Accord UE, Chili, Kenya, cessez le (libre) échangisme
En dépit de la crise agricole qui sévit en France et dans plusieurs pays européens, le Parlement européen a ratifié deux accords de libre-échange avec le Chili et le Kenya le 29 février en attente de la réponse du Conseil de l’Union Européenne. Ces accords, bien que favorables au commerce, soulèvent des préoccupations écologiques majeures et exacerbent les tensions socio-économiques déjà existantes.
Le premier accord concerne le partenariat économique entre l’UE et le Kenya. Il prévoit la suppression des droits de douane pour les produits kényans entrant sur le marché européen, tout en exigeant une ouverture progressive du marché kényan aux importations européennes. Cette libéralisation accrue des échanges commerciaux risque non seulement d’accroître le trafic maritime et les émissions de CO2, mais également de compromettre la sécurité alimentaire du Kenya en favorisant l’importation de produits laitiers bon marché, mettant ainsi en péril les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.
De même, l’accord-cadre avec le Chili, approuvé par une majorité de députés européens, entraînera la suppression de la plupart des droits de douane sur les exportations de l’UE vers le Chili, notamment sur des produits agricoles. Cependant, cela pourrait accentuer la crise agricole en France en exposant les agriculteurs européens à une concurrence déloyale et à des normes de production moins strictes. D’un autre côté, cet accord permet l’importation de lithium et de cuivre dont l’extraction, bien que polluante, est essentielle à la transition énergétique.
Il est paradoxal que ces accords soient soutenus alors même que le gouvernement français s’oppose à un accord similaire avec le Mercosur, arguant des préoccupations environnementales et de la protection des agriculteurs. Cette incohérence souligne les tensions entre les priorités économiques et environnementales au sein de l’UE. Bien que d’un point de vue commercial, ces accords nous connectent plus à d’autres pays, elle met à risque l’indépendance européenne que l’UE dit vouloir atteindre. En effet, cela ne rime à rien de faire des accords de libre-échange avec des pays si lointains géographiquement alors que ceux-ci sont supposés nous souder dans notre continent.
Il est urgent que l’UE reconsidère sa politique commerciale et accorde une plus grande importance à la justice sociale et à la préservation de l’environnement. L’approbation de ces accords de libre-échange en pleine crise agricole et climatique témoigne d’une approche à courte vue qui met en péril les intérêts à long terme des citoyens européens et de la planète dans son ensemble.
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