment monoparentales.

Le développement de la plus grosse mine de lithium d’Europe : objectif stratégique majeur ?

Le lithium est utilisé aujourd’hui pour construire des batteries qui font fonctionner nos téléphones et nos voitures électriques.  97% de la production de lithium est assurée par des pays hors Union Européenne. Les premiers pays exportateurs de lithium sont notamment l’Australie avec plus de 30% de la production mondiale, suivi de près par la Chine (environ 25%). Cette dépendance est accrue en raison que le seul pays exportateur de lithium en Europe, le Portugal, peine à  répondre aux commandes urgentes des pays européens comme la France ou l’Allemagne. L’interdiction de la construction de voiture à essence d’ici 2035 au sein de la zone de l’Union Européenne crée de nombreuses tensions géopolitiques et économiques.

Un projet en dents de scies

Le projet se présente comme exemplaire avec la mise en place d’une mine en souterrain pour limiter les nuisances sonores et les poussières. Il met toutefois en péril la biodiversité du département de l’Allier. En effet, le Département de l’Allier se caractérise par une diversité exceptionnelle . Il compte ainsi de nombreuses espèces d’intérêts, protégées sur le plan national et européen, avec par exemple la loutre, le castor, le saumon, Son plus grand représentant, la rosalie des Alpes, une espèce d’insecte coléoptère vivant exclusivement dans ses bois, est directement menacé par les travaux de la société française. La destruction de plusieurs centaines d’arbres met en péril l’habitat naturel de cet animal en voie de disparition.

Un désastre écologique assumé ?

Pour faire des économies d’eau, l’entreprise a déclaré se servir d’une partie des eaux usées avec l’aide de la station d’épuration de Montluçon. En effet, l’entreprise promet toutefois de limiter les quantités totales d’eau nécessaires grâce à son procédé de recyclage qui garantirait de réutiliser 90% des volumes puisés. «On ne prétend pas que la mine n’aura pas d’impact sur l’environnement, résume Alan Parte. En outre, la boite française prévoit de consommer 1,2 million de mètres cubes par an, essentiellement en s’alimentant dans la Sioule, la rivière voisine.

L’arsenic : un danger sous-estimé ?

La grande concentration de métaux lourds comme l’arsenic dans les sous sols de la région serait susceptible de présenter un «risque très significatif pour la santé humaine et l’environnement». En effet, la présence d’arsenic à proximité de la future mine de lithium pourrait modifier l’écoulement des nappes souterraines. L’eau risque d’être pollué par les résidus de métaux toxiques jusqu’ici emprisonnés dans la roche. Ainsi, l’extraction du lithium dans la mine pourrait dissiper des particules d’arsenic dans l’atmosphère, favorisant les risques de cancer de la peau.

Une autre solution est-t-elle possible ?

Le lithium n’est peut-être pas la solution ! Pour preuve, Tiamat, une start-up amiénoise issue du CNRS, développe des batteries à base de sodium, nettement plus abondant. Le sodium est en effet le sixième élément le plus abondant dans l’écorce terrestre. En outre, la facilité à trouver des matières premières dans la nature notamment par ses faibles coûts d’extraction et une utilisation limitée d’énergie, fait du sodium un élément à faible impact environnemental. Néanmoins, l’un des principaux inconvénients des batteries au sodium est leur faible densité énergétique. Les batteries au sodium ont encore une densité assez faible, entre 140 Wh/Kg et 160 Wh/kg, par rapport à 180 Wh/Kg – 250 Wh/Kg pour les batteries lithium-ion.

Finalement, un projet qui fait grise mine ?

Aujourd’hui, le sujet reste au cœur des préoccupations. En effet, la loi prévoit que la Commission nationale du débat public (CNDP) soit saisie dès lors qu’un projet dépasse 600 millions d’euros d’investissement. Concernant la rentabilité du projet, les coûts de production de l’hydroxyde de lithium français devraient se situe entre 7 et 9 euros le kilo. Le prix de vente du lithium est actuellement autour de 70 euros le kilo. Sur ces niveaux de prix, le chiffre d’affaire annuel généré par cette seule mine devrait approcher 2,4 milliards d’euros. Le projet devrait donc être très rentable, en dépit de l’amortissement de l’investissement. Toutefois, ce projet reste en suspense en raisons des nombreuses contestations des écologistes sur ce « désastre écologique programmé ». Quoiqu’il en soit, l’avenir de ce projet semble être une magnifique opportunité pour pouvoir enfin rendre la France indépendante et souveraine concernant ses besoins énergétiques.

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L’autoroute A69, une voie sans issue ?

Définissez le titre sur wordpress, pas ici.

Un projet controversé ?

