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Pourquoi défendre la biodiversité ?

Il est encourageant de voir que les questions environnementales sont devenues beaucoup plus communes dans les médias de notre pays. 

Il y a  toutefois une sérieuse ombre au tableau : les principaux ensembles de  problématiques sont loin d’avoir le même poids médiatique. En effet, si les  questions d’émissions de carbone et de dérèglement climatique ont vu leur  représentation médiatique exploser ces dernières années, les questions de  biodiversité restent globalement boudées. C’est pourtant un sujet d’une  importance cruciale sur bien des aspects.

Biodiversité : de quoi s'agit-il ?

Comme pour toute chose, il est préférable de commencer par définir ce  dont nous allons parler. Mais définir la biodiversité n’est pas une tâche si aisée,  en raison de la multitude de définitions sérieuses différentes. Celle qui fait, en  général dans le monde biologiste, le plus consensus est celle de Lebreton de  1998 : “quantité et qualité de l’information contenue dans tout biosystème, de l’ADN aux paysages en passant par les espèces, les peuplements et les  écosystèmes”.

Vous l’aurez compris, la biodiversité est étudiée sous toutes ses formes,  qui sont très diverses et variées.

Pour y voir plus clair, les écologistes ont collectivement décidé de se concentrer sur trois niveaux de biodiversité, plus pertinents que les autres :  génétique, taxonomique et écosystémique. Il s’agit respectivement de la  diversité et de la distribution de l’information génétique (gènes, allèles…), des  taxons (espèces, genres…) et des écosystèmes (habitats, niches écologiques…). 

Il existe également de nombreux aspects plus secondaires très étudiés :  biodiversité paysagère, morpho-anatomique, saisonnière, etc.

Une richesse fragile

La biodiversité est régie par différentes forces et liens d’influences. Qu’il  s’agisse des réseaux trophiques (chaînes alimentaires), des relations de parasitisme ou de symbiose, chaque population d’être vivant dépend de populations d’autres êtres vivants. C’est un maillage très dense et complexe  dans lequel tous les liens n’ont pas la même importance.

En effet, il est possible d’altérer un écosystème, de le perturber, sans  mettre en danger son existence. Mais c’est un jeu très dangereux, un genre de  roulette russe. Car si vous coupez le mauvais fil, c’est tout l’écosystème qui  s’effondre comme un château de carte avant même que vous ayez pu vous en  apercevoir. Cela demande donc une grande connaissance de chaque  écosystème, et nous en sommes encore loin.

La biodiversité : un enjeu capital

Certains impacts de la biodiversité sur nos vies sont évidents. Nos  ressources alimentaires reposent (directement ou indirectement) sur une  biodiversité riche. La pêche en est un exemple très parlant. 3,3 milliards  d’êtres humains ont pour source de protéine animal principale le poisson. Ils  dépendent tous directement de la pêche, et donc d’une biodiversité marine  stable. La perte de biodiversité marine est donc un problème de ressources  alimentaires pour de nombreux pays.

L’alimentation n’est pas le seul enjeu humain autour de la biodiversité :  c’est également un problème de santé publique. En effet, la baisse globale de  biodiversité affecte également les pathogènes. Les virus et les bactéries sont  aussi concernés par les extinctions. Or, ces disparitions sont une aubaine pour  d’autres espèces, qui voient le champ de bataille débarrassé de la concurrence.  Ils peuvent alors se reproduire et coloniser plus d’organismes que d’ordinaire.  Ajoutons à cela la prolifération d’espèces vectrices de maladies et nous  obtenons le terreau fertile pour de grandes pandémies.

On pourrait citer encore beaucoup de domaines affectés par la baisse de  biodiversité (culture, santé mentale, climat, etc). 

Contentons-nous de conclure  que nous dépendons beaucoup de notre environnement, duquel nous tirons  toutes les ressources qui font vivre nos civilisations. Nous devons protéger la  biodiversité pour la simple et bonne raison que nous en faisons partie. Si nous  ne la protégeons pas pour la beauté du geste ou simplement parce que c’est  juste, protégeons la au moins pour nous et notre postérité.

