arbres haute marne

Oui, les arbres ont leur place au bord des routes

Sans doute en avez-vous entendu parler : le jeudi 8 février 2024, le conseil départemental de Haute Marne a lancé un plan d’abattage des arbres bordant les routes du département. La raison ? Ces arbres sont impliqués dans de nombreux accidents de la route, 10% des accidents mortels. Le président du conseil, Nicolas Lacroix, s’exprime en ces termes : “Les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes !”. Cette décision a logiquement fait polémique.

Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet. Avant toute chose, rappelons que ce plan d’abattage concerne en partie des arbres malades, qu’il est nécessaire de couper pour des raisons évidentes de sécurité routière. Précisons également que le département n’a pas prévu de couper tous les arbres bordant ses routes départementales : les 4000 arbres concernés vont faire “l’objet d’un diagnostic » selon les dires du conseil

Mais ce diagnostic, quels en seront les critères ? Le communiqué départemental n’en dit pas plus à ce sujet. Il n’est question que “d’arbres dangereux”. Qu’est-ce que cela signifie ? En quoi un arbre, immobile par définition, peut-il être dangereux s’il n’est pas malade et ne menace pas de tomber ? Ces questions n’ont pas de réponses dans le communiqué, mais si on suit sa logique, il doit s’agir des arbres impliqués dans des collisions avec des véhicules.

On touche là du doigt le gros problème de cette décision : l’inversion totale et absurde de l’ordre des responsabilités. NON, ce ne sont pas les arbres qui sont responsables, mais les automobilistes qui perdent le contrôle de leurs véhicules. 

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire pour protéger les automobilistes, mais de meilleures solutions, qui peuvent satisfaire tout le monde, existent : les glissières de sécurité par exemple, ne sont pas infaillibles, mais elles ont prouvé leur efficacité. 

A la fin de son communiqué, le conseil départemental essaye d’ajouter un argument supplémentaire : la déformation des chaussées, qui causent également des accidents. Seulement, ces déformations sont le fait des racines. Si couper le tronc d’un arbre ne demande qu’une tronçonneuse, le déraciner n’est pas une mince affaire. Pas sûr que les usagers soient très satisfaits de voir leurs routes fermées pour cause de travaux pour résorber quelques bosses sur les routes…

Pour conclure son communiqué, le département s’engage à compenser les pertes de biodiversité induites par ces abattages. Y gagne-t-on au change ? C’est l’occasion de nous poser une question : pourquoi plantons-nous des arbres le long des routes ?

D’abord plantés au XVIe siècle pour fournir le royaume en bois de bonne qualité, l’initiative a été poursuivie au siècle suivant pour stabiliser les chaussées. L’empereur fit de même afin de fournir de l’ombre à ses troupes lorsqu’ils marchaient sous un soleil de plomb. Ils ont bien failli disparaître sous Pompidou, déjà pour des raisons de sécurité routière. Le président lui-même est intervenu pour les protéger.

De nos jours, les raisons du maintien des arbres ont quelque peu changées. Si l’ombre est toujours un argument en vigueur, d’autres se sont ajoutés. Leur capacité à capter le CO2 de nos voitures vient en premier en tête, mais ils ont aussi un impact positif sur la santé mentale humaine.  

On peut se réjouir de voir tant de personnes, peu impliquées dans la défense de l’environnement, critiquer cette décision.

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