C’est la polémique du moment. Le projet de l’autoroute A69, visant à relier Toulouse et Castres par une autoroute d’une cinquantaine de kilomètres, est né il y a une quarantaine d’années. Ce projet résulte de la demande des Sud-Tarnais qui reprochent à l’Etat un désenclavement de leur territoire. En effet, les habitants de Castres pointent le fait que leur ville reste l’une des seules agglomérations de plus de 100 000 habitants à ne pas être reliée à la capitale régionale par une autoroute. Le projet début finalement le 6 mars 2023 et doit se conclure en 2025

Une autoroute nécessaire ?

Au regard des problématiques environnementales et d’aménagement du territoire, ce dilemme cornélien est un véritable casse-tête écologique et politique.  Pour rappel, la création d’une autoroute entre Castres et Toulouse à été approuvée selon un sondage Oxford, par 75% des habitants du Sud-Tarn. En effet, selon les dires du sénateur de Haute-Garonne et vice président de l’aménagement du territoire au Sénat Pierre Médeviell :  » l’enjeu c’est le désenclavement de tout le sud du Tarn ». Castres à effectivement connu un gros développement économique.  Toutefois, le sénateur affirme que « la liaison avec Toulouse est indispensable pour désenclaver le territoire ». 

Par ailleurs, les défenseurs de l’autoroute A69 estiment que l’autoroute présenterait un avantage important notamment avec le renforcement de la sécurité de la route ( décriée comme dangereuse par ses habitants) et un gain de 25 minutes de trajet.

Une aberration écologique ?

Toutefois, si l’argument du désenclavement du territoire des Sud-Tarnais est audible, A69 reste décriée par la plupart des spécialistes et associations écologistes comme un désastre environnemental programmé par l’Etat. En effet, le projet génère une contestation virulente, notamment à cause du tracé de l’autoroute. Cette dernière empiète sur plusieurs zones humides et prévoit la perte de 300 hectares de terres agricoles

Le collectif « La Voie est Libre » estime que la construction de l’A69 « pourrait entraîner une forte demande en eau, et ne prendrait pas en compte la sécheresse actuelle et à venir. » 

 L’A69 : un mal pour un bien ?

Du côté des défenseurs du climat, le projet ne passe pas. En outre, Thomas Dossus, le sénateur écologiste – Solidarité et Territoire du Rhône, redoute que la nouvelle voie puisse avoir des conséquences désastreuses sur le remplissage des nappes phréatiques en raison de la couverture bitumée de la route. Il affirme également que les trente minutes gagnées par la création de l’autoroute seraient un chiffre galvaudé, se rapprochant davantage de quinze minutes économisés.

Côté opposition, le concessionnaire privé Atosca qualifie le projet d’exemplaire en terme de respect environnemental et de créations d’emplois. Son directeur général, Martial Gerlinger, affirme que l’emprise du sol à été réduite de 380 à 300 hectares, et assure que 100 hectares seulement seront artificialisés.

 

Pour un changement de modèle plus responsable

 

L’étude environnementale menée en 2022 est claire : « le projet, qui favorise les déplacements quotidiens en voiture et camions et consomme beaucoup de terres agricoles et naturelles, ne concourt pas au respect de nos engagements internationaux en matière environnementale.

Si l’opposition au projet est perçue « comme une injustice pour les Castrais » selon Pierre Médevielle, il n’en reste pas moins que le modèle de voiture comme un moyen de désenclavement du territoire doit être foncièrement revu, « au risque de préparer les futurs gilets jaunes » (Thomas Dossus, sénateur écologique de la région).

Au regard du prix de l’essence qui ne cesse dangereusement d’augmenter et des conséquences écologiques dangereuses ( pénuries d’eau, sécheresse, urbanisation à outrance), le projet de l’A69 ne doit pas nous faire oublier qu’il existe d’autres alternatives pour désenclaver écologiquement les territoires oubliés de la république ( développement de voies ferrés, co-voiturage, métros..)

Défendons notre terre !

Le besoin perpétuel de la voiture comme unique moyen de locomotion ne doit pas nous faire oublier de prendre conscience de la fragilité de notre environnement à l’aube des sécheresses récurrentes et du dérèglement climatique ambiant.

L’autoroute A69 révèle ainsi notre incapacité collective à trouver des solutions écoresponsables sérieuses et cohérentes pour le bien commun des Sud-Tarnais et de l’environnement. L’assèchement de plus en plus excessif et le rétrécissement des terres cultivables et exploitables pour gagner quelques minutes de trajet doivent nous interroger sur la manière dont nous voulons préserver emploi et climat. 

Posons nous les bonnes questions avant qu’il ne soit trop tard.