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Réserves sauvages : les limites de la non gestion

Depuis quelques décennies, un concept prend de plus en plus d’ampleur  dans le monde environnementaliste : le réensauvagement. “Libre naturalité”,  “laisser faire” ou encore “non-gestion”, les thermes sont nombreux pour en  décrire l’idée : des espaces isolés de toute activité humaine, à l’exception  d’un peu d’écotourisme, pour en faire des havres de vie sauvage. 

Seulement,  les réserves en question commencent à se heurter aux réalités des limites de ce concept.

Exemple de fiasco de la “non-gestion” : Oostvaarderplassen

En 1968 fut fondée au Pays Bas, par l’écologiste Franz Vera, la réserve  naturelle de Oostvaarderplassen. L’idée du biologiste était de laisser la nature  “se réguler toute seule”, en clôturant 5000 hectares de zone humide. Au bout  de quelques années, le milieu a commencé à se fermer, c’est-à-dire que les  arbres se sont mis à pousser. 

Ne souhaitant pas que la diversité d’habitat soit  étouffée par la forêt, il a été décidé d’introduire 34 aurochs de Heck, 20  chevaux koniks et 44 cerfs élaphes, des grands brouteurs semblables à ceux de  la région à la fin de la dernière ère glaciaire.

30 ans plus tard, le parc était peuplé de 5000 de ces animaux. Après des  années de surpopulation, donc de surpâturage, le parc, qui avait atteint un bon niveau de biodiversité, s’est considérablement désertifié. 

Après plusieurs hivers cléments, plus de 3000  animaux sont morts de faim lorsque le froid s’est abattu de nouveau sur la  réserve. Désormais, les autorités maintiennent  le nombre de brouteurs à 1500 têtes. 

On ne peut pas dire que le laisser faire ait été une réussite. D’autres réserves n’ont cependant pas eu le même destin.

Parcs nationaux : quand le laisser faire fonctionne

En 1872, dans le Wyoming, fut fondé le premier parc national des Etats  Unis d’Amérique, le Yellowstone. Il s’agit de la première réserve de vie sauvage  de cette ampleur : de par sa taille, 8 983 km², mais aussi par ses nouvelles règles. 

Jusqu’alors, que ce soit sur le jeune ou le vieux continent, les espaces  sauvages connus et fréquentés par les Hommes étaient la plupart du temps  des territoires de chasse ou d’exploitation forestière. Au Yellowstone, le tourisme est  globalement la seule activité humaine autorisée.

Aujourd’hui, c’est un nom qui fait référence, pourtant, cette réserve  aussi a connu des jours difficiles. Plus d’un siècle après sa création, le parc était  en proie au même mal qui a rongé Oostvaarderplassen : le surpâturage. 

En  effet, faute de grands prédateurs (le loup ayant disparu de la région en 1930),  les grands ongulés, comme les wapitis, ont proliféré, brouté les jeunes pousses  d’arbres dont ils sont friands, mettant en péril la régénération des forêts.

Dans les années 90, pour résoudre ce problème, les autorités du parc ont décidé d’y réintroduire des loups, capturés au Canada. D’une soixantaine de loups réintroduits entre 1995 et 1996, la population du parc serait passée à environ 120 têtes en 2005 selon une étude. Cette  réintroduction a porté ses fruits : la population de wapitis a diminué de moitié  sur cette même période. Aujourd’hui, les populations semblent avoir  trouvé un certain équilibre.

Le problème des réensauvageurs

Le Yellowstone n’est pas le seul exemple, on pourrait citer de  nombreuses réserves du même type partout dans le monde rencontrant le  même succès. 

Mais alors, comment expliquer ces écarts de résultats entre des  réserves qui ont vraisemblablement la même doctrine ? Une réponse s’impose :  il faut se donner les moyens de ses ambitions ou accepter de revoir ses  objectifs à la baisse.

Une différence qui saute aux yeux entre les réserves fonctionnelles et celles qui échouent est la taille. Regardons les 2 exemples que nous avons utilisés : presque 90 000 hectares pour le Yellowstone contre 5000 hectares pour Oostvaarderplassen : la réserve hollandaise ne couvre qu’un dix huitième de la surface du Yellowstone. 

Une réserve en libre naturalité nécessite de très grands espaces sauvages, ce qui est difficile à trouver dans notre Europe de l’Ouest, aux campagnes morcelées et anthropisées.

