La promesse des territoires

Les progrès de la science pour améliorer l’agriculture fusent. Aujourd’hui, on a plein de solutions innovantes pour rendre l’agriculture plus résiliente : diversification des cultures, méthodes de biocontrôle, revitalisation des sols…

Alors comment se fait-il que le monde agricole soit en crise ? Et que ce secteur soit à peine plus durable qu’avant ? 

L’agriculture, un secteur bloqué

En fait, ces innovations peinent à trouver leur place. De la sélection variétale jusqu’aux étagères du supermarché, il se passe beaucoup de choses et c’est loin d’être un long fleuve tranquille. Prenons pour exemple les cultures de légumineuses (lentilles, pois chiche…). Elles sont très intéressantes agronomiquement et pour la santé. On aimerait ainsi développer cette filière en France. Mais elle rencontre de nombreux obstacles ! En amont de la filière, peu de budget est alloué à la recherche et au développement. Sur la ferme, les agriculteurs ne sont pas très à l’aise techniquement avec cette nouvelle culture. Et en aval, il y a peu d’infrastructures pour stocker cette « culture mineure ». Enfin, les consommateurs trouvent les lentilles un peu trop vertes pour les retrouver trop fréquemment dans leur assiette. Bref, le marché des légumineuses appartient encore à un marché de niche.

Pour en sortir, le chercheur, l’agriculteur, la coopérative, l’industrie agroalimentaire doivent communiquer et s’organiser ensemble. Ce qui n’est pas évident compte tenu de la configuration actuelle de la France, très centralisée sur la capitale. 

La décentralisation, vers une nouvelle géographie du développement 

Une filière est efficace si elle est bien structurée au sein d’un territoire. Mais en France, la décentralisation est encore très limitée dans l’agriculture. Les espaces ruraux sont alors des réceptacles de normes décidées à l’extérieur (par l’UE, l’État…) et non coordonnées. 

En redynamisant les territoires, les pouvoirs de décision et d’action seront transférés à des échelons locaux. Alors les territoires pourront se réapproprier leurs ressources afin de s’éloigner du système dominant (qui conduit à l’agrandissement des exploitations et à la désertification). Et les acteurs des filières innovantes, comme celle des légumineuses, pourront coopérer plus facilement. 

Aux élections européennes : un territoire en mouvement 

Le parti politique territoire en mouvement prône la décentralisation. La « métropolisation rurale » est probablement un des leviers les plus intéressants pour améliorer notre agriculture, mais aussi les systèmes de santé, de cutures et d’innovations. Se formeront ainsi des réseaux d’acteurs générateurs d’innovation !

Landel, Pierre-Antoine. « Décentralisation et innovation en agriculture ». Pour 212, no 5 (2011): 115‑21. https://doi.org/10.3917/pour.212.0115.

https://www.territoiresenmouvement.com/

Meynard et al, « Socio-Technical Lock-in Hinders Crop Diversification in France ». Agronomy for Sustainable Development 38, no 5 (2 octobre 2018): 54. https://doi.org/10.1007/s13593-018-0535-1.