Faute de pouvoir faire des réserves plus grandes, il semble raisonnable  d’abandonner le fétiche de la “nature qui se régule toute seule” et préférer à la non-gestion des modes de gestion douce, qui consistent par exemple à recourir à la force de travail d’animaux plutôt que d’engins, bruyants et brutaux (dans la mesure du possible évidemment).

La gestion d’espaces naturels nécessite du pragmatisme, pour le bien-être des animaux qui y évoluent comme pour celui des Hommes qui vivent à proximité. Les gestionnaires de Oostvaarderplassen ont su s’adapter et changer leur doctrine face aux résultats désastreux du laisser faire dans leur réserve. 

Il est dommage de voir des associations de réensauvagement s’entêter dans cette voie, malgré les dangers qui menacent leurs parcs, et contre lesquels Oostvaarderplassen met en garde.

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Sangliers : Non, les chasseurs ne sont pas responsables

En 1973, les chasseurs français ont abattu 46 000 sangliers. Ils en ont prélevé 700 000 en 2018. Le constat est sans appel : les populations de sangliers explosent. Beaucoup d’idées reçues sur les causes de cette dynamique démographique sont entretenues par des groupes anti-chasse.

Qu’il s’agisse d’agrainage, de lâchers ou de croisements avec des cochons d’élevage, l’idée est toujours la même : les chasseurs sont responsables.

Pourtant, il suffit de faire quelques recherches pour s’apercevoir de la supercherie.

Le Sanglier

Avant toute chose, il est important de définir le sujet d’étude. « Sanglier » est un nom vernaculaire qui désigne différentes sous-espèces de Sus scrofa, une espèce de la famille des suidés, des mammifères « placentaires » de l’ordre des artiodactyles. En France, le doute n’est pas permis : la seule sous-espèce présente est Sus scrofa scrofa, le « sanglier d’Europe », pouvant atteindre 160 kg. Cet animal vit en groupes appelés compagnies. Il parcourt nos forêts depuis 700 000 ans.

Sus scrofa est un animal forestier, omnivore et très adaptable. Pourvu de canines très développées et d’une dentition bunodonte (comme les primates), son régime alimentaire s’étend des racines les plus coriaces à de petits animaux, en passant par des charognes. L’essentiel de son alimentation reste toutefois les fruits forestiers (glands, châtaignes, faines…).

Concernant la reproduction, Sus scrofa est encore une fois caractérisé par ses capacités d’adaptation. En effet, en fonction de son poids initial et des ressources alimentaires, la laie peut avoir entre 2 et 10 marcassins par portée. La période de gestation des femelles est de 18 semaines, soit 3 mois, 3 semaines et 3 jours. Les petits sont autonomes à partir de 6 mois.

Les arguments anti-chasse : florilège de désinformation

La plupart des anti-chasse et certains naturalistes prétendent que l’explosion démographique est imputable aux chasseurs français. Trois arguments principaux sont continuellement répétés, mais sont-ils pertinents ?

D’abord, les chasseurs relâcheraient des sangliers dans la nature pour renforcer les populations.

C’était effectivement une pratique très commune dans la deuxième moitié du XXe siècle, lorsque l’animal se faisait rare en France. Cependant, lorsque les populations ont commencé à progresser, les lâchers ont été soumis à autorisation préfectorale puis définitivement interdits en octobre 2022. Au vu des coûts des dégâts causés par cet animal, peu de lâchers ont vraiment eu lieu durant les 30 dernières années.

Méfiez-vous des images que vous croisez sur les réseaux sociaux à ce sujet : la plupart viennent de l’étranger.

Le deuxième argument classique est le nourrissage des sangliers par les chasseurs.

Il est vrai que les chasseurs épandent (en toute légalité) du maïs en forêt. Et, comme rappelé précédemment, la taille des portées des laies est corrélée aux ressources alimentaires. 

Seulement, ce maïs, le sanglier l’aurait mangé de toute façon, à la différence près que s’il n’avait pas été épandu dans sa forêt, il serait allé le chercher dans le champ voisin, en le saccageant au passage. L’agrainage dissuasif a ses limites mais a prouvé son efficacité.

Toutefois, il faut reconnaître que cette pratique connaît aussi des dérives. Malgré tout, leur impact reste marginal.

Le dernier membre de cette triplette malhonnête est le cochonglier. Selon eux, les chasseurs croiseraient des sangliers avec des cochons domestiques pour rendre les laies plus fertiles.

Cette affirmation est totalement gratuite et sans fondement. En effet, aucune étude n’a à ce jour établi que les hybrides étaient plus fertiles. De plus, les hybrides ne représentent que 3,6 % de la population de sangliers français et la responsabilité des chasseurs n’est que rarement mise en cause pour expliquer leur existence. 

Toutefois, la valeur sélective des hybrides serait vraisemblablement supérieure à celle des sangliers non croisés. leur proportion risque donc d’augmenter au fil du temps : à surveiller…

Sanglier : un problème mondial

Il aurait peut-être été plus simple de se contenter de rappeler que la dynamique démographique actuelle du sanglier en France est la même que partout dans le monde : proche Orient, Maghreb, Asie, Amérique, etc. Qu’il s’agisse de Sus scrofa ou d’autres suidés sauvages au mode de vie similaire, les populations connaissent la même progression démographique et apportent les mêmes problèmes, où qu’ils se trouvent. 

Pointer du doigt une cause locale à un phénomène mondial étant absurde, les chasseurs français ne sont donc pas les responsables de cette situation.

Mais alors, où chercher les responsables ?Les organismes sérieux qui se sont penchés sur la question désignent des causes bien différentes.

Le réchauffement climatique est la première chose qui vient à l’esprit. D’une part, les étés plus chauds stimulent la production de fruits forestiers, pilier de l’alimentation des sangliers. D’autre part, les hivers plus cléments épargnent d’avantages les marcassins, dont la mortalité baisse.

En France, l’anthropisation des campagnes en est une autre. Les champs représentent des réserves de nourriture et d’eau tandis que les zones périurbaines constituent de véritables réserves.

Bois ou forêt : forêt vous la différence ?

Le 21 mars était la journée internationale des forêts. Ce jour est l’occasion de mettre en avant ce patrimoine naturel et humain, plus précieux que jamais.

On s’aperçoit aussi qu’il existe plusieurs mots en français pour désigner ce patrimoine, les deux principaux étant « bois » et « forêt ». Il semble parfois difficile de faire la différence entre ces deux termes.

Quelle meilleure occasion que la journée internationale des forêts pour aborder les différences entre eux, et surtout, l’importance de les préserver ? Alors, bois ou forêt ?

Bois ou forêt : comment les reconnaître ?

Pour comprendre les différences entre bois et forêt, il faut remonter à l’origine de ces mots, au Moyen Âge.

Apparue au XIIe siècle sous la forme « forest », la forêt était un espace semi-légendaire, très dense et aux utilités très spécifiques : chasse, ressources alimentaires mais aussi bois de chauffe et de construction.

Le bois était lui bien plus clairsemé, plus fréquenté et répondait à des besoins moins divers, le bois de chauffe et le bois de construction étant ses principaux emplois.

De nos jours, la frontière entre forêt et bois est devenue plus floue. 

Selon la FAO, institut des Nations unies en charge de l’alimentation et de l’agriculture, une forêt est un espace boisé d’au moins 0,5 hectare, peuplé d’arbres d’au moins 5 mètres de haut et d’une couverture de canopée d’au moins 10 %.

Le bois, lui, n’a pas de définition officielle, les sources se contredisent. Généralement, on considère qu’il a une plus petite superficie et qu’il est plus clairsemé qu’une forêt.

Quelles différences de Biodiversité ?

Cette différence de densité n’est pas sans effets. Par exemple, plus une forêt est dense, plus son cœur est isolé de la température extérieure : un genre de microclimat, plus stable qu’en dehors, caractérise cette forêt. 

Ainsi, on ne retrouve pas non plus la même biodiversité dans une forêt et dans un bois. En effet, la faune rencontrée en forêt diffère de celle des zones boisées : beaucoup d’espèces ont des niches écologiques très spéciales, qui demandent des paramètres bien précis. 

Mais c’est surtout la flore qui en est bouleversée.

En forêt, on rencontre principalement deux morphotypes d’arbres : les très grands, qui atteignent la canopée, et les très petits, d’à peine quelques centimètres de haut. Les arbustes, de taille intermédiaire, s’y font rares, par manque de lumière, et s’épanouissent plutôt dans les bois. 

Il en va de même pour la plupart des autres plantes : seules les très petites et les plantes grimpantes (lierre, vignes) parviennent à y prospérer. Les autres se retrouvent davantage dans les bois, plus généreux en lumière.

Ainsi, la forêt, comprenant un nombre supérieur d’individus, comporte une meilleure diversité et des effectifs plus importants d’arbres. Le bois, lui, est compensé par une plus grande diversité de morphotypes et d’espèces de plantes en général.

Des richesses à protéger

Ces deux milieux, malgré leurs différences, font face à des menaces semblables et bien connues : changement climatique, espèces invasives, ravageurs et maladies affaiblissent les forêts, dont certaines sont déjà mises en péril par la déforestation.

Il est pourtant capital de les protéger. De nombreuses forêts sont aujourd’hui considérées comme des « hotspots » de biodiversité, des zones de grand intérêt biologique menacées par des activités humaines. Une part considérable de la biodiversité terrestre y est concentrée.

Selon la FAO, elles abritent 80 % des espèces d’amphibiens, 75 % des espèces d’oiseaux et 68 % des espèces de mammifères, en plus d’êtres d’impressionnants puits de carbone.

Ne soyons pas défaitistes

Il y a tout de même de l’espoir : la déforestation semble ralentir tandis que de vastes projets de reboisement voient le jour. Certes, nous ne sommes pas encore parvenus à planter plus d’arbres que nous n’en coupons, le monde perd des forêts chaque année, mais les dynamiques donnent à croire en l’avenir.

véganisme

Non, l’antispécisme n’est pas un allié de la biodiversité

Le véganisme est devenu ces dernières années un vrai sujet de société. Objet de débats passionnés, on aborde moins souvent l’idéologie qui se cache derrière : l’antispécisme. Cette doctrine, tournée autour du bien-être animal, prétend être vertueuse en matière de protection de la biodiversité.  

Qu’en est-il vraiment ?

Antispécisme : de quoi s’agit-il ?

L’antispécisme est un courant de pensée moral et philosophique développé dans les années 70. Le principe central de cette idée est simple : l’espèce à laquelle appartient un animal n’est pas une raison légitime ou un critère pertinent pour décider ni de la considération qui doit lui être accordée, ni de la manière dont il doit être traité. Cette idée s’oppose au spécisme, définie comme être aux animaux ce qu’est le racisme aux Hommes.

Une précision s’impose. L’antispécisme raisonne en termes de souffrance animale. Pour eux, ce qui compte, c’est de limiter autant que possible les souffrances des êtres sentients, capables d’éprouver des choses subjectivement, d’avoir des expériences vécues. En l’occurrence, il s’agit de tous les vertébrés, de nombreux arthropodes (insectes, arachnides, crustacées…) et même de certains mollusques (les céphalopodes et probablement une partie des gastéropodes).

Bien-être animal et biodiversité : même combat ?

A première vue, l’antispécisme est une idéologie alliée de la défense de la biodiversité. En effet, la perte d’habitat, le manque de ressources alimentaires ou encore la bioaccumulation de produit toxique sont des sources de souffrance pour de nombreux animaux. 

Cependant, il y a une notion importante de l’antispécisme que nous n’avons pas aborder. Si les antispécistes rejettent les inégalités entre les Hommes et les animaux, ils rejettent aussi les inégalités entre animaux. 

Les têtes pensantes de l’antispécisme ont effectivement du mal à accepter les relations de domination qui existent dans la nature : il est difficile d’accepter que des lions tuent un gnou. Il serait préférable de les en empêcher, quitte à les laisser mourir de faim… 

Vous pensez que c’est une exagération ? 

C’est pourtant exactement une idée défendue par David Olivier, importateur des idées de Peter Singer en France.

Un autre exemple ?

Vous souvenez vous du malheureux beluga perdu dans la Seine ? Sa mésaventure avait ému l’opinion public lors de l’été 2022. L’association Sea Shepherd était alors intervenue en lui jetant des truites vivantes en espérant qu’il s’alimente.  

La co-présidente du Parti animaliste de l’époque s’était alors insurgée, criant au spécisme, en voyant des dizaines d’individus sacrifiés pour en sauver un seul. 

On pourrait objecter que ces deux individus ne représentent que des petits courants de l’antispécisme. David Olivier est à l’origine des « cahiers antispécistes » et le parti animaliste est capable de réunir 500 000 électeurs, mais ça ne fait pas d’eux les représentants de l’antispécisme français dans son ensemble pour autant.

Pourtant, leurs idées sont bien des courants de l’antispécisme, même si d’autres antispécistes prétendent qu’ils sont minoritaires. Loin d’être en contradiction avec les principes fondamentaux de cette philosophie, ils vont même au bout de ce concept, le poussant dans ses retranchements. 

Conclusion

Voilà le gros problème de l’antispécisme : à l’inverse de l’écologie, il fait passer le bien-être des individus avant l’équilibre des populations.  

Les règles immuables de la nature entrent en conflit avec les lois de l’antispécisme. La protection de la biodiversité est une discipline basée sur une science, l’écologie : la morale antispéciste entre en contradiction avec ses principes, elle n’y a pas sa place. 

arbres haute marne

Oui, les arbres ont leur place au bord des routes

Sans doute en avez-vous entendu parler : le jeudi 8 février 2024, le conseil départemental de Haute Marne a lancé un plan d’abattage des arbres bordant les routes du département. La raison ? Ces arbres sont impliqués dans de nombreux accidents de la route, 10% des accidents mortels. Le président du conseil, Nicolas Lacroix, s’exprime en ces termes : “Les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes !”. Cette décision a logiquement fait polémique.

Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet. Avant toute chose, rappelons que ce plan d’abattage concerne en partie des arbres malades, qu’il est nécessaire de couper pour des raisons évidentes de sécurité routière. Précisons également que le département n’a pas prévu de couper tous les arbres bordant ses routes départementales : les 4000 arbres concernés vont faire “l’objet d’un diagnostic » selon les dires du conseil

Mais ce diagnostic, quels en seront les critères ? Le communiqué départemental n’en dit pas plus à ce sujet. Il n’est question que “d’arbres dangereux”. Qu’est-ce que cela signifie ? En quoi un arbre, immobile par définition, peut-il être dangereux s’il n’est pas malade et ne menace pas de tomber ? Ces questions n’ont pas de réponses dans le communiqué, mais si on suit sa logique, il doit s’agir des arbres impliqués dans des collisions avec des véhicules.

On touche là du doigt le gros problème de cette décision : l’inversion totale et absurde de l’ordre des responsabilités. NON, ce ne sont pas les arbres qui sont responsables, mais les automobilistes qui perdent le contrôle de leurs véhicules. 

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire pour protéger les automobilistes, mais de meilleures solutions, qui peuvent satisfaire tout le monde, existent : les glissières de sécurité par exemple, ne sont pas infaillibles, mais elles ont prouvé leur efficacité. 

A la fin de son communiqué, le conseil départemental essaye d’ajouter un argument supplémentaire : la déformation des chaussées, qui causent également des accidents. Seulement, ces déformations sont le fait des racines. Si couper le tronc d’un arbre ne demande qu’une tronçonneuse, le déraciner n’est pas une mince affaire. Pas sûr que les usagers soient très satisfaits de voir leurs routes fermées pour cause de travaux pour résorber quelques bosses sur les routes…

Pour conclure son communiqué, le département s’engage à compenser les pertes de biodiversité induites par ces abattages. Y gagne-t-on au change ? C’est l’occasion de nous poser une question : pourquoi plantons-nous des arbres le long des routes ?

D’abord plantés au XVIe siècle pour fournir le royaume en bois de bonne qualité, l’initiative a été poursuivie au siècle suivant pour stabiliser les chaussées. L’empereur fit de même afin de fournir de l’ombre à ses troupes lorsqu’ils marchaient sous un soleil de plomb. Ils ont bien failli disparaître sous Pompidou, déjà pour des raisons de sécurité routière. Le président lui-même est intervenu pour les protéger.

De nos jours, les raisons du maintien des arbres ont quelque peu changées. Si l’ombre est toujours un argument en vigueur, d’autres se sont ajoutés. Leur capacité à capter le CO2 de nos voitures vient en premier en tête, mais ils ont aussi un impact positif sur la santé mentale humaine.  

On peut se réjouir de voir tant de personnes, peu impliquées dans la défense de l’environnement, critiquer cette décision.

Vendée : 452 000 arbres plantés par les chasseurs en 20 ans

Peut-on faire confiance aux chasseurs en matière d’écologie et de Biodiversité ?

Les premiers écologistes de France. Voilà une façon d’appeler les chasseurs qui fait couler beaucoup d’encre dans les milieux environnementalistes. Pourtant, si ce statut est sans doute un peu exagéré, il ne sort pas de nulle part et devient assez légitime quand on prend la peine de creuser un peu.

Les chasseurs : des agents de terrain actifs 

Tout d’abord, il est important de rappeler que même si vous soupçonnez les chasseurs d’être hypocrite, de ne pas vraiment aimer la Nature, vous ne pouvez pas nier un fait : leur passion repose sur une Nature riche et en bonne santé. Les chasseurs sont donc dignes de confiance sur ce sujet, au moins par intérêt : pas de nature, pas de gibier ; pas de gibier, pas de chasse.

Cet argument se vérifie d’ailleurs sur le terrain et dans l’histoire. Dès le Moyen-âge, c’est leur passion de la vènerie qui poussa les nobles à protéger leurs forêts et leurs équilibres. De nos jours, les chasseurs plantent chaque année des kilomètres de haie, habitat de choix pour certains gibiers, partagé avec d’autres animaux. On pourrait dire qu’en France le gibier fait office d’espèce parapluie. 

Vendée : 452 000 arbres plantés par les chasseurs en 20 ans

En biologie de la conservation, on appelle espèce parapluie une “espèce protégé dont l’étendue du territoire ou de la niche écologique permet la protection d’un grand nombre d’autres espèces”. En France, les chasseurs sont attentionnés à l’égard des milieux de vie du gibier, qui abrite de nombreuses espèces non chassées : celles-ci bénéficient alors aussi des milieux maintenus viables par les chasseurs. On peut penser, par exemple, à la chasse au gibier d’eau, qui maintient en bon état de nombreux hectares de zones humides, qui profitent à des espèces non chassées (héron, aigrettes…).

Néanmoins, cet argument trouve ses limites lorsqu’il s’agit de certains animaux, des prédateurs par exemple, qui peuvent être assimilés à des concurrents, comme les loups ou certains rapaces. L’objectivité des chasseurs est alors remise en question, trop souvent à juste titre : il n’est pas très sérieux de se défendre des accidents de chasse en arguant qu’ils sont très rares (ce qui est vrai) pour s’inquiéter ensuite des attaques de loup (tout aussi rares).

La chasse s’inscrit parfaitement bien dans un mode de vie écolo

Toutefois, être écolo ne consiste pas uniquement à faire des actions bénévoles en faveur de l’environnement. Il s’agit d’abord d’avoir un mode de vie sobre et peu polluant. Or, s’il y a une denrée de base critiquée pour son empreinte carbone, c’est bien la viande. Il y a pourtant un moyen simple pour manger de la viande éthique et décarboné : la venaison. 

La viande de chasse, aussi appelée venaison, a plusieurs avantages. Elle est avant tout bas carbone. En effet, qu’elle soit d’origine sauvage ou d’élevage, la venaison nécessite moins de ressources, moins d’énergies fossiles et est issue d’animaux émettant moins de carbone que la viande d’élevage classique.  

C’est également une viande plus éthique. Plus respectueuse du bien-être animal car vivant en liberté ou bien élevé en plein-air ou en volière. Plus durable, dans une France où les populations de grands ongulés augmentent chaque année et dont la chasse permet de maintenir l’équilibre sylvo-cynégétique des forêts. Qui plus est, elle est également plus responsabilisante quand on prend la peine de la chasser et de la préparer soit même. On ne regarde plus de la même façon la viande lorsqu’on a déjà tué, vidé et préparé un animal…

Pour conclure

Les chasseurs sont donc bel et bien des écologistes de premier ordre : pionniers de la protection des forêts, bénévoles infatigables, ils sont surtout des pratiquants actifs d’un mode de vie écologique. Toutefois, au vu des ressources naturelles qu’ils exploitent, il est inconcevable de penser que les français vont massivement adopter la venaison comme première source de protéines animales. 

Cela reste pourtant un premier pas intéressant pour ceux qui veulent décarboner leur alimentation. Certains donneurs de leçon devraient songer à s’y mettre : alors les écologistes, quand est-ce qu’on passe notre permis ?